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Selon des informations obtenues auprès du service financier de plusieurs opérateurs économiques libanais établis en Centrafrique, le président Faustin-Archange Touadéra aurait accumulé une dette de près de 12 milliards de francs CFA. Mais personne ne sait vraiment à quoi sert cet argent. Personne ne sait si cette dette est personnelle ou si elle engage l’État centrafricain. Personne ne sait comment elle sera remboursée.
Douze milliards de francs CFA. C’est une somme énorme pour un pays comme la Centrafrique. C’est l’équivalent de plusieurs mois de salaires de la fonction publique. C’est plus que le budget annuel de plusieurs ministères. Et pourtant, cet argent a été emprunté dans la plus grande discrétion, sans aucune transparence, sans aucun contrôle parlementaire.
La question qui se pose: pour quoi faire? Touadéra ne construit pas d’hôpitaux. Il ne pave pas de routes. Il ne paie pas les salaires des enseignants contractuels à temps. Alors où passe cet argent?
La réponse la plus probable pointe vers les mercenaires russes du groupe Wagner et des troupes rwandaises. L’entretien de ces milliers de soldats étrangers déployés sur le territoire centrafricain coûte une fortune. En 2023, le CNC avait révélé que le président Touadéra retirait 400 millions de francs CFA par semaine du Trésor public pour financer les besoins de Wagner: logement, nourriture, carburant, munitions, équipements.
Quatre cents millions par semaine. Faites le calcul: c’est 1,6 milliard par mois. Près de 20 milliards par an. Rien que pour nourrir et loger des mercenaires étrangers pendant que les Centrafricains meurent de faim et que les enseignants contractuels et certains fonctionnaires attendent leurs salaires pendant des mois.
À l’époque, le FMI avait tiré la sonnette d’alarme. Après vérification, l’institution financière internationale avait confirmé l’information. Le Premier ministre Félix Moloua, qui était à New York, était rentré précipitamment à Bangui. Et au lieu de corriger la situation, il avait convoqué les fonctionnaires du ministère des Finances pour les menacer. Il les avait traités de traîtres. Il leur avait interdit de fournir la moindre information sur le financement de Wagner.
Le message était clair: silence total. Clandestinité absolue. Personne ne devait savoir combien coûtent réellement les mercenaires russes au peuple centrafricain.
Mais depuis cette alerte du FMI, le régime a changé de stratégie. Au lieu de retirer ouvertement l’argent du Trésor public, Touadéra se tournerait désormais vers les opérateurs économiques libanais. Le système serait simple: les Libanais fournissent des biens et des services (nourriture, logement, équipements) aux mercenaires russes. En échange, le régime leur accorde des exemptions douanières massives sur leurs importations.
Résultat: Wagner est payé. Les Libanais récupèrent leur argent en ne payant pas de taxes. Et l’État centrafricain perd des dizaines de milliards en recettes douanières. Tout le monde est gagnant, sauf le peuple centrafricain qui se retrouve avec un État endetté et sans ressources.
Ce système expliquerait les écarts énormes constatés par le FMI dans les recettes de l’État. Les prévisions ne sont jamais atteintes. Les recettes douanières s’effondrent. Mais personne ne donne d’explications. Parce que tout se passe dans l’ombre, loin des circuits officiels, loin de tout contrôle.
Les mercenaires russes dorment-ils dans les hôtels des Libanais? Mangent-ils dans leurs restaurants? Utilisent-ils leurs équipements? Et la dette s’accumule-t-elle mois après mois sans qu’aucun remboursement ne soit prévu? Personne ne peut répondre à ces questions parce que tout est gardé secret.
L’autre question importante reste sans réponse: cette dette de 12 milliards est-elle personnelle à Touadéra ou engage-t-elle l’État centrafricain? Autrement dit: est-ce que Touadéra emprunte en son nom propre ou est-ce que ce sont les Centrafricains qui devront rembourser après son départ?
Le flou est total. Aucun document officiel. Aucun contrat public. Aucune trace dans les comptes de l’État. Tout se fait de manière informelle, sur la base d’arrangements opaques entre le président et les hommes d’affaires libanais.
Cette absence de transparence est dangereuse. Si cette dette engage l’État, les générations futures de Centrafricains devront la rembourser. Ils paieront pour financer des mercenaires qui les terrorisent aujourd’hui. Ils paieront pour enrichir des opérateurs économiques qui profitent du système de corruption mis en place par Touadéra.
Et si la dette est personnelle, alors Touadéra utilise sa position de président pour emprunter de l’argent qu’il ne remboursera jamais. Il transforme la présidence en une entreprise personnelle d’enrichissement. Il utilise les ressources de l’État comme garantie pour ses affaires privées.
Dans les deux cas, c’est de la corruption. Dans les deux cas, c’est du détournement. Dans les deux cas, c’est un crime contre le peuple centrafricain.
Touadéra contracte des dettes partout. Auprès des Libanais. Auprès des partenaires financiers internationaux. Auprès de tous ceux qui acceptent de lui prêter de l’argent sans poser de questions. Et pendant ce temps, les Centrafricains s’enfoncent dans la misère.
La France porte une lourde responsabilité dans cette situation. C’est la France qui a imposé Touadéra au pouvoir en 2016. C’est la France qui l’a maintenu en 2020. Et maintenant, la France regarde le pays s’enfoncer dans le chaos sans rien faire.
On n’a jamais vu ça dans l’histoire de la Centrafrique. Même sous les dictatures les plus corrompues, il y avait un minimum de respect des formes. Mais avec Touadéra, tout est permis. La dette s’accumule sans limite. La corruption se fait au grand jour. Les mercenaires russes tuent et massacrent tout en contrôlant le pays.
Le FMI doit intervenir. L’institution doit exiger que le gouvernement centrafricain explique cette dette de 12 milliards. À quoi sert cet argent? Comment sera-t-il remboursé? Qui en bénéficie réellement?
Source: Corbeau News Centrafrique
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