Africa-Press – CentrAfricaine.
Près de deux mois après l’accord de N’Djamena, la République centrafricaine avance à tâtons sur le chemin du désarmement. Les groupes armés 3R et UPC, qui ont accepté de déposer les armes sous la pression diplomatique tchadienne, se préparent à rejoindre leurs sites de regroupement. Mais sur le terrain, les réalités s’avèrent plus complexes que les discours officiels.
Le président Mahamat Idriss Déby n’a pas ménagé ses efforts pour convaincre son homologue centrafricain Faustin-Archange Touadéra et les chefs rebelles de signer l’accord du 19 avril dernier. Cette médiation, menée avec la patience et la fermeté qui caractérisent les négociations, a permis de franchir un cap important.
“Nous avons noté avec satisfaction que ces deux groupes armés ont manifesté leur volonté de s’engager définitivement dans le programme de paix et de réconciliation”, confirme Jean Wilibiro Sako, ministre d’État chargé du DDRR, lors d’un entretien accordé à Radio Ndékè Luka le 30 mai dernier.
Selon le ministre, les 3R disposeront de six sites de regroupement, tandis que l’UPC en aura huit. Ces emplacements, actuellement en cours de validation avec les Forces armées centrafricaines, devront répondre aux exigences logistiques du processus de désarmement.
Le gouvernement centrafricain a opté pour le regroupement plutôt que le cantonnement, une approche pragmatique compte tenu des contraintes budgétaires du pays. Les combattants se rassembleront directement sur les sites au moment du désarmement, évitant ainsi les coûts d’installation et de maintenance de camps permanents.
Pombolo, située à une soixantaine de kilomètres de Bambari, figure parmi les sites retenus pour l’UPC. Dans la région de Ndim, les 3R se préparent également à rejoindre leurs zones de regroupement désignées.
“Une fois que nous disposerons de la liste complète des combattants, du recensement des armes et munitions en leur possession, nous pourrons fixer une date précise pour les opérations”, précise le ministre Sako.
Depuis la signature de l’accord, des éléments du groupe Wagner ont intensifié leurs déplacements dans les zones concernées. En Haute-Kotto, ces mercenaires russes ont visité plusieurs localités autour de Bria – Nzacko, Bamara, Yangou Ouda – pour presser l’UPC de se regrouper rapidement à Pombolo.
Dans la région de Ndim, fin avril, des patrouilles à moto ont parcouru l’axe Touloulou-Mboum-Yémé-Kowone, transmettant aux 3R des messages similaires d’urgence. Cette pression, exercée sans mandat officiel dans le cadre de l’accord, provoque des interrogations sur le terrain.
Les ex-combattants, habitués aux rythmes de négociation, perçoivent cette précipitation comme un manque de respect des procédures convenues. L’absence de garanties claires concernant leur sécurité et leurs perspectives de réinsertion économique nourrit leur méfiance.
Le ministre Sako rappelle la nécessité de patience. “Le DDRR est un travail de longue haleine qui ne peut être bâclé”, insiste-t-il. La validation des quatorze sites identifiés, la coordination avec les partenaires internationaux et la mobilisation effective des combattants constituent autant d’étapes délicates.
L’expérience des précédents processus de paix en Centrafrique enseigne qu’il vaut mieux avancer lentement mais sûrement, plutôt que de précipiter des échéances qui risquent de compromettre l’ensemble du processus.
Une rencontre décisive doit se tenir prochainement à Bangui entre les autorités et les représentants des 3R et de l’UPC. Cette réunion permettra de finaliser les modalités pratiques du désarmement, en association avec les FACA et les partenaires internationaux.
“Nous sommes encore dans une phase d’échanges et de négociations avec ces deux groupes armés”, reconnaît le ministre, soulignant que la signature de N’Djamena n’était qu’une première étape….
Source: Corbeau News Centrafrique
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