Motos-taxis et armes illégales à Bangui : Une campagne audacieuse face à un défi de taille

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Motos-taxis et armes illégales à Bangui : Une campagne audacieuse face à un défi de taille
Motos-taxis et armes illégales à Bangui : Une campagne audacieuse face à un défi de taille

Africa-Press – CentrAfricaine. Dans les rues du quartier Malimaka, la Commission nationale de lutte contre les armes légères (KOMNAT-ALPC) lance une initiative qui intrigue autant qu’elle interroge: mobiliser les conducteurs de motos-taxis pour freiner la circulation d’armes illégales. Mais dans une ville où la méfiance et la violence sont monnaie courante, ce pari peut-il vraiment tenir?

Une idée qui séduit, mais qui demande à convaincre

Jean-Vincent Benda, porte-parole de la KOMNAT-ALPC, est catégorique: les motos-taxis, souvent victimes des violences armées, pourraient devenir des alliés précieux. Les chiffres donnent le vertige: 60 % des affrontements violents impliquent ces conducteurs, et dans le 5e arrondissement, une arme circule pour 50 habitants. La Commission veut transformer cette réalité avec une campagne de trois mois, mais le chemin s’annonce ardu. Former 500 conducteurs pour repérer les trafics, diffuser des messages en sango via des affiches et la radio, ou ouvrir une ligne téléphonique anonyme: l’approche est astucieuse, mais repose sur une confiance fragile. Dans une ville où dénoncer peut coûter cher, qui prendra le risque?

Pour répondre à ce défi, la KOMNAT met des garde-fous: des formations discrètes pour protéger les conducteurs, une ligne anonyme gérée par une équipe indépendante, et des messages conçus avec des leaders locaux pour parler directement aux habitants. « Ces conducteurs connaissent chaque coin de rue », insiste Benda. Reste à savoir si cette connaissance se traduira en action.

Des obstacles ancrés dans le quotidien

Le marché des armes, où un pistolet se vend autour de 50 000 FCFA, prospère dans l’ombre. Certaines communautés continuent de voir l’arme comme un symbole de statut. Un conducteur, marqué par la perte d’un proche dans une fusillade, confie qu’il redouble de prudence avec ses clients. Changer ces dynamiques en si peu de temps semble ambitieux, voire optimiste. La méfiance envers les autorités, nourrie par des années de promesses non tenues, complique encore la donne.

La KOMNAT contre-attaque avec des mesures ciblées: des réunions avec les chefs traditionnels pour déconstruire le prestige de l’arme, et une collaboration étroite avec les associations de motos-taxis pour bâtir un climat de confiance. Mais dans un pays où une arme circule pour 10 habitants – l’un des taux les plus élevés d’Afrique centrale –, ces efforts suffiront-ils à inverser la tendance?

Des ambitions mesurables, mais sous pression

La Commission ne s’arrête pas aux belles paroles. Elle annonce des opérations conjointes avec la gendarmerie pour saisir 200 armes d’ici six mois, la formation de 1 000 conducteurs d’ici 2026, et une réduction de 20 % des incidents armés dans les zones pilotes. Des cours dans les auto-écoles et une extension à Bimbo et Begoua d’ici fin 2025 sont aussi au programme. Des évaluations publiques sont prévues pour montrer les progrès, mais sans résultats rapides, la population, lassée des annonces, risque de rester sur la touche….

Source: corbeaunews

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