Maxime Balalou est-il le porte-parole du gouvernement ou le porte-parole du MCU ?

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Maxime Balalou est-il le porte-parole du gouvernement ou le porte-parole du MCU ?
Maxime Balalou est-il le porte-parole du gouvernement ou le porte-parole du MCU ?

Africa-Press – CentrAfricaine. Le 28 juillet 2025, Maxime Balalou, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a tenu une conférence de presse qui ressemblait davantage à un meeting du Mouvement Cœurs Unis qu’à une intervention officielle. Face aux journalistes, il s’est lancé dans un éloge appuyé du congrès du MCU, tenu les 25 et 26 juillet dans la capitale : « Ce congrès a été l’occasion pour les membres du MCU de désigner leur candidat et de l’investir. Ce candidat, vous le connaissez, c’est le professeur Faustin-Archange Touadéra qui va briguer encore une fois le fauteuil présidentiel en décembre 2025. Il n’y a pas eu de cooptation. C’est pour vous dire que la démocratie s’exerce de manière dynamique au sein de ce parti ».

Cette sortie pousse les centrafricains à s’interroger si Maxime Balalou représente-t-il l’État centrafricain ou le parti au pouvoir ? Membre fondateur du MCU et secrétaire national aux affaires politiques de cette formation, il semble avoir oublié ses obligations de neutralité. Un ministre de la Communication doit informer sur l’action gouvernementale, pas faire la promotion d’un parti politique. Cette confusion des genres constitue une dérive inquiétante dans un pays qui peine à consolider ses institutions démocratiques.

Le ministre vante une « démocratie à la base » où les militants choisissent librement leurs représentants. La réalité sur le terrain raconte une autre histoire. Les primaires du MCU se sont transformées en véritable imbroglio dans plusieurs circonscriptions. À Boali (95 km de Bangui), l’ancien Premier ministre Firmin Ngrebada, député sortant, a été écarté avant même les primaires de juin 2025 dans des conditions opaques. Selon les témoignages recueillis, David Bounginza a été désigné avec 75 voix contre 4, dans un scrutin dont la transparence laisse à désirer. Dégoûté par ces pratiques, Ngrebada a renoncé à toute candidature sous la bannière du MCU.

Mbaïki (107 km de la capitale), chef-lieu de la Lobaye, la situation n’est guère plus reluisante. Les candidats sont parachutés par la direction du parti, loin des aspirations réelles des militants locaux. À Ouanda-Djallé, au nord-Est, c’est encore pire. Pas de primaires dans cette localité, mais l’ancien ministre Hassan Come est désigné par le ministre de la justice d’une manière illégale. Cette méthode de sélection contredit totalement le discours sur la « démocratie participative » cher à Maxime Balalou. Les postes de députés, avec leurs émoluments mensuels de 3 millions de FCFA, attirent les opportunistes plus que les véritables serviteurs du peuple.

Plus grave encore, de nombreux candidats sélectionnés par le MCU ne respectent pas les exigences constitutionnelles. La Constitution du 30 août 2023, adoptée par référendum, impose aux candidats aux élections législatives de détenir au minimum le baccalauréat. Pourtant, selon des sources concordantes, 40 à 50 % des candidats du parti présidentiel sont illettrés, incapables même d’écrire leur propre nom. Comment un parti qui se targue d’incarner la « vitalité démocratique » peut-il présenter des candidats aussi peu qualifiés ? Cette violation de la loi fondamentale montre que le MCU privilégie la fidélité à Touadéra sur la compétence.

Maxime Balalou se félicite également de la mobilisation de 8000 à 10 050 personnes lors du congrès, y voyant la preuve de l’enracinement populaire du MCU. Cette affirmation mérite d’être nuancée. Le parti peine à mobiliser de véritables militants sur le terrain. À Nola (720 km de Bangui), dans la Sangha-Mbaéré, une mission du MCU en 2024 avait annulé des élections internes tout en prélevant des fonds auprès des autorités locales, sans fournir d’explications satisfaisantes. Les rassemblements du parti reposent souvent sur des foules payées, créant l’illusion d’un soutien populaire inexistant.

La confusion des rôles de Maxime Balalou ne s’arrête pas à ses déclarations publiques. En juillet 2025, il a été accusé d’avoir harcelé le journaliste Christian Aimé Ndotah via un compte Facebook anonyme, le traitant de « charognard numérique » pour avoir publié une liste de victimes d’une explosion au lycée Barthélémy Boganda. Ces méthodes d’intimidation cadrent mal avec son discours sur la démocratie et la transparence.

La République centrafricaine mérite mieux qu’un porte-parole du gouvernement qui confond service public et militantisme partisan. L’élection de 2025 approche, et les Centrafricains ont le droit d’être informés par des responsables neutres, pas par des propagandistes déguisés en ministres, et surtout par un ex-détenu. La crédibilité des institutions en dépend.

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