Chine Rase Forêts à Rondi, FACA Frappent Villageois

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Chine Rase Forêts à Rondi, FACA Frappent Villageois
Chine Rase Forêts à Rondi, FACA Frappent Villageois

Africa-Press – CentrAfricaine. La dévastation de la forêt autour du village Rondi dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Les Chinois coupent tout sur leur passage. Mais le plus choquant reste à venir: ils interdisent aux villageois de récupérer le bois abattu. Les soldats centrafricains déployés sur place font respecter cette interdiction à coups de matraque.

Quand notre équipe d’investigation arrive sur les zones d’exploitation minière chinoise autour du village Rondi, le spectacle dépasse ce qu’on peut imaginer. Des kilomètres et des kilomètres de forêts dévastées. Des hectares entiers transformés en désert lunaire. Ce pays deviendra un désert d’ici quelques années si ça continue avec cette ampleur. Et pourtant, le gouvernement se présente fièrement aux sommets internationaux sur l’environnement, réclame même des financements pour la préservation des forêts. Mais sur le terrain, ce même État assiste sans réagir à la destruction massive de l’environnement par les exploitants chinois.

Le processus de dévastation suit toujours le même schéma. D’abord, les Chinois rasent la forêt. Tout y passe. Les grands arbres, la végétation, tout est coupé, arraché, détruit. Ensuite, les machines arrivent pour retourner le sol, creuser, extraire l’or. Elles avancent, avancent, avancent. Des kilomètres et des kilomètres. Rien ne les arrête.

Quand les engins tombent sur les champs des cultivateurs, les champs de manioc, les cultures vivrières dont dépendent les familles, les Chinois ne ralentissent même pas. Avec leurs grosses machines, ils commencent à tout dévaster. Le cultivateur s’alarme, vient protester. On lui donne quelques billets, une compensation dérisoire pour des années de travail détruites en quelques heures. Si le cultivateur refuse, s’il insiste pour garder son champ, alors les soldats des Forces Armées Centrafricaines interviennent.

Sous les ordres du commandant LAMTAGUÉ, avec l’adjudant-chef KOTA MABOKO et l’adjudant BANAMAYE qui appliquent sur le terrain, les militaires menacent les cultivateurs. S’ils continuent de résister, les soldats les torturent, les tabassent. Résultat: silence total. Les cultivateurs acceptent les quelques francs qu’on leur lance et regardent leurs champs disparaître sous les pelleteuses.

Mais ce qui choque encore plus, c’est le sort réservé aux arbres abattus. Des milliers d’arbres coupés, jetés au sol. Les villageois veulent récupérer ce bois pour cuisiner, pour se chauffer, pour vendre et gagner un peu d’argent. Cent francs par morceau, deux cents francs, n’importe quoi pour acheter de quoi manger. Mais les soldats FACA les chassent. Sur ordre des Chinois, ils interdisent aux villageois de ramasser le moindre bout de bois. Les militaires frappent ceux qui tentent de récupérer quelques morceaux.

Et ce bois reste là, au sol, à pourrir. Des tonnes et des tonnes de bois qui pourraient servir aux familles, qui pourraient être vendues, qui pourraient au moins avoir une utilité. Mais non. Les Chinois préfèrent que tout pourrisse. Les soldats font respecter cette absurdité à coups de matraque.

Récapitulons ce qui se passe à Rondi. Les exploitants chinois ont pris les terres minières des villageois. Quand les villageois veulent récupérer les graviers restants, les “poubelles”, le commandant LAMTAGUÉ leur fait payer 1 000 FCFA par tour. Quand les Chinois coupent des milliers d’arbres, les soldats empêchent les villageois de ramasser le bois pour survivre. Ils veulent quoi exactement? Que les gens meurent de faim? Qu’ils disparaissent?

Notre équipe a pu observer l’ampleur de cette dévastation. C’est énorme. Des zones entières transformées en terres mortes. Mais ce n’est pas tout. Les Chinois utilisent massivement des produits chimiques pour extraire l’or. Du mercure et du cyanure. Ces produits empoisonnent le sol, s’infiltrent dans les cours d’eau, contaminent les sources d’eau potable. Les conséquences à long terme seront dramatiques pour toute la région.

Le mercure permet d’amalgamer l’or dans les graviers. Le cyanure dissout l’or dans les minerais. Ces deux produits sont extrêmement toxiques. Ils détruisent les écosystèmes aquatiques, empoisonnent la faune, contaminent les cultures. Les populations qui vivent en aval des sites miniers boivent cette eau polluée. Les poissons qu’ils pêchent sont contaminés. Les légumes qu’ils cultivent poussent dans des sols empoisonnés.

Les exploitants chinois ne prennent aucune précaution. Ils versent ces produits directement dans le sol, dans les cours d’eau. Aucun système de traitement, aucune mesure de protection environnementale. Le commandant LAMTAGUÉ et ses hommes, censés représenter l’État, ne disent rien. Ils ne contrôlent rien. Ils regardent. Ou plutôt, ils sont trop occupés à taxer les villageois et à rendre leur justice personnelle pour s’inquiéter de l’empoisonnement de toute une région.

À Abba, la commune dont dépend Rondi, personne ne bouge. Les autorités administratives semblent ignorer ce qui se passe à 45 kilomètres de leur siège. Ou alors elles savent et ferment les yeux. À Bouar, la préfecture de la Nana-Mambéré, même silence. À Bangui, au ministère des Mines, au ministère de l’Environnement, au ministère de la Défense, personne ne semble se préoccuper de ce qui se déroule dans cette zone frontalière.

Pendant ce temps, les Chinois continuent d’avancer. Leurs machines progressent chaque jour. La forêt recule chaque jour. Les sols s’empoisonnent chaque jour. Les villageois s’appauvrissent chaque jour. Et le commandant LAMTAGUÉ s’enrichit chaque jour.

Dans quelques années, il ne restera rien de cette région. Plus de forêts, plus de terres cultivables, plus de cours d’eau propres. Juste des étendues dévastées, des sols morts, une population qui aura tout perdu. Les Chinois seront partis avec l’or. Le commandant LAMTAGUÉ et ses hommes seront mutés ailleurs. Et les habitants de Rondi resteront avec un désert empoisonné.

C’est ça, le développement minier en République Centrafricaine? C’est ça, la gestion des ressources naturelles? C’est ça, la protection de l’environnement dont le gouvernement parle dans les conférences internationales?

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