Détournement de 3,5 millions par jour à l’ANE

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Détournement de 3,5 millions par jour à l'ANE
Détournement de 3,5 millions par jour à l'ANE

Africa-Press – CentrAfricaine.
Chaque scrutin mobilise une logistique complexe nécessitant le recrutement temporaire de nombreux agents. Ces opérations ponctuelles, financées par des budgets exceptionnels, offrent parfois des opportunités de détournement à des responsables peu scrupuleux qui profitent de l’urgence électorale pour agir discrètement.

La manipulation des équipements de vote exige une main-d’œuvre spécialisée et disponible. C’est dans ce contexte que l’autorité nationale des élections avait négocié avec le Programme des Nations Unies pour le développement un tarif journalier de 25 000 francs CFA par manutentionnaire. Ce montant devait permettre la gestion des isoloirs, urnes et autres matériels indispensables au processus électoral.

Les contraintes budgétaires du partenaire international ont modifié la donne. Le PNUD a proposé un ajustement tarifaire ramenant la rémunération à 12 500 francs CFA par personne et par jour, environ 20 euros. L’accord final portait sur 52 manutentionnaires, générant une dépense quotidienne de 10 400 euros, soit 7 millions de francs CFA.

La commissaire à la logistique Mme Tanga et Me Morouba ont alors élaboré un dispositif discret. Au lieu d’organiser un recrutement clair , ils ont privilégié leurs proches parents ainsi que ceux de certains commissaires complices. Cette sélection fermée écartait toute candidature extérieure au cercle des bénéficiaires choisis.

Le montage financier repose sur un double tarif. Le PNUD verse effectivement 12 500 francs CFA par manutentionnaire selon le contrat signé. Mais les personnes recrutées par l’ANE ne percevraient que 6 500 francs CFA chacune. La différence de 6 000 francs CFA par individu et par jour disparaît dans un circuit parallèle non documenté officiellement.

Avec 52 manutentionnaires concernés, le détournement atteint 312 000 francs CFA quotidiennement, soit environ 3,5 millions de francs CFA par semaine électorale. Cette somme représente exactement la moitié du budget alloué par l’organisation internationale pour la manutention du matériel de vote.

Des agents de l’ANE ont découvert l’opération par hasard. Certains documents contractuels et échanges écrits concernant cet arrangement ont ensuite circulé sur les réseaux sociaux. Les contrats mentionnant les vrais tarifs et les discussions entre responsables sont désormais accessibles publiquement, exposant le mécanisme mis en place.

Pour masquer l’affaire après la fuite, les protagonistes auraient fabriqué de nouvelles factures conformes aux montants acceptés par le PNUD. Ils procèdent maintenant à des recrutements supplémentaires afin de donner une apparence de régularité aux opérations, tout en maintenant le système de rémunération réduite pour leurs proches.

L’autorité nationale des élections doit désormais choisir entre deux options. Elle peut lancer un appel à candidatures officiel en respectant les 12 500 francs CFA convenus avec le partenaire international. Ou bien elle conserve les parents déjà recrutés en les payant 7 500 francs CFA, ce qui permettrait de poursuivre le prélèvement sur les fonds électoraux pendant toute la durée des opérations de vote.

Source: Corbeau News Centrafrique

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