Harcèlement fiscal massif à Bangui : les ateliers de couture de Ngawi fermés en série par les impôts

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Harcèlement fiscal massif à Bangui : les ateliers de couture de Ngawi fermés en série par les impôts
Harcèlement fiscal massif à Bangui : les ateliers de couture de Ngawi fermés en série par les impôts

Africa-Press – CentrAfricaine. L’aube du mercredi 6 août 2025 s’est levée sur un spectacle inhabituel dans les ruelles animées de Ngawi. Au cœur du mythique marché du PK5, temple du commerce de la capitale Bangui, les ronronnements familiers des machines à coudre ont brutalement cessé. Sous l’œil médusé des passants matinaux, une armada d’agents des impôts a organisé une opération éclair : cadenas après cadenas, atelier après atelier, tout un pan de l’artisanat de Ngawi s’est retrouvé muselé.

Les artisans, arrivés comme chaque matin avec leurs projets de la journée, ont été surpris par l’arrivée des agents du ministère des finances, notamment ceux de la direction générale des impôts. Aucun avertissement, aucune sommation préalable. Les agents ont procédé à la fermeture de chaque atelier, posant cadenas après cadenas. Tout un pan de l’artisanat de Ngawi s’est retrouvé paralysé, plongeant le quartier dans un silence inhabituel là où résonnaient habituellement les conversations animées et le cliquetis des aiguilles.

Dès la fin de l’opération, les artisans ont tenté de réagir. Une délégation s’est immédiatement rendue à la direction générale des impôts pour comprendre les raisons de ces fermetures et discuter d’un éventuel arrangement.

L’incompréhension a rapidement cédé place à l’indignation lorsque les montants réclamés ont été révélés. À la direction générale des impôts, les chiffres ont fait l’effet d’une douche froide. Par exemple, 600 000 francs CFA pour un modeste atelier équipé de quatre machines à coudre. Une somme qui représente des mois, voire des années de labeur pour ces artisans qui vivent au jour le jour.

“Nous ne tenons pas boutique, nous ne stockons rien”, explique l’un des couturiers. “Nos revenus dépendent entièrement de la clientèle. Certains jours, nous rentrons les poches vides. Comment peut-on nous demander de telles sommes ?”.

Cette réalité économique, faite d’incertitudes et de revenus irréguliers, semble échapper aux calculs administratifs. Dans ces ateliers, point de registres de commerce ni de chiffres d’affaires prévisibles. Seulement des hommes et des femmes qui transforment, fil après fil, les étoffes en gagne-pain quotidien.

Ngawi, ce quartier à dominante musulmane où se concentrent les savoir-faire textiles, vit aujourd’hui dans l’incertitude. Les ateliers fermés, les artisans se retrouvent privés de leur unique source de revenus. Beaucoup sont rentrés chez eux, déterminés à revenir à la charge la semaine prochaine.

L’atmosphère dans le quartier oscille entre résignation et détermination. Si les négociations n’aboutissent pas, l’option d’un mouvement social est déjà évoquée. Car au-delà des montants réclamés, c’est tout un mode de vie, toute une économie de proximité qui se trouve remise en question.

Le marché PK5, poumon économique de la capitale, observe cette situation avec attention. Ces fermetures simultanées s’inscrivent-elles dans une nouvelle politique fiscale ou ne sont-elles qu’un épisode de plus dans les relations tendues entre administration et artisanat ? Les prochains jours apporteront sans doute des éléments de réponse, mais les couturiers de Ngawi ont déjà fait savoir qu’ils ne renonceraient pas sans se battre.​​​​​​​​​​​​​​​​

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