Indemnités Inégales à l’Université de Bangui

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Indemnités Inégales à l'Université de Bangui
Indemnités Inégales à l'Université de Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine. Depuis quelques semaines, l’Université de Bangui traverse une période de tensions sociales liées à la gestion de ses ressources financières. Alors que l’établissement consacre des millions de francs CFA aux indemnités de sa hiérarchie, les gardiens qui assurent la sécurité du campus peinent à subvenir à leurs besoins indispensables avec des salaires qui stagnent depuis des années.

Cette situation révèle les disparités profondes qui caractérisent la gestion des ressources humaines dans l’institution universitaire centrafricaine et pousse à s’interroger sur l’équité dans la répartition des moyens disponibles.

Une enquête menée par la rédaction du CNC confirme que l’université alloue mensuellement des montants considérables à ses responsables, s’ajoutant à leurs salaires de base. Pour mieux comprendre, le recteur perçoit ainsi 800.000 FCFA d’indemnités mensuelles, soit environ 9,6 millions de FCFA annuellement. Son adjoint, le vice-recteur, bénéficie de 600.000 FCFA par mois, représentant 7,2 millions de FCFA sur douze mois.

Le secrétaire général de l’institution touche 400.000 FCFA mensuels d’indemnités, totalisant 4,8 millions de FCFA par an. Quant au contrôleur financier, détaché par le ministère des Finances pour superviser la gestion comptable, il reçoit plus de 900.000 FCFA mensuels, dépassant ainsi les émoluments du recteur avec un total annuel supérieur à 10,8 millions de FCFA.

D’autres membres du personnel administratif proche de la direction bénéficient également d’indemnités variant de plusieurs centaines de milliers de francs CFA mensuellement. L’université prend aussi en charge les frais de restauration, d’entretien des résidences et les salaires du personnel domestique du recteur, vice-recteur et du secrétaire général.

La gestion des salaires du personnel domestique attaché aux responsables du rectorat pose des interrogations. Chauffeurs, domestiques et gardiens personnels sont théoriquement rémunérés par l’université. Pourtant, le processus de paiement suit un circuit particulier: au lieu que ces employés domestiques se présentent personnellement pour émarger pour leur propre paiement, ce sont pourtant le recteur, le vice-recteur et le secrétaire général eux-mêmes qui apposent leur signature et récupèrent l’ensemble des montants et s’évaporent avec ça dans les quartiers. Et personne ne sait si les sommes récupérées sont versées intégralement aux intéressés.

Les gardiens de l’Université de Bangui, qui assurent pourtant la surveillance et la sécurité des installations 24 heures sur 24, perçoivent entre 32.000 et 37.000 FCFA mensuels. Ces montants, inchangés depuis plusieurs années, peinent à couvrir les besoins essentiels dans un contexte d’inflation généralisée touchant l’alimentation, le logement et les transports.

En mai 2025, ces agents ont observé un mouvement de grève de trois jours pour réclamer une revalorisation salariale de 20.000 à 30.000 FCFA. Cette action n’a cependant pas abouti aux résultats escomptés. L’administration a réagi en menaçant les délégués par une convocation de la police. Les délégués du personnel ont été accusés d’avoir manipulé le mouvement de protestation et leur dernière paye bloquée.

Les personnes d’appui, recrutées par l’université pour diverses fonctions, percevaient auparavant des salaires variant entre 50.000, 80.000 et 100.000 FCFA mensuels, directement financés par le budget de l’université de Bangui. Toutefois, une réforme récente a permis l’intégration d’un nombre important de ces agents dans la fonction publique centrafricaine.

Désormais pris en charge par le Trésor public avec des rémunérations comprises entre 50.000 et 100.000 FCFA selon les catégories, ces personnels ne pèsent plus sur le budget universitaire. Cette évolution a libéré des ressources significatives qui pourraient théoriquement être réaffectées à l’amélioration des conditions du personnel restant, notamment les gardiens.

Cette situation reflète les défis de gouvernance que rencontrent les institutions publiques centrafricaines. L’écart salarial entre les différentes catégories de personnel atteint des proportions considérables: un ratio de 1 à 25 entre les gardiens et certains dirigeants, sans compter les avantages en nature.

Les tentatives de dialogue entre les représentants des gardiens et la direction se heurtent à des refus répétés de rencontres, le recteur et son adjoint invoquant leur statut hiérarchique pour justifier cette position. Cette fermeture au dialogue contribue à maintenir les tensions et empêche la recherche de solutions négociées….

Source: Corbeau News Centrafrique

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