Ce que révèle le rapport 2024 du PAM sur la lutte contre la faim

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Ce que révèle le rapport 2024 du PAM sur la lutte contre la faim
Ce que révèle le rapport 2024 du PAM sur la lutte contre la faim

Africa-Press – CentrAfricaine. Le rapport 2024 du PAM détaille les efforts pour nourrir un million de Centrafricains, malgré l’insécurité et une baisse du soutien international.

En 2024, la République centrafricaine (RCA) continue de faire face à une insécurité alimentaire aiguë qui touche des millions de personnes. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a publié son rapport annuel, qui détaille les actions menées pour répondre aux besoins urgents et poser les bases d’une résilience à long terme. Ce document, riche en données et en témoignages, présente les avancées réalisées malgré des obstacles majeurs, notamment une baisse notable du financement international, en particulier de la part des États-Unis.

Une aide massive du PAM malgré des contraintes

En 2024, le PAM a atteint 1 068 696 personnes à travers la RCA, dont 51 % de femmes. Ce résultat est significatif dans un pays où l’insécurité, les fortes pluies et les routes impraticables limitent l’accès à de nombreuses régions. L’organisation a distribué 13 801 tonnes de nourriture et 11 millions de dollars en transferts monétaires, permettant à des familles de répondre à leurs besoins alimentaires de base. Ces actions s’inscrivent dans une stratégie alignée sur les priorités du gouvernement centrafricain et les Objectifs de développement durable (ODD).

Le PAM ne se limite pas à l’aide d’urgence. À Paoua, dans le nord-ouest du pays, des agriculteurs comme Simplice Beyo participent à des coopératives soutenues par l’organisation. Ces groupes produisent des cultures, comme le riz, qui approvisionnent les cantines scolaires locales. Dans une école de Paoua, la fréquentation a plus que doublé, passant de 650 élèves il y a cinq ans à plus de 1 400 aujourd’hui, grâce à la mise en place de repas scolaires. Ce lien entre agriculture et éducation renforce les communautés et favorise leur autonomie.

La malnutrition, un défi persistant

La malnutrition touche particulièrement les enfants en RCA. En collaboration avec le ministère de la Santé et treize partenaires, le PAM a dépisté 35 717 enfants âgés de 6 à 59 mois dans neuf préfectures. Parmi eux, 6,2 % présentaient une malnutrition aiguë modérée (MAM) et 1,7 % une malnutrition aiguë sévère (MAS). Tous ont été orientés vers des centres de santé pour recevoir des soins. Cependant, en raison d’une pénurie d’aliments nutritifs spécialisés, seuls 17 920 enfants et 10 036 femmes enceintes ou allaitantes ont bénéficié d’une assistance nutritionnelle directe.

Le programme de cantines scolaires, soutenu par le président Faustin-Archange Touadéra, joue un rôle clé. En 2024, 222 865 écoliers dans 336 écoles ont reçu des repas réguliers, dont 45 écoles pilotes utilisant des produits locaux. Ces repas encouragent la scolarisation, en particulier pour les filles, et réduisent le risque d’abandon scolaire. Selon Margot van der Velden, directrice régionale du PAM, l’utilisation de produits cultivés par des groupements de femmes dans les jardins scolaires renforce à la fois la nutrition et l’économie locale.

Des solutions pour un avenir durable

Le PAM investit dans des initiatives à long terme pour renforcer la résilience des communautés. Ses programmes d’Assistance alimentaire contre biens communautaires (FFA) et de Soutien aux marchés agricoles des petits exploitants (SAMS) ont permis de réhabiliter 327 hectares de terres et de construire 114 infrastructures adaptées aux conditions climatiques, comme des canaux d’irrigation. Ces projets aident les ménages à améliorer leurs moyens de subsistance et à mieux résister aux crises climatiques ou économiques.

À Paoua, la relative stabilité instaurée par les accords de paix de 2019 a permis à des milliers de réfugiés de rentrer et de reprendre l’agriculture, un secteur essentiel employant 80 % de la population. Pourtant, la situation demeure précaire. Selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), près de deux millions de personnes, soit un tiers de la population, souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.

Le poids du financement insuffisant

Le manque de fonds constitue un obstacle majeur. En 2024, le PAM a opéré avec des ressources limitées, aggravées par une réduction du soutien des États-Unis, un donateur clé. Des données disponibles indiquent que cette baisse s’inscrit dans un réajustement des priorités budgétaires américaines, affectant les organisations humanitaires en Afrique. En décembre 2023, l’ONU signalait que 49,5 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et centrale étaient touchées par la faim, en partie à cause de financements insuffisants. En RCA, cela se traduit par des choix difficiles sur la répartition des ressources.

Le témoignage de Fordos Ahmat Doudou, une réfugiée soudanaise arrivée avec peu d’effets personnels, souligne l’importance de l’aide du PAM. « C’est ma seule aide », affirme-t-elle. Le PAM insiste sur l’urgence de renforcer les systèmes de protection sociale et les capacités locales. Par exemple, en partenariat avec l’ICASEES, 41 enquêteurs ont été formés pour surveiller les prix des marchés, améliorant ainsi l’analyse des besoins nutritionnels.

Des progrès fragiles

Le rapport du PAM montre des avancées concrètes: des enfants nourris à l’école, des terres cultivées, des communautés qui se relèvent. Ces efforts dépendent toutefois d’un soutien international continu. Le président Touadéra souligne que seule une collaboration entre le gouvernement et ses partenaires peut garantir des résultats durables. À Paoua, l’exemple de Simplice Beyo et de son groupe agricole témoigne du potentiel de la RCA à rebâtir, à condition que les ressources suivent….

Source: corbeaunews

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