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Souris Sangare maîtrise parfaitement les rouages du système qu’il a hérité. Depuis son arrivée comme Directeur d’Appui à la Mission en novembre 2023, il perpétue une mécanique bien conçue. Avec Ibrahima Djamonka et leurs associés, ils transforment chaque appel d’offres en opportunité personnelle.
Le schéma fonctionne avec une précision chirurgicale. Les besoins de la MINUSCA sont identifiés en amont. Simultanément, des entreprises locales voient le jour sous des noms d’emprunt. Ces sociétés écrans disposent mystérieusement des informations exactes sur les commandes à venir. Elles soumissionnent avec des offres calibrées pour remporter les marchés.
Les fournitures concernées représentent des millions de dollars: matériaux de construction, équipements électriques, matériel informatique. Le ciment arrive par camions entiers depuis Douala. Les tôles ondulées s’empilent dans des entrepôts non répertoriés. Les groupes électrogènes disparaissent avant même d’atteindre les sites officiels.
Umoja, la base de données centrale des Nations Unies, ne garde aucune trace de ces acquisitions. Cette invisibilité numérique permet tous les trafics. Les marchandises existent physiquement mais n’apparaissent dans aucun inventaire officiel. Elles peuvent donc être revendues sans risque de détection.
Le marché de Kilomètre 5 devient la plaque tournante de ces reventes. Là, au cœur de Bangui, s’écoulent discrètement les biens détournés de la mission. Les commerçants locaux achètent à prix cassé des matériaux qu’ils ignorent provenir des programmes d’aide internationale.
Les profits remontent directement vers les organisateurs du réseau. Chaque vente génère des commissions réparties selon une hiérarchie bien établie. Sangare et ses complices se partagent des bénéfices considérables, prélevés sur des fonds destinés à la reconstruction du pays.
Cette captation systématique des marchés étouffe l’économie nationale légitime. Les entreprises centrafricaines authentiques ne peuvent rivaliser avec des concurrents qui disposent d’informations privilégiées. Elles perdent des contrats qui auraient pu les développer et créer des emplois durables.
Les projets humanitaires subissent directement les conséquences de ces détournements. Des écoles restent sans toiture faute de tôles. Des dispensaires manquent d’équipement médical. Des routes demeurent impraticables car les matériaux prévus ont été vendus ailleurs.
L’impunité du système repose sur le contrôle des postes clés. Sangare dispose d’un pouvoir de nomination qui lui permet de placer ses alliés aux endroits stratégiques. Les agents intègres sont écartés ou mutés. Les dénonciateurs voient leurs contrats non renouvelés.
La section juridique de la mission, infiltrée par le réseau, fait disparaître les plaintes gênantes. Les audits internes sont sabotés ou orientés. Les enquêteurs externes se heurtent à des murs de silence et de fausses pistes soigneusement préparées.
Ces pratiques violent ouvertement les règlements onusiens. Les fonctionnaires internationaux ont l’interdiction formelle de détenir des intérêts dans les entreprises contractantes. La transparence des appels d’offres constitue un principe intangible des Nations Unies.
L’argent détourné représente une perte sèche pour le développement centrafricain. Ces sommes auraient dû financer des infrastructures, former des entrepreneurs locaux et stimuler l’économie nationale. Au lieu de cela, elles enrichissent un cercle fermé de profiteurs.
Les autorités centrafricaines restent exclues de ces circuits parallèles. Elles ne perçoivent ni taxes ni redevances sur des activités qu’elles ne peuvent identifier. Cette économie souterraine échappe totalement au contrôle de l’État.
Seul un audit indépendant peut démanteler cette machine à cash. Il faut éplucher tous les contrats conclus depuis l’arrivée de Sangare. Identifier les véritables propriétaires des entreprises bénéficiaires. Tracer les flux financiers jusqu’aux comptes personnels des organisateurs. La République centrafricaine mérite que les fonds de sa reconstruction profitent réellement à sa population….
Source: Corbeau News Centrafrique
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