Évariste Ngamana Révèle Investiture de Touadéra

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Évariste Ngamana Révèle Investiture de Touadéra
Évariste Ngamana Révèle Investiture de Touadéra

Africa-Press – CentrAfricaine. Évariste Ngamana, président de l’Assemblée nationale et porte-parole du Mouvement Cœurs Unis, vient de faire une déclaration qui confirme ce que beaucoup soupçonnaient: les élections de décembre ne serviront qu’à valider une décision déjà prise par le parti au pouvoir.

Interrogé sur la radio Ndèkè -Luka sur les préparatifs électoraux du MCU, Ngamana a déclaré sans ambiguïté: “En ce qui concerne le président de la République, lors du dernier congrès du mouvement Cœurs Unis, il a été investi Président, pardon, en tant que candidat du mouvement Cœurs Unis pour l’élection présidentielle”.

Cette phrase peut sembler anodine, mais elle porte un message clair : le congrès du MCU du 26 juillet dernier a “investi” Touadéra comme président. Pas comme candidat à la présidence, mais comme président. Le scrutin du 28 décembre ne servira qu’à entériner formellement une décision déjà prise dans les instances du parti. Sa déclaration n’était pas une erreur de langage, mais une vérité.

Évariste Ngamana en a profiter pour saluer la convocation du corps électoral par Touadéra, affirmant que cette décision “cadre bien avec les dispositions en vigueur, notamment celle de la Constitution du 30 août 2025 ainsi que du code électoral qui prévoit que le corps électoral puisse être convoqué dans un délai de 90 jours.”

Cette référence au respect formel du délai de 90 jours ignore toutes les violations substantielles du processus: listes électorales non affichées, fichier électoral inaccessible, Constitution discriminatoire, institutions électorales aux ordres du pouvoir.

Le premier vice-président de l’Assemblée nationale Évariste Ngamana a également affirmé que “la liste électorale définitive est déjà là. C’est mis en ligne et c’est disponible au niveau de l’Autorité Nationale des Élections”. Confronté à l’objection évidente – comment les citoyens de l’arrière-pays peuvent-ils consulter une liste en ligne quand ils n’ont ni électricité ni internet? Évariste Ngamana a répondu évasivement que “les citoyens auront en temps voulu les cartes d’électeurs puisque c’est un processus”.

Cette réponse ne répond à rien. Les citoyens ne demandent pas seulement leurs cartes d’électeurs, ils veulent pouvoir vérifier leur inscription sur les listes avant le scrutin, comme le prévoit le code électoral.

Sur la question d’un éventuel report du scrutin, Évariste Ngamana s’est montré catégorique: “Il est hors de question de parler ici de report. C’est dans la logique de ceux qui en face pensent que nous devons de tout temps penser au report ou à l’annulation pure et simple des élections”.

Il a accusé l’opposition de “tergiverser” comme en 2020, ajoutant: “Puisque la machine est en marche, nous les invitons à nous rejoindre pour que nous allons aux urnes et qu’il n’y a que les urnes qui puissent nous départager.”

Cette invitation sonne creux quand le régime refuse toutes les conditions minimales de transparence demandées par l’opposition.

Concernant les violations du code électoral dénoncées par les observateurs, le vice-président de l’Assemblée nationale Évariste Ngamana a balayé ces critiques: “Ceux qui le pensent, c’est parce qu’ils sont dans d’autres logiques. Ils allèguent des dialogues dont ils ne mettent ni les tenants ni les aboutissants. C’est une manière de faire du dilatoire et nous, on n’a pas le temps pour cela”.

Cette réponse méprisante ignore les arguments juridiques précis avancés par l’opposition sur l’absence d’affichage des listes, les contradictions constitutionnelles, et les dysfonctionnements de l’ANE.

Sur la question du dialogue avec le BRDC, Évariste Ngamana a adopté un ton particulièrement agressif. Il a accusé l’opposition de “manipulation” et de chercher à créer “un vide constitutionnel” en demandant que le dialogue prenne du temps.

Il a également rejeté la demande d’un médiateur international: “Nous sommes un pays souverain et il faut arrêter de l’infantiliser. Je pense que l’opposition doit tirer leçon de son propre comportement. Elle est en train d’être victime de sa propre turpitude.”

Cette rhétorique agressive vise à disqualifier toute demande de l’opposition comme une manœuvre dilatoire. Mais demander un dialogue sincère avant des élections n’a rien d’exceptionnel. C’est même la recommandation de l’Union africaine et de la communauté internationale.

Évariste Ngamana a conclu avec une attaque personnelle contre les leaders de l’opposition: “On est fatigué de cette manière de faire la politique dans notre pays. La politique politicienne n’a plus sa place. Il est temps pour eux de prendre leur retraite parce qu’ils n’ont plus rien à proposer au peuple centrafricain”.

Cette invitation à la retraite adressée aux opposants confirme que le régime ne conçoit pas la démocratie comme un système où plusieurs visions peuvent s’affronter pacifiquement, mais comme un espace où seul le MCU a le droit d’exister.

L’interview de monsieur Évariste Ngamana dresse le portrait d’un régime sûr de lui, méprisant envers l’opposition, et déterminé à organiser son élection selon ses propres règles sans aucune concession.

Sa déclaration initiale sur l’investiture de Touadéra par le congrès du MCU résume parfaitement la situation : le résultat est déjà connu, le scrutin du 28 décembre ne servira qu’à le formaliser. Les Centrafricains sont invités à voter pour entériner une décision déjà prise par le parti au pouvoir.

Cette conception des élections comme simple validation populaire d’un choix partisan montre la dérive autoritaire du régime MCU qui transforme progressivement la République centrafricaine en État à parti unique où l’opposition n’a plus sa place.

Source: Corbeau News Centrafrique

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