KNK Demande Report des Élections et Dialogue Inclusif

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KNK Demande Report des Élections et Dialogue Inclusif
KNK Demande Report des Élections et Dialogue Inclusif

Africa-Press – CentrAfricaine.
Le président intérimaire du parti KNK a profité de la visite du représentant personnel d’Antonio Guterres pour dresser un réquisitoire contre la gestion des crises en Centrafrique et réclamer un nouveau délai électoral.

Dans une déclaration solennelle adressée au Secrétaire Général Adjoint de l’ONU, Elie Ouéifio, président intérimaire du parti Kwa Na Kwa (KNK), a exprimé de sérieuses réserves sur la tenue des élections groupées prévues le 28 décembre 2025, tout en plaidant pour un dialogue national inclusif qu’il présente comme la seule voie vers une paix durable.

S’exprimant devant le représentant personnel d’Antonio Guterres, Elie Ouéifio a rendu hommage aux efforts déployés par l’ONU depuis 1996 pour restaurer la paix en Centrafrique, avant d’établir un constat d’échec. Selon lui, malgré des “efforts multiformes et colossaux”, le pays n’a pas retrouvé la stabilité espérée, faute de “thérapies adaptées et adéquates” aux diagnostics posés.

Le président intérimaire du KNK a énuméré plusieurs occasions manquées de pacification, citant notamment les directives de l’ancienne représentante spéciale Marguerite Voks au temps du BINUCA, diverses missions de médiation auprès des groupes armés (Baba Laddé à Kaga-Bandoro, Abdoulaye Miskine avec Antonio Guterres lui-même à Paoua), et les négociations avec l’APRD, l’UFDR et les 3R.

Élie Ouéifio a particulièrement insisté sur la demande formulée par Sidiki Abass des 3R à Bouar avant les élections de 2020, réclamant un désarmement général suivi d’un dialogue inclusif, proposition restée sans suite selon lui.

Le leader du KNK a identifié deux facteurs expliquant l’inefficacité des interventions onusiennes. D’une part, la combinaison entre la souveraineté étatique centrafricaine et la crise de confiance avec l’ancienne puissance coloniale française empêcherait les dossiers centrafricains d’être correctement présentés au Conseil de Sécurité de l’ONU.

D’autre part, il pointe un décalage entre les objectifs de création de l’ONU, bannir les conflits et promouvoir la paix, et leur mise en œuvre opérationnelle sur le terrain, donnant lieu à une “interprétation erronée” de la mission onusienne.

Tout en affirmant ne pas s’opposer aux élections du 28 décembre, le KNK émet de fortes réserves sur leur organisation. Élie Ouéifio a rappelé que l’Autorité Nationale des Elections (ANE) avait elle-même annoncé le 7 mai 2025, après une réunion avec le cadre de concertation des élections, un report à 2026 pour diverses raisons, notamment financières.

Le parti s’interroge sur le “miracle” qui aurait permis de revenir sur cette décision, alors que le président Touadéra continue d’évoquer publiquement l’indisponibilité des fonds attendus. Queifio soulève plusieurs questions techniques: la sensibilisation suffisante des électeurs majoritairement analphabètes au système de vote groupé, l’état des listes électorales toujours en attente, et la publication des bureaux de vote qui devrait intervenir soixante jours avant le début des campagnes selon les dispositions légales.

Le président intérimaire du KNK a également interpellé la médiation de l’ONU sur l’absence apparente de démarches auprès de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC). Alors que des bons offices ont permis aux 3R et à l’UPC d’adhérer aux processus de paix, Élie Ouéifio demande si un travail similaire a été entrepris avec la CPC, qui regroupe notamment l’ancien président François Bozizé et de nombreux militaires “en pleins soucis constants pour leurs enfants, femmes et parents”.

Cette question, selon lui, mériterait d’être communiquée au “peuple souverain” si des raisons particulières justifient cette différence de traitement.

Face à ces interrogations, le KNK demande officiellement au Secrétaire Général Adjoint de l’ONU d’envisager avec le président Touadéra “l’éventualité d’un décalage de quelques mois seulement” des élections, afin de permettre à l’ANE de “rattraper des situations ratées”. Citant un dicton centrafricain, Queifio affirme qu’“un jour de plus ne pourrit jamais le rat”.

Ce délai supplémentaire permettrait également, selon lui, aux partenaires financiers de revoir avec l’ANE les modalités de proclamation des résultats à l’ère technologique, suggérant que les résultats soient transmis par smartphones androïdes dès la fin des dépouillements par tous les représentants des candidats.

Quelle que soit l’issue du scrutin, le KNK réaffirme sa position historique en faveur d’un dialogue national inclusif, présenté comme “seul gage d’une paix durable en Centrafrique”. Elie Ouéifio cite en exemples le Rwanda, l’Afrique du Sud, l’Allemagne et la France pour justifier cette approche.

Dans sa vision post-électorale, le parti estime que les Centrafricains devront être “appelés à un dialogue inclusif pour exorciser les démons de la division et des crises”, tout en maintenant les questions de réparations et dommages qui relèvent de la justice.

Cette déclaration du KNK intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de l’organisation des élections groupées, et constitue une prise de position publique majeure d’un parti d’opposition face à la communauté internationale représentée par l’ONU.

Source: Corbeau News Centrafrique

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