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Dans la journée du 9 décembre 2025, le Président de la République a tenu un discours sur l’état de la nation dans l’hémicycle de l’assemblée nationale pendant la deuxième session ordinaire des parlementaires.
Cette cérémonie a enregistré la présence des corps constitués de l’État, des présidents des institutions républicaines, quelques rares membres des représentations diplomatiques, une pléthore des associations de soutien au Président de la République et de façon remarquable l’absence de l’opposition démocratique qui évoque un problème de légitimité et d’adhésion.
Ce noble exercice exigé par les dispositions de l’article 79 de leur constitution de 2023 qui avait pour objectif de dresser un bilan exhaustif des actions menées et de définir les perspectives pour l’avenir s’est transformé à desseins en une foire, un carnaval ou une kermesse du parti au pouvoir avec un relent de propagande.
Dans ce long discours, creux et vide de contenus, le Président de la République ne cesse d’accuser l’héritage des conflits armés de 2013 alors que la transition politique consensuelle a donné un élan de stabilité sécuritaire, budgétaire et de relance socio-économique.
Dans ce discours fleuve où l’auditoire se perd aussi facilement, le chef de l’État s’est essoufflé à présenter un bilan paradisiaque d’autosatisfaction totalement déconnecté, décalé avec la réalité au point de s’interroger s’il s’agissait d’un autre pays que la République centrafricaine.
Par ailleurs, le Président s’est epoumoné à faire l’éloge d’une paix éphémère qui peut s’évaporer au gré du vent et se dégrader sous l’effet de l’érosion.
En outre, les chiffres et données statistiques présentés lors de ce discours sont en majorité erronés, difficilement vérifiables et quantifiables qui ne reflètent nullement les réalités socio-économique du peuple.
De ce long discours axé sur quatre thématiques à savoir la sécurité, la justice, l’économie et la politique étrangère, le Président de la République pense que le progrès ne se limite qu’à l’augmentation de l’effectif des forces de défense, des magistrats et aux infrastructures réformées alors que l’essentiel réside dans la bonne gouvernance et surtout le respect des libertés fondamentales, la lutte contre la corruption, la lutte contre le détournement de deniers publics, le respect des textes établis au lieu d’utiliser simultanément deux constitutions à leur convenance.
À ce stade, il apparaît important de souligner que des volets importants de la vie des centrafricains ont été omis à desseins.
Le chef de l’État a d’abord ignoré de s’attarder sur le taux d’inflation, la dette publique.
L’on remarque également aucun regret sur les événements du lycée Barthélémy Boganda où nos enfants sont morts gratuitement, aucun remord sur l’absence des services sociaux de base tels le cimetière, le gymnase, la mediatheque, la bibliothèque municipale, un stade de football homologué etc…
À cela s’ajoutent le manque de soutien, de reconnaissance et d’accompagnement des familles des soldats tués au front pour la nation ainsi que des promotions civiles et militaires jugées arbitraires, opaques.
Le chef de l’État a également ignoré la surpopulation carcérale qui est un fléau dans la prison centrale de Ngaragba construite en 1947 par l’administration coloniale pour 400 prisonniers mais qui compte aujourd’hui plus de deux milles pensionnaires.
Ce discours n’a non plus évoqué cette dépendance aveugle du pouvoir politique et militaire aux mercenaires russes de Wagner qui porte gravement atteinte à notre souveraineté avec corollaire des exactions impunies sur la paisible population.
Perdu dans ce discours de campagne déguisé en discours sur l’état de la nation, le citoyen lambda s’interroge:
1- Ce discours sur l’état de la nation était-il destiné aux parlementaires plutôt qu’aux militants du parti au pouvoir?
2- Dans l’affirmative, que faisaient les diplomates et les Présidents des institutions républicaines dans l’hémicycle?
3- Ce que le Président n’a pas pu faire en deux mandats, c’est le troisième qui changera considérablement la trajectoire géométrique de la vie des centrafricains?
4- Pourquoi s’immiscer dans une guerre d’influence des grandes puissances mondiales au lieu de promouvoir des partenariats “gagnant-gagnant” au bénéfice des citoyens?
En tout état de cause et au delà d’un saupoudrage de réalisations ou d’avancées, l’insécurité, la pauvreté endémique, les inégalités sociales, l’injustice et la mal gouvernance demeurent même en pire.
L’on note également que la décennie de gouvernance a fragilisé les institutions républicaines par le tripatouillage de la constitution et l’usage simultané de deux constitutions.
Nous rappelons in fine qu’il faut se méfier d’un peuple apeuré et meurtri dans son âme qui ne parle pas…
Attention Monsieur le Président, la peur corollaire de l’indifférence et de l’inaction du peuple vous donne l’impression que vos errements sont légitimes et légaux.
Les chants des sirènes rythmés par les cadences des fanfares, le culte de personnalité, la danse endiablée, satirique ou ridicule et le piétinement du tapis rouge logoté de l’emblème national ne vous placeront jamais au dessus de la République.
Un penseur disait que le pouvoir de l’État n’est pas un héritage familial mais au contraire une responsabilité limitée dans le temps alors n’attendez pas que le peuple dépositaire de la souveraineté vous chasse pour comprendre que c’est le moment de partir car l’amour d’antan risque de se transformer en méchante haine…
Attention Monsieur le tyran, nous avons le flair et l’aptitude de prévenir des différents dangers à travers nos diverses analyses géopolitiques et geostrategiques mais malheureusement nous ne savons pas jouer aux pompiers qui ont vocation à sauver des vies et des biens en cas d’incendies ou de sinistres de tout genre.
Monsieur le tyran, si vous semez de l’injustice en temps de paix, vous moissonnerez très certainement le désordre, le mécontentement, la frustration corollaire de troubles.
Au delà de tout, nous tenons à signaler qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et qu’au final, les mêmes causes produisent toujours et toujours les mêmes effets…
Malheur à ceux où celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat différent.
Pour finir, nous exhortons tous les résistants, les démocrates du monde entier à avoir une pensée patriotique pour des leaders incarcérés injustement pour des causes justes et nobles plus particulièrement le Docteur Dominique Désiré ERENON qui a été arrêté à sa descente d’avion en provenance de Paris.
À ce jour c’est-à-dire plus d’un mois de détention, il est entendu plusieurs fois dans le cadre d’une atteinte à la sûreté intérieure de l’État sans réelle preuve et n’est toujours pas placé sous mandat de dépôt.
Source: Corbeau News Centrafrique
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