Agents de santé menacent de grève après cinq mois sans salaire

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Agents de santé menacent de grève après cinq mois sans salaire
Agents de santé menacent de grève après cinq mois sans salaire

Africa-Press – CentrAfricaine.
Depuis juillet 2025, des centaines de soignants qui assurent la prise en charge des patients sous antirétroviraux, des tuberculeux et des malades du paludisme à travers 35 districts sanitaires du pays n’ont pas touché un franc. Leur employeur, le ministère de la Santé, reste silencieux. World Vision, l’organisme qui administre les fonds du Fonds mondial, ne donne aucune explication satisfaisante.

Les chiffres donnent le vertige. Dix-neuf sages-femmes, dix-sept techniciens de laboratoire, quatre-vingt-dix dispensateurs d’ARV, soixante-sept infirmiers diplômés d’État, quatre-vingt-quatre infirmiers assistants, cinquante-quatre assistantes accoucheuses, cinq médecins, sans oublier le personnel administratif et financier. Tous partagent la même angoisse depuis cinq mois.
« Je continue à accoucher les femmes, à sauver des vies, mais je ne peux plus nourrir ma propre famille. Mon propriétaire me menace d’expulsion. Je ne sais plus quoi lui dire », explique une sage-femme contractuelle interrogée par la rédaction du CNC. Un infirmier assistant, père de quatre enfants, raconte qu’il a dû des problèmes à payer la scolarité de ses enfants. « Les frais de scolarité, je ne peux plus les payer. Ma famille est tout le temps dans l’angoisse », explique-t-il.

Ces agents ne réclament pas d’augmentation des salaires, pas de primes exceptionnelles. Ils demandent simplement que leurs salaires, pour lesquels ils ont signé un contrat, leur soient versés.

Il y’a lieu de rappeler que le Fonds mondial finance spécifiquement les programmes VIH, tuberculose et paludisme dans le pays. World Vision gère ces ressources tandis que le ministère de la Santé assure la mise en œuvre opérationnelle à travers ces contractuels répartis sur le territoire. Mais quelque part dans cette chaîne, l’argent ne parvient plus aux bénéficiaires finaux.

Les tentatives de dialogue ont échoué les unes après les autres. Lettres envoyées, rendez-vous sollicités, démarches auprès des syndicats, réunions avec les représentants du ministère. Rien n’a abouti.

« On nous reçoit poliment, on nous promet que la situation va se débloquer, mais les semaines passent et nos comptes bancaires restent vides », témoigne un dispensateur d’ARV. « Nous ne sommes plus considérés comme des êtres humains avec des charges, des obligations, des bouches à nourrir », ajoute-t-il

Face à cette impasse, les trois cent cinquante contractuels ont pris une décision. Le 17 décembre 2025, ils entameront une grève. « Nous n’avons plus le choix », explique l’un d’eux. « Cinq mois sans revenus, c’est insupportable. Nos familles souffrent. Nous avons essayé toutes les voies légales, tous les canaux de négociation possibles. Personne ne nous écoute vraiment ».

Cette décision n’a pas été prise à la légère. Ces hommes et ces femmes savent que leur arrêt de travail aura des conséquences sur la continuité des soins pour des milliers de patients vulnérables.

Les personnes vivant avec le VIH, les malades de la tuberculose, les enfants atteints de paludisme risquent de se retrouver sans prise en charge adéquate. « Nous en sommes conscients et cela nous déchire », confie une assistante accoucheuse.

Certains contractuels évoquent une dimension politique dans ce blocage. « Nous demandons simplement nos salaires, mais on a l’impression que notre dossier est instrumentalisé, que des calculs nous dépassent », affirme l’un d’eux. Les mécanismes de financement du Fonds mondial sont pourtant clairs: l’argent existe, il est destiné aux programmes, et ces programmes ne fonctionnent que grâce au travail quotidien de ces agents de santé. Quelque part entre les bureaux de World Vision et ceux du ministère, le système s’est grippé, et ce sont les travailleurs et leurs familles qui en paient le prix.

Les jours passent et l’échéance du 17 décembre se rapproche. Ces soignants qui ont consacré leur vie professionnelle à sauver celle des autres se retrouvent dans une situation absurde où ils doivent menacer d’arrêter leur mission pour obtenir ce qui leur est dû.

« Nous ne voulons pas en arriver là », répète une sage-femme, « mais nous ne pouvons plus attendre indéfiniment que quelqu’un se souvienne que nous existons ».

Source: Corbeau News Centrafrique

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