Berengo: Faim et Brimades Russes des Ex-Rebelles 3R

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Berengo: Faim et Brimades Russes des Ex-Rebelles 3R
Berengo: Faim et Brimades Russes des Ex-Rebelles 3R

Africa-Press – CentrAfricaine. Le processus d’intégration des ex-rebelles vire au désastre dans le camp militaire de Berengo. Les anciens combattants du mouvement 3R, censés bénéficier d’une formation professionnelle suite à l’accord d’avril dernier, endurent la faim et les maltraitances quotidiennes des instructeurs russes du groupe Wagner. Leur seule nourriture: des boules de manioc servies quotidiennement.

Le camp d’entraînement militaire de Berengo, situé à 80 kilomètres de Bangui, dans la préfecture de la Lobaye, est devenu un centre de torture morale et psychologique. Les ex-combattants du mouvement 3R actuellement en formation y subissent des conditions d’existence particulièrement rudes.

Ces hommes, après leur désarmement, ont été intégrés dans le programme de formation militaire, et peinent à ce jour à se nourrir convenablement. Leur quotidien alimentaire se limite à un seul plat : les boules de manioc accompagnées de feuilles de manioc préparées avec de l’huile de palme, du sel et un peu de pâte d’arachide. Ce régime monotone, servi jour après jour, épuise moralement les stagiaires qui espéraient des conditions plus acceptables lors de leur engagement dans le processus de démobilisation.

La disette alimentaire atteint un niveau critique. Face à cette pénurie, les ex-rebelles ont contacté leur coordinateur, Sembé Bobo, plus connu sous le nom de Bobo, actuellement établi à N’Djamena. Ils lui ont demandé une aide financière urgente pour acheter de quoi se nourrir. Leur patron a répondu à cet appel de détresse en leur transférant 300 000 francs CFA, somme qui leur permet de tenir provisoirement.

Les conditions de vie difficiles s’ajoutent aux méthodes d’instruction particulièrement violentes employées par les mercenaires russes chargés de leur formation. Ces derniers imposent aux stagiaires des épreuves qu’ils présentent comme des “baptêmes” destinés à distinguer les véritables combattants. Parmi ces exercices figure le défrichement de vastes espaces avec des machettes intentionnellement rendues inutilisables, aux lames émoussées qui ne coupent rien.

Les ex-combattants reçoivent ces outils défaillants et doivent accomplir des tâches impossibles. Lorsqu’ils tentent de défricher l’herbe, les lames refusent de trancher quoi que ce soit. Ils signalent le problème aux instructeurs russes, expliquant que les machettes ne fonctionnent pas. La réponse demeure invariable: “Il faut travailler, il faut faire. C’est le moment de connaître celui qui est homme et celui qui ne l’est pas. On n’est pas dans votre brousse là-bas, on est ici.”

Cette pression constante vise davantage l’humiliation que la formation professionnelle. Les mercenaires russes rappellent régulièrement aux stagiaires leur passé de rebelles. “Vous faisiez la gueule dans vos brousses, maintenant c’est différent”, leur lancent-ils fréquemment. Cette approche traduit une volonté de revanche plutôt qu’un objectif pédagogique réel.

Les ex-rebelles perçoivent ces épreuves comme une stratégie délibérée pour les briser psychologiquement. Pourtant, malgré la faim tenace et les brimades quotidiennes, ils maintiennent leur présence au camp. Ils endurent ces difficultés, déterminés à achever leur formation. L’essentiel pour eux reste de terminer le programme d’instruction et d’obtenir leur intégration définitive dans les forces régulières.

Cette nouvelle promotion n’est pas la première à traverser de telles épreuves. Lors d’une vague précédente de formation, neuf ex-combattants avaient fui le camp de Berengo, incapables de supporter plus longtemps les traitements qu’ils subissaient. Ces hommes ont disparu dans la nature sans que personne ne connaisse leur localisation actuelle. Leur départ avait déjà alerté sur les problèmes du processus de réintégration, sans que des corrections soient apportées.

Le programme d’intégration des ex-rebelles découle de l’accord de cessation d’hostilités signé le 19 avril entre le gouvernement centrafricain et les mouvements 3R et UPC d’Ali Darassa. Cet accord prévoyait le désarmement progressif des combattants et leur incorporation dans l’armée régulière. Le processus, lancé en juin, devait pacifier les territoires contrôlés par ces groupes armés et ramener la stabilité dans les régions longtemps troublées.

Les réalités du terrain contredisent les espoirs nourris par cet accord. Les méthodes employées à Berengo questionnent profondément l’approche choisie pour transformer d’anciens adversaires en soldats loyaux. Former des hommes sortant d’années de conflit nécessite des compétences particulières et une approche psychologique adaptée. Les techniques de brimade et d’humiliation produisent l’effet inverse de celui recherché, créant des traumatismes supplémentaires chez des personnes déjà marquées par la violence.

Le moral des stagiaires subit les contrecoups de ces conditions difficiles. Leur adhésion au processus de réintégration s’effrite progressivement. Sans amélioration rapide de leur situation, d’autres départs risquent de se produire dans les semaines à venir, fragilisant davantage un processus de paix déjà fragile.

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