Ex-rebelle Congolais Candidat du MCU à Bégoua

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Ex-rebelle Congolais Candidat du MCU à Bégoua
Ex-rebelle Congolais Candidat du MCU à Bégoua

Africa-Press – CentrAfricaine. Dans la circonscription de Bimbo 4, un homme surnommé “chef de terre” brigue un siège de député sous la bannière du Mouvement des Cœurs Unis. Son itinéraire criminel et politique mérite qu’on s’y attarde pour expliquer aux centrafricains ce que Touadera et son clan veulent désormais faire à notre pays.

Ce ex-rebelle congolais s’appelle Marius Dimba. Il habite depuis des années du côté de Zako, près de Bégoua, à la sortie nord de la capitale Bangui. Cet ex-rebelle congolais n’a pourtant aucune attache centrafricaine par le sang. Il vient de la République démocratique du Congo, appartient à la communauté Banyamulengué, et son arrivée en Centrafrique remonte à l’époque du Président Patassé. Cet homme n’est ni centrafricain de père, ni centrafricain de mère. En plus il ne dispose d’aucun diplôme.

Pour comprendre les faits, il faut remonter dans l’histoire. Rappelons-le, Lorsque le président Ange Félix Patassé se trouvait menacé par les rebelles de François Bozizé au début des années 2000, il fit appel aux troupes de Jean-Pierre Bemba venues du Congo RDC voisin. Marius Dimba faisait partie de ces combattants congolais dépêchés pour défendre le régime en place à cette époque. Il n’était pas un simple rebelle parmi d’autres: c’est un expert en conduite militaire. Il conduisait un véhicule militaire spécial, un gros camion militaire que les Centrafricains avaient baptisé “Soukou mbangba”, ce qui signifie “joues gonflées”. Ce surnom venait probablement de l’apparence massive de l’engin, difficile à manœuvrer et que peu de gens savaient piloter correctement.

Quand les forces de Bozizé réussirent finalement à entrer dans la capitale, elles capturèrent Dimba vivant avec nombreux de ses compagnons congolais qui sont en suite tous tués à cette époque. Normalement, les rebelles de Bozizé voudrais le tuer également, mais il a eu la chance de sa vie. Son sort aurait dû être le même que celui de ses camarades tombés sous les balles. Mais un détail à tout changer: personne d’autre ne savait conduire ce fameux camion militaire Soukou mbangba. Un lieutenant des libérateurs, monsieur Dekabona qui vivait vers le secteur de Mpoko, récupéra à la fois le véhicule et son chauffeur. Plutôt que de l’éliminer, il décida de garder Dimba en vie uniquement pour cette compétence technique rare.

Ce militaire transforma ensuite le camion en outil commercial. Il commença à faire du trafic de marchandises et des passagers avec ce camion entre Bangui et des villes de province, notamment vers Bossangoa. Dimba assurait ces trajets incessants au volant du Soukou mbangba, allant et venant sur les routes chaotique du pays. C’est ainsi qu’il put rester sur le territoire centrafricain au lieu d’être renvoyé au Congo ou éliminé comme ses anciens compagnons d’armes.

Les années passèrent et Dimba s’installa durablement dans le quartier de Bégoua. Sous le règne de Bozizé, il commença à rendre d’autres services, notamment dans le domaine du renseignement. Bozizé et son clan découvrirent qu’il pouvait fournir des informations utiles sur différentes personnes et différents milieux. Faustin Archange Touadéra, qui était alors Premier ministre de Bozizé, travailla avec lui durant cette période. Ils se connaissaient donc depuis longtemps.

Quand Touadéra devint président de la République à son tour en 2016, il continua d’utiliser Dimba comme source d’information. Le Congolais recevait de l’argent en échange des renseignements qu’il transmettait. Sani Yalo, figure importante du MCU, l’employait également dans ce rôle. Dimba percevait donc des sommes des deux côtés pour ses activités d’indicateur, naviguant entre différents cercles du pouvoir et rapportant ce qu’il apprenait.

Mais ses activités ne s’arrêtaient pas là. Dimba pratique également ce qu’on appelle communément le maraboutisme ou la sorcellerie. Il effectue régulièrement des voyages en RDC d’où il rapporte des grigris et des préparations mystiques. Selon plusieurs témoignages, il fournit ces services occultes à des personnalités haut placées du régime, dont Touadéra et Sani Yalo eux-mêmes. Dans un pays où les pratiques traditionnelles gardent une influence considérable, même dans les sphères du pouvoir, cette dimension de ses activités lui confère une position particulière.

Fort de ces différentes casquettes – ancien rebelle reconverti, chauffeur, informateur rémunéré, féticheur – Dimba décida de franchir un nouveau cap en se présentant aux élections législatives. Il s’inscrivit aux primaires du Mouvement des Cœurs Unis, le parti du président Touadéra, pour la circonscription de Bégoua. Son adversaire était le directeur adjoint de la douane, personnage influent dans la zone. Les électeurs du MCU choisirent ce dernier plutôt que Dimba.

Normalement, après une telle défaite lors des primaires, un candidat se retire et soutient le vainqueur désigné par le parti. Dimba n’en fit rien. Il maintint sa candidature en se déclarant indépendant tout en restant affilié au MCU. Cette situation crée une concurrence interne entre deux prétendants du même bord politique dans la même circonscription, ce qui divise mécaniquement les voix favorables au parti présidentiel.

La question la plus bouleversante demeure celle de sa nationalité. Comment un Congolais sans aucune ascendance centrafricaine peut-il légalement se porter candidat à l’Assemblée nationale? La constitution et les lois électorales du pays imposent normalement la nationalité centrafricaine pour briguer un mandat de député. Pourtant, Dimba a réussi à constituer un dossier de candidature qui fut accepté par les instances électorales. Ce dossier contient notamment un diplôme de baccalauréat dont l’origine provoque de nombreuses questions. Où et quand a-t-il obtenu ce diplôme? Dans quel établissement? Les vérifications habituelles sur l’authenticité des documents ont-elles été effectuées?

Au-delà de ces aspects administratifs, le passé d’indicateur de Dimba laisse des traces douloureuses. Plusieurs personnes ont été arrêtées, emprisonnées, voire pire, suite aux informations qu’il a transmises aux autorités. Dans un pays où les accusations de complot ou de rébellion peuvent mener à des conséquences graves, le rôle d’informateur comporte une responsabilité morale écrasante.

Les habitants de Bimbo 4 se retrouvent donc face à un choix singulier pour les représenter à l’Assemblée nationale. D’un côté, le candidat officiel du MCU, de l’autre, cet ancien combattant congolais aux multiples facettes qui refuse de s’effacer malgré sa défaite aux primaires. Certains électeurs connaissent son histoire, d’autres ignorent tout de son parcours depuis l’époque des rebelles de Bemba jusqu’à aujourd’hui.

Dans les rues de Bégoua, certains habitants murmurent qu’ils connaissent “chef de terre” depuis longtemps, qu’ils savent d’où il vient et ce qu’il a fait. D’autres découvrent seulement maintenant l’ampleur de son itinéraire. La perspective de voir un Congolais Banyamulengue, ancien rebelle de Bemba, ancien informateur, représenter des Centrafricains à l’hémicycle laisse perplexe même ceux qui soutiennent habituellement le parti au pouvoir.

Source: Corbeau News Centrafrique

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