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Les populations de Boda en ont assez. Elles réclament le départ des mercenaires russes accusés de tous les maux. Leur cri de détresse a trouvé un écho auprès du sous-préfet qui a eu le courage de porter leur voix jusqu’au sommet de l’État.
Dans la préfecture de la Lobaye, à Boda précisément, l’heure n’est plus aux murmures dans les Nganda. Les langues se délient et les accusations pleuvent contre les mercenaires russes présents dans la localité. Vols à répétition, pillages des particuliers, violences contre les femmes… La coupe est pleine pour ces populations qui n’en peuvent plus.
Il y a quelques jours, le sous-préfet de Boda a convoqué une réunion avec toutes les autorités administratives de sa circonscription. Autour de la table, les langues se sont déliées. Chacun y est allé de son témoignage sur l’insécurité qui gangrène la ville. Les griefs contre les hommes en treillis venus de Russie ont été énumérés sans détour.
Au terme de ces échanges, le sous-préfet a pris sa plume. Dans un rapport circonstancié, il a consigné noir sur blanc les doléances de ses administrés. Les populations exigent tout simplement le départ des mercenaires russes qu’elles accusent de semer la terreur dans leurs quartiers.
Ce document explosif a pris le chemin du palais présidentiel. Première étape: le bureau de M. Donatien Maleyombo, chef de cabinet du président Faustin-Archange Touadéra. Intrigué par le contenu du rapport, Maleyombo a aussitôt contacté la préfète de la Lobaye pour en savoir davantage.
Surprise ! La préfète affirme ne rien savoir de cette affaire. Comment une autorité de ce niveau peut-elle ignorer ce qui se passe dans sa juridiction? La question mérite d’être posée. Toujours est-il qu’elle a réclamé une copie du rapport que M. Maleyombo s’est empressé de lui faire parvenir.
Dans les couloirs de l’administration, on salue le courage du sous-préfet de Boda. Oser dire la vérité sur les agissements des mercenaires russes, c’est prendre le risque de se mettre à dos certains cercles du pouvoir. D’ailleurs, le bonhomme ne fait pas l’unanimité parmi ses pairs. Des tensions existent déjà avec certains de ses collègues.
Mais qu’importe ! L’homme a choisi son camp: celui de ses administrés qui souffrent en silence. Une posture qui force le respect, même si elle lui vaut quelques inimitiés.
Voilà bien la question qui taraude tous les esprits. Dans ce pays où les rapports ont la fâcheuse tendance à s’évaporer dans les méandres de l’administration, rien n’est moins sûr. Combien de documents de ce genre finissent leur course dans les tiroirs des secrétaires particuliers?
Et même si le président Touadéra venait à prendre connaissance de ce rapport, que ferait-il? L’homme n’a pas l’habitude de s’épancher publiquement sur ces questions sensibles. Son silence légendaire laisse peu d’espoir quant à une réaction publique.
À Berberati déjà, l’année dernière, des rapports similaires avaient été transmis aux autorités compétentes. Résultat: le néant total. Aucune mesure concrète n’a été prise. Les mercenaires du groupe Wagner continuent leurs petites affaires, protégés par l’argument fallacieux de Touadera selon lequel qu’ils contribuent à la sécurité du pays.
À Boda, les choses bougent pourtant. Le chef des mercenaires russes de la localité ne semble plus aussi sûr de lui. Des sources concordantes parlent d’un homme visiblement inquiet de la tournure que prennent les événements.
Des rumeurs persistantes évoquent même son possible remplacement dans les jours à venir. Une décision qui ne serait pas forcément liée au rapport du sous-préfet, mais plutôt à une réorganisation interne des forces russes.
Les populations de Boda retiendront leur souffle. Leur message est passé. Reste à savoir si leurs dirigeants auront le courage de l’entendre et d’agir en conséquence….
Source: Corbeau News Centrafrique
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