Bambari: Nouvelle Session Criminelle et Wagner

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Bambari: Nouvelle Session Criminelle et Wagner
Bambari: Nouvelle Session Criminelle et Wagner

Africa-Press – CentrAfricaine.
La Cour d’appel de Bambari s’apprête à ouvrir sa première session criminelle de 2025, la deuxième depuis les crises qui ont déchiré la préfecture de la Waka. Mais dans une région où les mercenaires russes dictent leur loi, la question de l’indépendance judiciaire se pose avec acuité.*
Enock Sanzé, procureur général de la Cour d’appel de Bambari, affiche une confiance. « Environ 25 dossiers » seront examinés, couvrant viols, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et meurtres. Parmi eux, des affaires liées aux violents affrontements de mai 2018 à Bambari, lorsque rebelles et forces de l’ordre s’étaient livré bataille dans les rues.

« Ces actes ne doivent pas rester impunis », martèle le procureur général. Une déclaration de principe louable, mais qui interroge: qui sera réellement jugé dans une région où Wagner et ses russes noirs opèrent en toute impunité depuis des années?

La Cour d’appel de Bambari croule sous les dossiers. Censée couvrir initialement trois préfectures (Nana-Gribizi, Kémo et Waka), elle doit désormais aussi traiter les affaires de Bangassou et Bria, dont les cours d’appel créées en juin dernier restent non opérationnelles. Des accusés d’Alindao (Basse-Kotto), et de Bangassou (Mbomou) seront ainsi jugés à Bambari, dans une concentration judiciaire qui interroge.

Sanzé reste évasif sur l’identité des accusés. « On ne peut pas vous dire avec exactitude si ces personnes figurent parmi les accusés », concède-t-il lorsqu’il est questionné sur les auteurs présumés des crimes dénoncés par les ONG. Cette opacité n’est pas anodine dans une région où les exactions des forces russes et de leurs alliés sont systématiquement documentées mais rarement poursuivies.

Interrogé sur la protection des victimes et témoins, le procureur général botte en touche: « Le magistrat n’est pas un homme qui a les armes, mais on a des bras armés qui sont les forces de l’ordre. » Ces mêmes forces de l’ordre qui, selon de nombreux témoignages recueillis par CNC, collaborent étroitement avec les mercenaires russes et participent souvent aux exactions qu’elles sont censées prévenir.

Son appel aux victimes sonne creux: « Il n’y a plus de peur maintenant, surtout que la sécurité est revenue dans le pays et précisément dans la préfecture de la Waka ». Une affirmation qui fait fi des réalités quotidiennes vécues par la population, coincée entre groupes armés, milices et mercenaires russes.

Cette session criminelle intervient dans un contexte particulier. Pendant que quelques accusés comparaîtront à Bambari, les véritables architectes de la violence qui ravage la région – qu’ils portent l’uniforme de l’État ou celui de Wagner – continuent leurs activités sans craindre la moindre poursuite.

Les 25 dossiers annoncés ne sont que la partie visible d’un iceberg de criminalité qui gangrène la préfecture de la Waka. La vraie question n’est pas de savoir si cette session aura lieu, mais si elle osera toucher aux intouchables qui, depuis des années, transforment cette région en zone de non-droit sous couvert de “restauration de la sécurité”.

Source: Corbeau News Centrafrique

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