Abdel-Latif Boureima
Africa-Press – CentrAfricaine. En janvier, un rapport produit par The Economist Intelligence Unit (EIU) anticipait une stabilisation du prix des matières premières dont le brut en 2024, en dépit de l’importante volatilité observée depuis 2021.
La Banque mondiale a publié, mardi 29 octobre, son rapport Commodity Markets Outlook 2024 qui anticipe une baisse significative des prix mondiaux des matières premières jusqu’en 2026. Selon ses perspectives, les prix du pétrole devraient chuter à leur plus bas niveau en cinq ans d’ici 2025.
Les raisons de cette projection sont principalement liées à un excédent de pétrole jugé « si important » qu’il pourrait réduire l’impact des fluctuations des prix du pétrole, même si un conflit plus large éclatait au Moyen-Orient.
Ainsi, l’offre mondiale de pétrole en 2025 devrait dépasser la demande d’une moyenne de 1,2 million de barils par jour, un excédent qui n’a été dépassé que deux fois auparavant, pendant les fermetures liées à la pandémie en 2020 et l’effondrement des prix du pétrole en 1998.
La Chine, à l’origine de la dynamique anticipée
Selon le document, cet excédent reflète en partie un changement majeur en Chine, marqué par la stagnation de la demande de pétrole brut depuis 2023, elle-même liée à un ralentissement de la production industrielle et à une hausse des ventes de véhicules électriques et de camions alimentés au gaz naturel liquéfié (GNL).
En outre, l’étude souligne que plusieurs pays qui ne sont pas membres de l’OPEP ou de l’alliance impliquant ses alliés (OPEP+) devraient augmenter la production de pétrole. Ceci, alors même que l’OPEP+ maintient une capacité excédentaire importante, s’élevant à 7 millions de barils par jour, soit presque le double de sa capacité à la veille de la pandémie en 2019.
Le prix du Brent envisagé autour de 73 dollars en 2025 ?
Concernant les dynamiques du prix de Brent, le pétrole brut de référence, la Banque mondiale prévoit deux scénarios. Dans l’hypothèse d’une intensification du conflit au Moyen-Orient, elle envisage une forte hausse des prix du Brent pour atteindre un pic de 92 dollars le baril, même si elle n’exclut pas que cette hausse puisse être de courte durée.
Dans la seconde hypothèse, celle de la non-expansion du conflit, l’institution financière internationale prévoit un prix annuel moyen du Brent qui chute à son plus bas niveau en quatre ans autour de 73 dollars en 2025, contre 80 dollars le baril cette année.
« Le prix du Brent devrait s’établir en moyenne à 80 dollars le baril en 2024, soit environ 3 dollars de moins que l’année dernière, et devrait osciller autour de 75 dollars le reste de l’année avant de redescendre à 73 dollars le baril en 2025 et à 72 dollars le baril en 2026 », indique le rapport.
Ces prévisions sont préoccupantes pour certaines des économies africaines comme le Nigeria, où 90 % des exportations et 40 % des recettes fiscales reposaient sur le pétrole en 2023 (selon Coface) ou encore l’Angola, où le pétrole représentait 93 % des exportations et 58 % des recettes fiscales en 2022 (OMC). Une baisse des prix du pétrole sur un plus ou moins long terme devrait affecter les budgets et investissements publics de ces pays et entraîner une baisse des réserves de devises étrangères, ce qui peut affaiblir les monnaies locales et augmenter l’inflation.
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