PCS Se Retire Des Élections Pour Illégalité Électorale

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PCS Se Retire Des Élections Pour Illégalité Électorale
PCS Se Retire Des Élections Pour Illégalité Électorale

Africa-Press – CentrAfricaine.
Le 11 octobre 2025, le Parti du Changement Social (PCS) a annoncé officiellement son retrait des élections groupées prévues pour le 28 décembre 2025. Dans un communiqué de presse signé par son président Chancel Sekodé-Ndeugbayi, le PCS rejoint ainsi le BRDC dans le boycott d’un scrutin qu’il juge “pratiquement impossible” d’organiser de manière “libre, transparente et crédible” dans le contexte actuel.

Le communiqué du PCS est sans ambiguïté. Le parti “informe l’opinion nationale et internationale qu’il ne présentera aucun candidat aux élections groupées prévues pour le 28 décembre 2025». Cette décision, précise le texte, est “mûrement réfléchie” et découle d’un “constat alarmant du contexte politique, sécuritaire et institutionnel actuel».

Ce retrait n’est pas un simple boycott tactique. C’est un réquisitoire en règle contre l’organisation des élections par le régime Touadéra. Le PCS liste trois raisons majeures qui rendent impossible l’organisation d’élections crédibles:

Le PCS constate qu’il existe une méfiance générale dans le pays vis-à-vis du processus électoral. Cette méfiance n’est pas infondée. Elle résulte de décennies de trucages électoraux, de manipulations, de résultats contestés. Le peuple centrafricain ne croit plus aux élections organisées par le pouvoir en place. Cette méfiance est telle qu’elle rend impossible toute élection crédible.

Le PCS dénonce ici le fait que les vrais partis d’opposition, ceux qui sont “authentiquement engagés dans la refondation démocratique”, sont systématiquement marginalisés par le régime. Leurs leaders sont arrêtés, comme le Docteur Erenon. Leurs militants sont harcelés. Leurs candidats sont écartés. Pendant ce temps, le régime fabrique de faux partis d’opposition qui acceptent de jouer le jeu de la parodie électorale.

Le PCS pointe le problème fondamental: il n’existe aucune garantie que les élections seront régulières. L’Autorité Nationale des Élections n’est pas indépendante. Le Conseil Constitutionnel est aux ordres du pouvoir. Les fichiers électoraux sont manipulés. Les résultats sont truqués. Dans ces conditions, comment organiser des élections crédibles?

Face à ce triple constat, le PCS conclut que le contexte actuel “ne permet pas d’assurer l’expression sincère de la volonté du peuple centrafricain». Cette formulation est importante. Le PCS ne dit pas simplement que les élections seront truquées. Il dit que dans le contexte actuel, il est structurellement impossible que la volonté du peuple s’exprime sincèrement.

Le communiqué réaffirme ensuite l’attachement du PCS “aux valeurs de justice, de liberté et de démocratie véritable». Le parti précise qu’il demeure “convaincu qu’aucun progrès durable ne peut être atteint sans un dialogue inclusif, franc et constructif entre toutes les forces vives de la Nation».

Cette phrase est un appel à peine voilé à un dialogue national. Le PCS dit: avant d’organiser des élections, organisons d’abord un dialogue entre toutes les forces politiques du pays pour créer les conditions d’un scrutin crédible. Sans ce dialogue préalable, toute élection sera une mascarade.

Le PCS “appelle l’ensemble de la communauté nationale et internationale à prendre la pleine mesure de la gravité de la situation actuelle». Ce n’est pas un appel anodin. Le PCS demande à la communauté internationale de comprendre que la situation en Centrafrique est grave, que les élections du 28 décembre ne seront pas crédibles, et que la communauté internationale ne doit pas cautionner ce simulacre démocratique.

Le communiqué se termine par une affirmation forte: “Le peuple centrafricain mérite un processus électoral légitime, garant de la paix, de la stabilité et du renouveau démocratique». En d’autres termes: le peuple mérite mieux que la mascarade que le régime Touadéra est en train d’organiser.

Le retrait du PCS, deux jours après la notification similaire du MLPC à l’autorité nationale des élections et au conseil constitutionnel, conformément à la décision du BRDC, marque un tournant. Les grands partis d’opposition sont en train de se coordonner pour boycotter massivement les élections de décembre. Ce boycott coordonné va poser un problème majeur de légitimité au régime Touadéra.

Comment le régime pourra-t-il prétendre avoir organisé des “élections démocratiques” si tous les vrais partis d’opposition boycottent? Comment pourra-t-il prétendre que “le peuple s’est exprimé” si les principaux représentants de l’opposition refusent de participer?

Le régime a deux options. Soit il accepte de créer les conditions d’élections crédibles en répondant aux demandes des partis d’opposition: dialogue national, indépendance de l’ANE et du Conseil Constitutionnel, garanties de sécurité, transparence du processus électoral. Soit il ignore le boycott et organise quand même ses élections truquées avec des faux partis d’opposition fabriqués pour l’occasion.

La deuxième option est malheureusement la plus probable. Le régime Touadéra n’a aucune intention de créer les conditions d’élections libres. Il veut simplement organiser un scrutin pour se faire réélire et obtenir une légitimité formelle, même si cette légitimité est contestée par tous les vrais acteurs politiques.

Mais le boycott massif des partis d’opposition rendra cette stratégie plus difficile. Même si le régime fabrique de faux candidats d’opposition, tout le monde saura que les vrais partis ont boycotté. La légitimité du scrutin sera contestée dès le départ.

Le communiqué du PCS est aussi remarquable par sa clarté et sa fermeté. Contrairement à certains partis qui hésitent, qui tergiversent, qui négocient des postes en échange de leur participation, le PCS prend une position claire: nous ne participerons pas à cette mascarade.

Cette clarté est rafraîchissante. Elle montre qu’il existe encore en Centrafrique des partis politiques qui refusent la compromission, qui préfèrent le boycott assumé à la participation honteuse à des élections truquées.

Le PCS “reste engagé aux côtés des citoyens dans la quête d’une véritable alternance et d’un changement social fondé sur la transparence, la responsabilité et la dignité humaine». En d’autres termes: nous boycottons ces élections, mais nous ne renonçons pas au combat politique. Nous continuerons à nous battre pour une vraie démocratie en Centrafrique.

Cette position est importante. Le boycott n’est pas une démission. Ce n’est pas un renoncement. C’est un refus de cautionner une comédie. Le PCS reste dans le combat politique, mais il refuse de participer à des élections qui ne sont pas crédibles.

Le retrait du PCS et du BRDC crée une dynamique. D’autres partis d’opposition vont probablement suivre dans les jours qui viennent. Un front de boycott est en train de se constituer. Ce front pourrait regrouper tous les vrais partis d’opposition qui refusent de cautionner le simulacre électoral du régime Touadéra.

Si ce front se constitue effectivement, le régime se retrouvera complètement isolé. Il pourra toujours organiser ses élections avec des candidats fantômes, mais personne ne sera dupe. La communauté internationale elle-même aura du mal à cautionner un scrutin boycotté par toute l’opposition réelle.

Le communiqué du PCS pose aussi implicitement une question importante: pourquoi organiser des élections si les conditions ne sont pas réunies pour qu’elles soient crédibles? Ne vaudrait-il pas mieux reporter le scrutin, organiser un dialogue national, créer les conditions d’élections libres, et ensuite seulement organiser le vote?

Cette approche serait la plus sage. Mais elle supposerait que le régime Touadéra soit de bonne foi, qu’il veuille réellement organiser des élections démocratiques. Or, tout indique que le régime ne veut pas de vraies élections. Il veut simplement un simulacre électoral qui lui permettra de se maintenir au pouvoir avec une apparence de légitimité.

Le retrait du PCS est donc à la fois un acte de lucidité politique et un acte de courage. Lucidité parce que le PCS a compris qu’il était impossible d’organiser des élections crédibles dans le contexte actuel. Courage parce que prendre publiquement position contre les élections du régime expose le parti et ses dirigeants à des représailles.

On a vu ce qui est arrivé au Docteur Erenon: arrêté dès sa descente d’avion, interrogé pour “atteinte à la sûreté de l’État”. Les dirigeants du PCS savent qu’ils prennent le même risque en annonçant publiquement leur boycott. Mais ils le font quand même, par principe, par attachement à la démocratie véritable.

Le peuple centrafricain observe. Il voit que les vrais partis d’opposition boycottent les élections. Il voit que seuls des partis fantômes fabriqués par le régime acceptent d’y participer. Il comprend que ces élections sont une mascarade. Et même si le régime réussit à organiser le scrutin, même s’il annonce des résultats, ces résultats n’auront aucune légitimité aux yeux du peuple.

Le PCS et le MLPC sont en train de gagner la bataille de la légitimité. En boycottant, ils disent au peuple: ces élections ne sont pas crédibles, ne vous laissez pas tromper. Et le peuple entend ce message. Il sait que si les vrais partis d’opposition boycottent, c’est parce que les élections sont truquées.

Le régime Touadéra peut organiser son scrutin. Il peut annoncer sa victoire. Mais cette victoire sera creuse, sans légitimité, contestée par tous les vrais acteurs politiques et par le peuple lui-même.

Le communiqué du PCS marque donc une étape importante dans la contestation politique en Centrafrique. Le boycott coordonné des grands partis d’opposition transforme les élections de décembre en simulacre assumé. Le régime ne pourra plus prétendre organiser des “élections démocratiques”. Tout le monde saura que c’est une mascarade.

Source: Corbeau News Centrafrique

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