Ngrebada Dénonce Anomalies Dans Découpage Électoral

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Ngrebada Dénonce Anomalies Dans Découpage Électoral
Ngrebada Dénonce Anomalies Dans Découpage Électoral

Africa-Press – CentrAfricaine. L’ancien Premier ministre Firmin Ngrebada a réagi à la convocation du corps électoral par le président Touadéra pour les élections du 28 décembre 2025. Dans une interview, il a félicité cette convocation avant de dénoncer des anomalies dans le découpage des circonscriptions électorales qui affectent directement sa région de Boali.

Ngrebada commence par saluer le respect du calendrier constitutionnel: “Je voudrais féliciter le gouvernement pour le décret qui convoque le corps électoral. Le terme des élections est une période définie par la loi, par la constitution. Être en conformité avec les dispositions de la constitution est une bonne chose”.

Cette entrée en matière diplomatique précède la critique. L’ancien Premier ministre identifie un problème juridique dans le décret 25-33-74 du 26 septembre 2025 qui fixe le découpage électoral des circonscriptions pour les élections législatives.

Selon Ngrebada, ce décret rattache quatre localités de Boali, Bouboui-1, Bouboui-2, Gomoko et Boutili à la deuxième circonscription de Bégoua. Cette décision contredit la loi du 28 janvier 2023 sur le découpage des circonscriptions administratives qui place clairement ces localités dans la sous-préfecture de Boali.

L’ancien Premier ministre rappelle un principe juridique fondamental: “Un décret ne peut pas modifier les dispositions d’une loi”. Pour changer l’appartenance administrative de ces localités, il faudrait d’abord modifier la loi de 2023, puis adapter le décret en conséquence. Or, le régime a fait l’inverse, utilisant un simple décret pour contredire une loi.

Cette anomalie juridique crée des problèmes pratiques immédiats. Ngrebada explique: “Les populations de ces circonscriptions se sont fait enrôler à Boali. Si aujourd’hui ils devaient voter à Bégoua2, je ne sais pas matériellement comment on va procéder. Ils se sont inscrits auprès des centres de vote de Boali”.

Les habitants concernés se retrouvent dans une situation absurde. Ils se sont inscrits sur les listes électorales de Boali, mais le décret les rattache maintenant à Bégoua. Voteront-ils à Boali où ils sont inscrits, ou à Bégoua comme le prévoit le nouveau décret? Cette confusion administrative risque de priver des citoyens de leur droit de vote.

Ngrebada rapporte avoir reçu de nombreux appels depuis la publication du décret: “Hier soir, j’ai reçu des appels de Boali – des chefs de village, le maire central. Ce matin, j’ai eu le gouverneur qui ont exprimé leur étonnement par rapport à cette nouvelle situation juridique”.

L’ancien Premier ministre ajoute un argument historique et émotionnel: “Historiquement, ces localités ont toujours fait partie de Boali. Il y a des gens qui sont nés dans Boali, dans leur esprit ils sont natifs de Boali. Ça a toujours été comme ça depuis les indépendances. On ne peut pas brusquement les détacher de Boali vis-à-vis de laquelle ils ont des liens de sang, des liens historiques”.

Cette manipulation du découpage électoral pose des questions sur les motivations du régime. Pourquoi détacher ces quatre localités de Boali pour les rattacher à Bégoua? Cette modification favorise-t-elle un candidat particulier? S’agit-il de réduire le poids électoral de Boali ou d’augmenter celui de Bégoua?

Ngrebada reste diplomatique sur ces questions mais promet d’intervenir: “Je les ai rassurés en leur disant qu’il s’agit d’une anomalie que je porterai à l’attention des autorités compétentes pour qu’une correction soit apportée au décret”.

Interrogé sur la question des listes électorales non affichées, l’ancien Premier ministre adopte une position prudente: “J’ai écouté ces observations, ces contestations comme tout le monde. J’espère que l’Autorité Nationale des Élections a pris bonne note de ces préoccupations et qu’elle trouvera la meilleure manière de les satisfaire”.

Cette réponse évasive contraste avec la précision de sa critique sur le découpage électoral. Ngrebada semble plus à l’aise pour dénoncer une anomalie technique qui affecte directement sa circonscription que pour critiquer frontalement les dysfonctionnements généraux du processus électoral.

Sur la question sensible de sa candidature aux législatives, l’ancien Premier ministre refuse de répondre. David Bongiza a été désigné candidat du MCU à Boali, apparemment à la place de Ngrebada. Interrogé sur la bannière sous laquelle il se présentera, il répète: “Je ne réponds pas à cette question parce que personnellement je n’ai pas été candidat à des élections primaires à Boali”.

Cette réponse laisse planer le doute. Ngrebada se présentera-t-il malgré tout? Sous quelle étiquette? Ou renoncera-t-il à la candidature? Son refus de répondre confirme probablement qu’il n’a pas encore pris sa décision finale ou qu’il préfère garder ses options ouvertes.

Concernant les critiques du BRDC sur la crédibilité des élections, l’ancien Premier ministre adopte une position de retrait: “Nous sommes en démocratie. Le BRDC a la liberté de porter ses remarques. Il est désirable que ces questions soient traitées à l’intérieur des structures de suivi du processus électoral”.

Cette réponse renvoie l’opposition vers les mécanismes officiels sans prendre position sur le fond de leurs revendications. Ngrebada évite soigneusement de critiquer l’ANE ou le Conseil constitutionnel, deux institutions au cœur des contestations de l’opposition.

L’ancien Premier ministre conclut par un appel au vote: “Il faudrait que tout le monde aille voter parce que le vote est le moment propice pour les citoyens de choisir leurs dirigeants. C’est un devoir civique”.

Cette interview de Firmin Ngrebada dessine le portrait d’un homme politique coincé entre plusieurs contraintes. Il veut défendre les intérêts de sa circonscription et dénoncer les anomalies juridiques qui l’affectent directement. Mais il évite soigneusement de critiquer frontalement le régime ou de rejoindre l’opposition dans ses contestations plus larges.

Cette posture reflète probablement sa situation personnelle. Ancien Premier ministre de Touadéra, membre du MCU, il ne peut pas se permettre une critique radicale du processus électoral sans rompre avec le régime. Mais les anomalies affectant sa circonscription le contraignent à réagir publiquement.

L’anomalie juridique qu’il dénonce à Boali pose aussi des questions plus larges. Si le régime manipule le découpage électoral par simple décret sans respecter la hiérarchie des normes, combien d’autres circonscriptions ont été modifiées de la même manière? Ces changements obéissent-ils à une logique électorale visant à favoriser certains candidats?

Au final, cette interview montre que même au sein du camp présidentiel, les dysfonctionnements du processus électoral créent des tensions et obligent certains responsables à exprimer publiquement leurs réserves.

Source: Corbeau News Centrafrique

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