Thaïs Brouck
Africa-Press – CentrAfricaine. Successeur de Benedict Oramah, il prend la tête de la Banque africaine d’import-export au moment où l’institution, dédiée au financement du commerce en Afrique, doit restaurer la confiance des investisseurs. Et alors qu’elle vise les 250 milliards de dollars d’actifs d’ici dix ans.
Un Camerounais pour succéder à un Nigérian. Le 28 juin, au terme des assemblées annuelles de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) à Abuja, George Elombi a été officiellement nommé président de l’institution panafricaine créée par l’Union africaine et la Banque africaine de développement (BAD) pour soutenir le commerce intra-africain. Le nouveau patron d’Afreximbank, qui prendra officiellement ses fonctions en septembre, a été élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le Camerounais de 58 ans succède au Nigérian Benedict Oramah et devient ainsi le quatrième dirigeant à la tête de la banque depuis sa création, en 1993.
1. Héritier
George Elombi était le grand favori et, sans surprise, les actionnaires ont fait le choix de la continuité en misant sur ce proche de Benedict Oramah. Il reprend d’ailleurs à son compte l’objectif exprimé par son prédécesseur: faire d’Afreximbank une banque de 250 milliards de dollars d’actifs d’ici dix ans. En somme, les actifs de la banque doivent être multipliés par plus de cinq au cours de la prochaine décennie. Un défi de taille, dans un contexte économique mondial incertain.
2. Dégradation
Le Camerounais prend les rênes d’une institution en difficulté. Début juin, Fitch Ratings a dégradé sa note de crédit d’un cran, à BBB-, assorti d’une perspective négative. Autrement dit, Afreximbank frôle la catégorie spéculative, synonyme de renchérissement du coût d’accès au capital. Pour justifier cette décision, l’agence de notation américaine estime que la banque multilatérale risque de subir des pertes sur environ 2 milliards de dollars de prêts, accordés principalement au Ghana et plus marginalement à la Zambie, au Malawi et au Soudan du Sud. C’est le premier chantier de George Elombi: restaurer la confiance des investisseurs et redresser la barre.
3. Juriste
Titulaire d’une maîtrise en droit de l’université de Yaoundé, d’un master et d’un doctorat en arbitrage commercial de la London School of Economics, George Elombi a également enseigné le droit à l’université de Hull, au Royaume-Uni. Il maîtrise donc aussi bien le français que l’anglais et est un expert renommé du droit du commerce international.
4. Pilier
George Elombi travaille à Afreximbank depuis 1996, où il a débuté en tant que juriste. Au cours de près de trois décennies passées à la banque, il a occupé les fonctions de directeur et secrétaire exécutif, directeur adjoint des services juridiques, directeur juridique et juriste principal. Il a donc gravi tous les échelons pour devenir vice-président exécutif, en charge de la gouvernance, des services juridiques et ministériels, poste qu’il a occupé jusqu’à sa récente nomination.
5. Discrétion
Moins connu du grand public que son prédécesseur, George Elombi se distingue par sa discrétion. Son entourage met en avant sa rigueur intellectuelle et sa loyauté à l’institution. Son profil technocratique, moins clivant que celui de Benedict Oramah, devrait être mis à profit pour avancer sur les dossiers clés d’Afreximbank, notamment les négociations autour du statut de créancier privilégié revendiqué par l’institution.
6. Transparence
Selon les analystes, le nouveau dirigeant va devoir renforcer la transparence, la crédibilité et l’efficacité stratégique d’Afreximbank. Pour justifier la dégradation de la note de l’institution en juin, Fitch pointait des « faiblesses dans ses politiques de gestion des risques », des ajustements comptables jugés « souples » et un « risque de solvabilité accru ». Afreximbank a depuis rétorqué qu’elle « opère selon des normes très élevées de transparence financière ». Mais, pour la plupart des observateurs, il reste une marge de progression.
7. Zlecaf
Afreximbank, dont le rôle est de financer le commerce sur le continent, est un rouage essentiel du développement de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf). « La fragmentation du commerce mondial souligne l’importance d’accélérer la mise en œuvre de la Zlecaf et de stimuler le commerce intra-africain », affirmait George Elombi devant les actionnaires le 28 juin. Le Camerounais a d’ailleurs contribué à la création du fonds d’ajustement de la Zlecaf, un mécanisme qui doit compenser les pertes de recettes douanières qui résulteraient de la mise en œuvre de la zone de libre-échange.
8. PAPSS
George Elombi a été l’un des architectes du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), lancé en 2022. Le 7 juillet, la banque centrale marocaine Bank Al-Maghrib y a officiellement adhéré, faisant du Maroc le 17e pays à rejoindre cette infrastructure régionale destinée à faciliter les paiements transfrontaliers en Afrique.
9. Mobilisé
En tant que président du comité d’urgence, il a piloté la réponse d’Afreximbank à la pandémie de Covid-19, permettant la mobilisation de plus de 2 milliards de dollars pour l’acquisition et la distribution de vaccins en Afrique et dans les Caraïbes. « Cette réponse rapide et coordonnée a démontré ses capacités à conjuguer action stratégique et réactivité opérationnelle », met en avant l’institution.
10. Élargissement
George Elombi a joué un rôle dans l’expansion d’Afreximbank, notamment en Afrique centrale avec l’ouverture d’une succursale à Yaoundé. Peu après sa nomination à la présidence, l’institution basée au Caire a annoncé l’ouverture d’une nouveau siège régional en Algérie. Elle possède également des branches à Abuja, Harare, Abidjan et Kampala.
Source: JeuneAfrique
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