Racket des Relevés de Notes à l’Université de Bangui

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Racket des Relevés de Notes à l'Université de Bangui
Racket des Relevés de Notes à l'Université de Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine. À la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Bangui, obtenir un simple relevé de notes relève du parcours du combattant. Les étudiants doivent débourser jusqu’à 8 000 francs CFA pour un document qui coûte officiellement 1 000 francs CFA ailleurs.

Pendant que toutes les autres facultés appliquent le tarif réglementaire de 1 000 francs CFA, la faculté des lettres a discrètement porté ce montant à 2 000 francs CFA. Ce dispositif, mis en place par le doyen Jean-Claude Azoumaye et son secrétaire principal, fonctionne selon un procédé bien établi. Les étudiants déposent leur demande accompagnée des 2 000 francs CFA, sans d’ailleurs recevoir le moindre reçu en échange. La seule phrase qu’on leur a dit, « revenir la semaine prochaine pour vérifier ».

Au bout d’une semaine, ils reviennent récupérer leur document. Les agents font alors mine de chercher dans leurs dossiers, fouillent ostensiblement parmi les papiers, puis déclarent ne pas trouver le relevé demandé. « Il faut refaire une nouvelle demande », annoncent-ils aux étudiants. Cette nouvelle demande implique un nouveau paiement de 2 000 francs CFA. Le processus se répète: une semaine d’attente, nouvelles recherches infructueuses, obligation de déposer une troisième demande payante.

La pression du calendrier universitaire aggrave cette arnaque. Les étudiants ont besoin de leurs relevés pour finaliser leurs inscriptions avant la clôture des délais. Face à l’urgence, beaucoup n’ont d’autre choix que de multiplier les paiements, espérant que leur document finira par “apparaître” dans les dossiers. Certains rapportent avoir effectué jusqu’à cinq demandes successives, soit 10 000 francs CFA pour un simple relevé de notes.

Cette escroquerie frappe tous les étudiants sans exception, mais ses effets se montrent particulièrement dévastateurs pour ceux venus des régions. Ces jeunes, qui ont quitté leur province pour étudier dans la capitale, vivent souvent chez des cousins ou dans des conditions précaires. Sans réseau familial sur place, ils peinent déjà à financer leurs études avec les maigres envois de leurs parents restés au village.

Un étudiant de troisième année, originaire de Berbérati, raconte: « Mon père cultive du café pour payer mes études. Quand je lui dis que j’ai besoin de 6 000 francs supplémentaires juste pour un relevé de notes, il ne comprend pas. Moi non plus d’ailleurs».

Ce racket profite exclusivement au Doyen de la Faculté et ses proches, alors que les relevés doivent être faits par les chefs des départements à 1000 francs CFA, dont 500 pour le département, 500 pour la faculté. Mais avec cette nouvelle pratique du Doyen, les fonds collectés reviennent exclusivement au Doyen et au SP.

Rappelons que l’université de Bangui, construite dans les années 1970 pour 2 000 étudiants, accueille aujourd’hui plus de 40 000 inscrits. Cette surcharge ne justifie en rien les dérives constatées à la faculté des lettres, d’autant que les autres facultés, confrontées aux mêmes défis, maintiennent leurs tarifs normaux.

Face à ces abus, les étudiants se retrouvent totalement démunis. Les tentatives de protestation se heurtent au mutisme de l’administration. Pire, certains redoutent des conséquences sur leurs notes s’ils dénoncent ouvertement le racket. La direction de l’université reste sourde à ces dysfonctionnements qui transforment l’accès aux documents administratifs en véritable loterie payante. Cette dérive compromet l’avenir académique de centaines d’étudiants et ternit l’image de l’enseignement supérieur centrafricain. Une intervention urgente du rectorat s’impose pour mettre fin à ces pratiques qui déshonorent l’institution universitaire.

Source: Corbeau News Centrafrique

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