Conflit à Mbaïki entre Centrafricains et Chinois

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Conflit à Mbaïki entre Centrafricains et Chinois
Conflit à Mbaïki entre Centrafricains et Chinois

Africa-Press – CentrAfricaine.
Un simple salut entre deux collègues centrafricains a déclenché une altercation violente sur le chantier routier du corridor 13, dans le sud-ouest centrafricain. Le 3 décembre, un chef de chantier chinois a jeté une pierre sur le camion d’un conducteur centrafricain, brisant son pare-brise, déclenchant une altercation verbale intense.

L’incident s’est produit dans une carrière des travaux routiers du corridor 13 située vers Mbaïki, là où l’on extrait et broie les graviers destinés à la construction de la route nationale 13, cet axe qui relie la frontière congolaise à Bangui. Des bennes géantes transportent ces matériaux vers le tracé routier en cours d’aménagement. Mais ce jour-là, un chauffeur centrafricain a stoppé son gros camion pour échanger quelques mots avec un compatriote, lui aussi au volant de son camion chargeur. Une pause amicale, simple en apparence.

À quelques mètres, le responsable chinois du chantier observe la scène. L’arrêt du camion ne lui convient pas. Il ramasse un caillou et le lance en direction du conducteur. La pierre fracasse le pare-brise. La discussion tourne aussitôt à l’affrontement. Le chauffeur descend, cherche à comprendre ce geste. Le Chinois répond par des insultes et un rappel ferme: il faut travailler, pas bavarder. Le délégué des conducteurs accourt pour calmer les esprits, mais la tension reste vive.

Un témoin a filmé l’altercation. La vidéo circule désormais sur les réseaux sociaux entre les ouvriers, qui parlent ouvertement de ce qu’ils endurent. Selon les témoignages recueillis, les conditions de travaux sur ces chantiers chinois frôlent l’esclavage. Les journées s’enchaînent sans répit, de jour comme de nuit, avec des pauses réduites au minimum. Une halte pour saluer un collègue devient un motif de réprimande.

Les mêmes reproches remontent également aux exploitations minières, des autres chantiers routiers, partout où travaillent des Centrafricains sous encadrement chinois. Beaucoup dénoncent une maltraitance quotidienne, un mépris affiché, des ordres hurlés, une absence totale de considération. Les centrafricains expliquent souvent que les chinois importent régulièrement des prisonniers de leur propre pays pour effectuer les tâches les plus pénibles, habitués à une discipline de prison qu’ils tentent d’imposer à tous.

Du côté de l’inspection du travail, rien ne se passe. Aucune visite, aucun contrôle, aucune sanction. Les conducteurs et manœuvres évoquent cette administration comme on parle d’un fantôme: elle existe peut-être sur le papier, mais personne ne l’a jamais vue débarquer sur un chantier. Le ministère du Travail reste silencieux. Les plaintes s’accumulent, les vidéos circulent, et pendant ce temps, les fonctionnaires concernés regardent ailleurs. Ils croisent les bras pendant que la population s’enflamme.

Les travailleurs du corridor 13 se demandent combien de pare-brise brisés, combien de gifles, combien d’heures de travail sans pause il faudra encore avant qu’un responsable du ministère du travail daigne se déplacer. Ils aimeraient comprendre pourquoi leurs autorités acceptent ce traitement. Pour l’instant, ils filment, partagent, espèrent qu’un jour ces images forceront une réaction. En attendant, les camions continuent de rouler, les graviers continuent de tomber, et les pierres continuent de voler quand un ouvrier ose ralentir

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