Africa-Press – CentrAfricaine. Face à une crise silencieuse mais grandissante aux frontières du Tchad et de la République centrafricaine, une initiative d’envergure régionale vient de voir le jour dans le département de la Grande Sido. Du 27 au 28 mai 2025, autorités, éleveurs, organisations internationales et experts se sont réunis à Maro pour lancer une plateforme de dialogue bilatéral inédite. Objectif: pacifier la transhumance transfrontalière et protéger les ressources naturelles menacées dans le bassin du Chari.
Depuis plusieurs années, la région frontalière entre le Tchad, la RCA et le Cameroun est le théâtre de tensions croissantes. L’explosion démographique, les impacts du changement climatique, et la pression exercée par un cheptel de plus en plus important transforment la mobilité pastorale en facteur de conflit.Sans accompagnement institutionnel ni cadre transfrontalier structuré, cette mobilité entraîne: des conflits communautaires récurrents,une dégradation alarmante des écosystèmes,le braconnage et la criminalité faunique,une pression accrue sur les parcs nationaux et les aires protégées.
Pour relever ce défi, le Programme d’Appui à l’Intégration régionale et à l’Investissement en Afrique centrale (PAIRIAC), financé par l’Union européenne, a réuni les parties prenantes autour d’une plateforme bilatérale de concertation. Cette structure vise à instaurer un cadre de gouvernance partagé entre le Tchad et la RCA pour: redynamiser l’accord transfrontalier de 2012, resté jusqu’ici peu opérationnel,mettre en place des mécanismes de régulation de la transhumance,harmoniser les politiques de gestion des ressources naturelles,et élaborer un plan d’action commun pour 2025.
Le projet PARTTAC, mis en œuvre par la FAO, travaille à améliorer la gouvernance de la mobilité pastorale en y intégrant les droits humains, l’égalité de genre et une vision transnationale impliquant aussi le Cameroun.
Parallèlement, l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) s’attèle à renforcer la protection des aires protégées, améliorer l’accès aux services pour les éleveurs, et réduire les tensions aux frontières sensibles.
Pour Fidel Kodé Ngolo, Secrétaire général de la province du Moyen-Chari, cette initiative marque une étape cruciale. ”Elle permettra de prévenir les conflits fonciers, améliorer la gouvernance locale, et promouvoir une cohabitation pacifique entre communautés. C’est aussi un pas décisif vers un développement inclusif et une gestion écologique du paysage du bassin du Chari.” a-t-il déclaré.
Close le 28 mai à Maro, la réunion a posé les bases d’un nouveau chapitre pour la gestion transfrontalière entre le Tchad et la RCA. Un espoir renouvelé pour les éleveurs, les communautés rurales et les défenseurs de la nature, à condition que les engagements pris se traduisent rapidement en actions concrètes.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press