Africa-Press – CentrAfricaine. La Constitution du 30 mars 2023 fixe le baccalauréat comme niveau minimum pour se présenter aux élections législatives en Centrafrique. Cette disposition, présentée comme une mesure de revalorisation de l’Assemblée nationale, cache en réalité une stratégie politique bien précise.
Le député sortant de Baboua, Ninga Luc, investi par le MCU pour les législatives de décembre 2025, affirme détenir un baccalauréat obtenu en 2004. Selon plusieurs sources interrogées par la rédaction du CNC à Baboua, cette affirmation ne correspond pas à la réalité. L’élu aurait en fait arrêté ses études en classe de sixième.
En 2004, année où il prétend avoir passé son baccalauréat, Ninga Luc travaillait comme chauffeur pour l’Église Évangélique Luthérienne en RCA à Baboua. Il s’est ensuite reconverti dans le commerce d’alcool avant de se lancer en politique. Dans une sous-préfecture comme Baboua où tout le monde se connaît, son parcours reste de notoriété publique.
En plus, l’exigence constitutionnelle du baccalauréat vise en réalité à faire basculer les députés analphabètes, voir même illettrés, issus de l’opposition et indépendants vers le camp présidentiel. Finalement, la manœuvre a fonctionné. Ces élus, menacés de perdre leur éligibilité, ont rejoint massivement le MCU pour bénéficier de sa protection.
Ninga Luc a suivi ce chemin. Élu sous l’étiquette MLPC grâce à la popularité de ce parti, il a quitté cette formation sans même démissionner officiellement pour rallier le parti présidentiel. Une fois dans le camp présidentiel, ces transfuges peuvent se permettre de produire des diplômes douteux sans craindre de sanctions.
Le cas de Ninga Luc n’a rien d’exception. Près d’une centaine de députés se trouvent dans une situation similaire: anciens indépendants, une vingtaine d’élus de l’opposition, tous ont basculé à cause de cette exigence du baccalauréat. Parmi eux, d’anciens vendeurs de pétrole de nuit, des vendeurs ambulants, des bouchers. Certains ont quitté l’école depuis des décennies et retrouvent miraculeusement leur diplôme grâce au MCU.
Pourtant, la Cour constitutionnelle a validé la candidature de Ninga Luc sans difficulté, comme elle l’a fait pour des dizaines d’autres dossiers comparables. Le contrôle des diplômes reste une formalité pour ceux qui appartiennent au camp présidentiel.
Source: Corbeau News Centrafrique
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