Africa-Press – CentrAfricaine. En effet, au cœur de son programme électoral, Touadéra affirmait vouloir transformer la gouvernance en République centrafricaine grâce à la modernisation numérique. Digitalisation des services publics, transparence budgétaire renforcée, lutte contre la corruption: les promesses donnaient l’illusion d’un État moderne prêt à rompre avec les pratiques anciennes. Mais dès le départ, ces annonces n’étaient qu’un mirage, une stratégie de communication destinée à masquer le vrai visage du régime. Aucun diagnostic préalable n’avait été établi, aucun budget alloué, aucune expertise technique mobilisée. Comment digitaliser une administration quand la quasi-totalité du territoire n’a pas accès à l’électricité?
Or, la réalité du terrain démontre l’ampleur de cette supercherie. Aucun service public n’a été digitalisé. Les citoyens continuent de faire la queue pendant des heures pour obtenir un document administratif, souvent monnayé par la corruption. À la mairie centrale de Bangui, les employés utilisent encore des vieux ordinateurs des années 1996. Les rares ordinateurs installés dans certaines administrations sont symboliques, dépourvus de réseau fiable, incapables de fournir un service réel. La modernisation annoncée s’est réduite à des slogans, alors que l’État fonctionne toujours avec des registres manuscrits et des pratiques archaïques.
Pire encore, la transparence budgétaire, présentée comme une grande priorité, s’est transformée en opacité absolue. Les comptes publics ne sont jamais publiés, les dépenses de l’État échappent à tout contrôle citoyen, et les fonds tirés des ressources naturelles disparaissent dans les circuits opaques dominés par les alliés étrangers du régime. Le budget 2024 reste classé “confidentiel”, accessible uniquement aux proches du pouvoir. Les recettes minières et forestières transitent par des comptes offshore que personne ne contrôle. Promettre la transparence, puis livrer le chaos financier, voilà l’une des plus grandes contradictions de Touadéra.
Simultanément, cette opacité budgétaire permet tous les détournements imaginables. Les contrats publics se négocient en famille, sans appel d’offres transparent. Les ministres s’enrichissent ouvertement pendant que les fonctionnaires de certains départements attendent leurs salaires depuis des mois.
Conséquemment, au lieu d’un État numérique moderne, c’est un pouvoir autoritaire et verrouillé qui s’est imposé. L’argent public est géré dans le secret, les contrats miniers se signent dans l’ombre, et les institutions censées contrôler les finances sont réduites au silence. La Cour des comptes n’a publié aucun rapport depuis plusieurs années. L’Assemblée nationale vote des budgets qu’elle n’a jamais vus en détail.
Finalement, ce programme de gouvernance numérique, présenté comme une révolution, s’est révélé être une supercherie monumentale. Touadéra n’a ni digitalisé l’État ni instauré la transparence. Il a au contraire renforcé un système fondé sur l’opacité, l’enrichissement d’une minorité et le mépris des promesses faites au peuple centrafricain. Cette dérive n’est plus de l’incompétence: c’est de la manipulation politique assumée. Le président a compris qu’il était plus facile de gouverner dans l’ombre que sous le regard des citoyens. Sa “révolution numérique” n’était qu’un écran de fumée pour mieux dissimuler la captation des ressources publiques par son clan.
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