Cité de Golf: Détournement de Fonds Publics à Bangui

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Cité de Golf: Détournement de Fonds Publics à Bangui
Cité de Golf: Détournement de Fonds Publics à Bangui

Africa-Press – CentrAfricaine.
Un quartier de standing révélateur: La cité de golf de Bangui s’est transformée en un véritable étalage de richesses mal acquises. Dans ce quartier huppé situé à la sortie nord de la capitale centrafricaine, les villas de luxe poussent comme des champignons, témoignant d’une concurrence effrénée entre les dignitaires du régime pour exhiber leur fortune.

Au cœur de cette cité de golf, deux imposants immeubles se dressent face à face, symbolisant cette course au prestige. Ces duplexes et triplexes de haut standing appartiennent à Simplice Mathieu Sarandji, président de l’Assemblée nationale, construits par l’entreprise Semence. Leurs façades rutilantes narguent la population qui peine à survivre dans une capitale dépourvue d’infrastructures de base.

Cette concentration de richesses dans la cité de golf s’étend naturellement aux artères adjacentes. La rue des ministres: En empruntant la rue qui sépare ces deux bâtiments, on découvre rapidement que la cité de golf abrite tout un écosystème de dirigeants politiques. À quelques centaines de mètres, se dresse le nouveau duplexe d’Ernest Mada, ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement, figure emblématique des détournements de fonds publics selon les observateurs.

Plus loin, Évariste Ngamana, premier vice-président de l’Assemblée nationale, a également fait ériger son triplexe à étages dans cette cité de golf. Ces constructions luxueuses contrastent violemment avec l’état de délabrement des infrastructures publiques du pays.

L’implantation de ces dignitaires dans la cité de golf ne s’arrête pas aux seuls ministres. Le président Faustin-Archange Touadera et son cercle: La cité de golf accueille également la somptueuse villa du président Faustin-Archange Touadéra. Cette résidence présidentielle privée côtoie celle du directeur général de SOCAPS, celle de Mathurin Dimbélé Nakoé, personnalité régulièrement épinglée pour ses pratiques de fausses factures et de détournement de biens publics.

Dans le même périmètre de la cité de golf, Arthur Piri, ministre de l’Énergie et neveu du président, a fait construire son propre immeuble. Il y’a aussi Bienvenu Zokoué, directeur général de la police y construit son duplexe. Cette concentration familiale et politique dans un même quartier démontre l’accaparement systématique des ressources nationales par un cercle restreint de dirigeants.

Ce phénomène de concentration immobilière dépasse largement les limites de la seule cité de golf. Un inventaire accablant: Au-delà de la cité de golf, le phénomène s’étend à d’autres quartiers privilégiés de Bangui. Dans le 4ème arrondissement, autour de la résidence officielle du chef de l’État, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller du président, trône dans sa résidence de sept étages, construite depuis l’époque de François Bozizé.

Le général d’armée Zéphyrin Mamadou, chef d’État-major, possède à lui seul quatre immeubles dans la capitale, tandis que son épouse Patricia Mamadou en détient également quatre. Cette accumulation patrimoniale s’étend même aux institutions: la première vice-présidente du Conseil constitutionnel et le directeur des élections à la MINUSCA ont chacun leur immeuble personnel dans la capitale.

Ces richesses ostentatoires dans la cité de golf, cité de belle vue et ailleurs créent un contraste saisissant avec la réalité du pays. Le paradoxe de la cité de golf: Pendant que ces palais sortent de terre dans la cité de golf et ses environs, financés par l’argent des bailleurs internationaux (Banque mondiale, Union européenne), les Centrafricains ordinaires évoluent sur des routes défoncées, sans électricité ni services publics fonctionnels. Cette cité de golf est devenue le symbole d’un système où les fonds destinés au développement du pays sont systématiquement détournés vers l’enrichissement personnel des dirigeants.

Touadéra lui-même a fait construire plus de sept immeubles dans différents quartiers de la capitale, transformant Bangui en son patrimoine immobilier privé. La cité de golf n’est que la partie visible de cet iceberg de corruption institutionnalisée.

Malgré cette situation révoltante, la population a développé sa propre lecture de cette réalité. L’ironie populaire: Face à ce spectacle, la population centrafricaine a développé une forme de résignation teintée d’ironie. “Ce qu’ils font là est bien”, murmurent certains habitants, “dans peu de temps, tout reviendra à l’État. Ces bâtiments deviendront des écoles, des universités, des centres de formation.”

Cette philosophie populaire cache une amertume profonde: celle de voir l’argent public, censé améliorer leurs conditions de vie, servir à édifier les demeures luxueuses de ceux qui les gouvernent dans la cité de golf et ailleurs.

La réalité de la cité de golf de Bangui montre ainsi l’ampleur d’un système de prédation qui transforme les responsables publics en propriétaires terriens, au détriment du développement national. Un audit exhaustif de ces constructions s’impose pour mesurer l’étendue réelle de ces détournements et engager les responsabilités de chacun.

Source: Corbeau News Centrafrique

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