L’inspecteur d’académie du Mbomou tire la sonnette d’alarme

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L’inspecteur d’académie du Mbomou tire la sonnette d’alarme
L’inspecteur d’académie du Mbomou tire la sonnette d’alarme

Africa-Press – CentrAfricaine. Bangui, CNC. À 750 km de Bangui, dans la préfecture du Mbomou, l’éducation traverse une crise sans précédent. Alain Nicaise Gobangassia, inspecteur d’académie de la région, a accordé un entretien exclusif à la radio Ndékè Luka, dressant un tableau alarmant de la situation dans sa circonscription.
“C’est très difficile. La chaise que j’utilise, c’est le proviseur du lycée moderne de Bangassou qui m’a donné le bureau. J’avais ramassé les chaises passées par là et je suis en train de les utiliser”, révèle l’inspecteur, prouvant une fois de plus le manque criant de moyens auquel il est quotidiennement.

La mobilité, essentielle pour superviser les établissements de la région, est également problématique. “Je n’ai aucun moyen roulant. Si il s’agit de faire des descentes sur le terrain, parfois, j’emprête la moto entre les mains de mes collaborateurs qui sont là, ou parfois, je roule la moto pour que cette moto-là m’amène dans les établissements pour le travail sur le terrain”, explique M. Gobangassia.

Cette pénurie de ressources n’épargne pas les établissements scolaires. L’inspecteur souligne: “On voit des portes de certains établissements et des tables bancs cassées”. Il pointe du doigt la mauvaise gestion des fonds des Associations de Parents d’Élèves (APE): “Les frais de l’APE sont destinés à entretenir les écoles, payer les gardiens, à réparer les tables bancs, les portes. Mais malheureusement, cet argent-là est utilisé autrement. Parfois, ce sont les directeurs qui détournent cet argent. Parfois, c’est une entente entre le directeur et les membres de l’APE”.

Le manque d’enseignants qualifiés reste un défi majeur. Malgré l’arrivée de nouveaux enseignants, la situation demeure critique. “J’ai combien d’écoles dans le Mbomou? Plus de 200 et quelques écoles. Si on compte l’effectif global des enseignants actuels avec les nouveaux intégrés qui sont affectés ici, 33 plus les 30, mais 16, 63 là ne peut pas couvrir plus de 200 écoles”, calcule l’inspecteur.

Cette pénurie oblige le recours massif aux maîtres-parents, une solution qui pose ses propres défis. “Ils sont presque 500 dans l’inspection académique du Mbomou, mais leur prise en charge pose problème”, admet M. Gobangassia. Il appelle les parents à honorer leurs engagements: “Je lance un appel. Je crois qu’il y a des difficultés financières, mais comme ils ont déjà accepté, ils aident également ces maîtres-parents-là pour que les choses marchent”.

L’approvisionnement en matériel pédagogique n’est pas en reste. Le nouveau document “Champion” introduit par le ministère brille par son absence. “Dès mon arrivée, c’est la toute première question que j’avais posée. Et pourtant, ce document était distribué dans toutes les inspections académiques. Je suis arrivé au niveau de l’inspection académique, aucun document”, s’étonne l’inspecteur.

Malgré ces difficultés, des lueurs d’espoir persistent. L’ONG Nationale Espérance a lancé un projet d’éducation dans la région. “L’ONG Espérance nous a vraiment aidé. Pendant les grandes vacances, l’ONG a organisé au moins trois formations. Il y a la formation des maîtres-parents, il y a la formation des membres de la paix. L’ONG également a formé les chefs secteurs, le chef de circonscription de Mbomou”, se réjouit M. Gobangassia.

La rentrée scolaire, prévue le 16 septembre, approche à grands pas. L’inspecteur assure que les préparatifs sont en cours: “J’avais reçu une instruction officielle. Je l’avais mise également sur les zones locales. Radio Mbaré, Radio Limont du Mbomou pour le nettoyage de ces écoles. Le samedi passé, on était sur le terrain. La population s’était mobilisée pour le nettoyage de certaines écoles de la ville de Bangassou et les écoles environnantes”.

Cependant, la mobilisation n’est pas totale. “Lorsque j’avais fait la descente sur le terrain, je me suis rendu compte que même les directeurs, les censeurs , les responsables pédagogiques n’étaient pas sur le terrain”, déplore-t-il.

Face à ces défis multiples, Alain Nicaise Gobangassia reste déterminé. Il promet de veiller à une meilleure gestion des fonds et à une répartition équitable des enseignants. “Dès la rentrée, je serai sur le terrain pour voir comment ils ont utilisé cet argent-là et pourquoi les portes, les fenêtres et pourquoi les tables bancs demeurent encore cassées”, affirme-t-il.

L’inspecteur d’académie du Mbomou lance un appel aux autorités pour un soutien accru. Sans moyens adéquats, l’éducation dans cette région enclavée de Centrafrique risque de continuer à pâtir, compromettant l’avenir de milliers d’élèves. L’urgence d’agir n’a jamais été aussi criante.

Source: Corbeau News

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