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Les tensions entre les employés centrafricains et les chinois atteignent un nouveau sommet sur le chantier du corridor 13 à Mbaïki. Cette fois, c’est une accusation de vol de carburant contre un conducteur de bulldozer qui a failli déclencher une grève générale des chauffeurs.
L’entreprise Sino Hydro pilote ces travaux routiers qui relient le sud-ouest depuis la frontière congolaise jusqu’à Bangui. Cette société n’avait jamais mené de projet routier avant de remporter cet appel d’offres face à d’autres entreprises chinoises pourtant plus expérimentées. Depuis le début du chantier, les frictions se multiplient entre les responsables chinois et les ouvriers centrafricains.
Cette semaine, un employé chinois chargé du ravitaillement en carburant a directement accusé un conducteur de bulldozer de voler du gasoil. L’homme visé s’appelle papa Kota. C’est un travailleur chevronné qui a passé des années chez Satom, l’ancienne entreprise de construction routière qui opérait partout au pays. Kota conduit des engins lourds depuis longtemps. Son expérience n’est plus à prouver.
Le Chinois affirme que ce bulldozer consomme trop de carburant par rapport aux autres machines. Selon lui, la seule explication possible serait le vol. Il a directement pointé Kota du doigt devant tout le monde. Les autres chauffeurs ont immédiatement réagi. Ils ont expliqué que le bulldozer de Kota est une vieille machine. Un engin ancien consomme forcément plus qu’un modèle récent. Accuser quelqu’un de vol sans vérifier l’état du matériel leur paraît absurde.
Les conducteurs ont rappelé qu’ils ne s’occupent que de la conduite. Toute la maintenance, les vidanges, le graissage, le nettoyage des machines, c’est l’équipe chinoise qui gère ces tâches. Les Centrafricains arrivent le matin, prennent le volant, font leur journée, garent le véhicule le soir et rentrent chez eux. Ils n’ont aucun accès aux réservoirs de carburant en dehors de leur temps de conduite. De plus, le chantier est surveillé en permanence par des gendarmes et des gardiens. Comment pourrait-on voler du gasoil dans ces conditions?
La colère est montée d’un cran. Les chauffeurs ont menacé de remettre immédiatement les clés de leurs véhicules aux Chinois et de rentrer chez eux. Le chantier risquait de se retrouver paralysé. Des discussions se sont ouvertes sur place. Les responsables ont tenté de calmer les esprits. Les négociations ont duré plusieurs heures. Finalement, les conducteurs ont accepté de reprendre le travail le jour même. Mais l’affaire laisse des traces.
Cette accusation arrive quelques jours seulement après un autre incident qui avait déjà enflammé le chantier. Un chef de chantier chinois avait jeté une pierre sur un conducteur qui s’était arrêté pour saluer un collègue. La pierre avait fracassé le pare-brise du camion. L’altercation avait été filmée et la vidéo avait circulé parmi les travailleurs. Beaucoup s’étaient demandé comment on pouvait en arriver à jeter des cailloux sur quelqu’un simplement parce qu’il prenait deux minutes pour dire bonjour à un ami.
Maintenant, avec cette histoire de carburant volé, c’est la deuxième fois en moins d’une semaine que les employés centrafricains se sentent humiliés. Les chauffeurs disent qu’ils supportent de plus en plus mal les méthodes de gestion chinoises. Les accusations sans preuve, les insultes, les menaces pour des broutilles. Tout cela crée un climat de travail détestable. Certains murmurent qu’ils préféreraient travailler pour une autre entreprise, même si les salaires étaient un peu moins intéressants.
Du côté de l’administration centrafricaine, rien ne bouge. Le ministère du Travail reste silencieux. L’inspection du travail n’a envoyé personne sur place pour vérifier les conditions d’emploi. Les plaintes s’accumulent, les vidéos circulent sur les réseaux sociaux, mais aucun responsable ne se déplace. Les fonctionnaires concernés croisent les bras pendant que les travailleurs endurent ces situations. Les conducteurs se demandent combien d’accusations infondées, combien de pare-brise brisés, combien d’humiliations il faudra encore avant qu’un responsable daigne intervenir
Source: Corbeau News Centrafrique
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