Africa-Press – CentrAfricaine. L’accord de paix du 19 avril 2025 à Ndjamena relance le débat sur la gestion des groupes armés en République centrafricaine.
L’accord de paix signé le 19 avril 2025 à Ndjamena entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés UPC et 3R continue de diviser. Paul-Crescent Beninga, enseignant-chercheur à l’Université de Bangui et porte-parole du GTSC, a exprimé ses réserves lors de l’émission Patara sur la radio Ndékè Luka. Pour lui, cette politique gouvernementale transforme la violence en “passeport politique” au bénéfice des rebelles centrafricains.
L’universitaire remet en question la stratégie qui consiste à intégrer les leaders rebelles dans l’administration et l’armée. Ali Darassa de l’UPC et Bobo du 3R, figures centrales de ces mouvements armés, bénéficient de postes selon les termes de l’accord. Beninga considère que cette approche fait de la violence “un moyen d’accès à l’arène politique”. Ces personnalités, impliquées dans des exactions documentées, reçoivent des fonctions officielles plutôt que de répondre de leurs actes devant la justice.
Cette politique envoie un signal problématique à la jeunesse centrafricaine, observe l’enseignant-chercheur. Le message implicite suggère que les armes constituent une voie légitime vers la reconnaissance et le pouvoir. Pendant ce temps, les opposants non violents, comme le BRDC, font face à une répression gouvernementale qui les présente comme des adversaires du régime.
Beninga établit une distinction entre le traitement accordé aux rebelles armés et celui réservé aux voix démocratiques. Les premiers bénéficient d’une intégration dans l’appareil d’État, tandis que les seconds subissent une marginalisation systématique. Cette logique privilégie ceux qui optent pour la force, à l’image des anciens leaders de la Séléka, au détriment du dialogue politique traditionnel.
L’accord de Ndjamena illustre cette dynamique en garantissant des postes à des chefs rebelles. Pour l’universitaire, cette approche légitime l’usage des armes comme méthode d’accès au pouvoir. Elle risque d’alimenter un cycle de violence en présentant la rébellion comme un tremplin politique viable.
Beninga met en garde contre les conséquences à long terme de cette stratégie. En négociant avec des figures comme Ali Darassa et Bobo, le gouvernement renforce l’idée que la violence paie. Cette logique compromet l’émergence d’une culture de dialogue et de paix durable dans le pays.
L’analyse de Paul-Crescent Beninga appelle à une réflexion sur les priorités gouvernementales. Elle questionne une politique qui fait de la violence un instrument de promotion sociale et politique. L’universitaire plaide pour une réconciliation fondée sur la justice et le dialogue démocratique, seuls garants d’une stabilité durable en République centrafricaine….
Source: Corbeau News Centrafrique
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