Africa-Press – CentrAfricaine.
La République centrafricaine, riche de ses forêts couvrant plus de la moitié de son territoire, s’apprête à adopter un nouveau Code forestier pour enrayer la déforestation et l’exploitation illégale. Présenté comme une réforme ambitieuse, ce texte vise à protéger le bassin du Congo, deuxième poumon vert mondial, tout en encadrant les activités minières et forestières. Mais face à l’ombre menaçante du groupe Wagner, connu pour ses pratiques d’exploitation sauvage dans la région, une question importante se pose: ce cadre législatif sera-t-il assez robuste pour empêcher un retour dévastateur de cet acteur controversé, dont les activités ont déjà laissé des cicatrices sur les écosystèmes centrafricains?
Le futur Code forestier se veut ambitieux. Parmi ses principales mesures:
– Une clarification des droits d’exploitation pour équilibrer les besoins des communautés locales et des entreprises.
– Des sanctions renforcées contre le trafic illégal de bois.
– Un encadrement plus strict des activités minières en zones forestières.
– Une promotion de la reforestation et des compensations écologiques.
Le ministre Mbata a déclaré: “Ce texte est une réponse aux défis environnementaux et économiques. Il doit permettre à la Centrafrique de protéger ses forêts tout en favorisant un développement durable”. Des propos optimistes, mais qui pousse à s’interroger: ce cadre sera-t-il suffisamment robuste pour contrer les pratiques destructrices de certains acteurs internationaux?
L’atelier, réunissant plus de 50 participants (ONG, sociétés forestières, élus locaux, société civile), adopte une approche participative. Le texte est examiné article par article, suivi de débats pour d’éventuels amendements. Une fois validé, il sera soumis au Conseil des ministres, puis à l’Assemblée nationale, pour remplacer la loi de 2008, largement dépassée.
Toutefois, des doutes persistent. La Centrafrique, dont plus de 50 % du territoire est couvert de forêts, est un pilier du bassin du Congo, deuxième poumon vert mondial. Les engagements internationaux (Accords de Paris, Initiative pour la Forêt d’Afrique Centrale) sont louables, mais leur application reste incertaine face aux intérêts économiques et aux acteurs opaques opérant dans le pays.
Si ce nouveau Code forestier semble prometteur sur le papier, une question importante se pose: le gouvernement centrafricain est-il réellement en mesure de contrôler les acteurs étrangers, notamment le groupe Wagner, connu pour ses pratiques controversées?
Il y’a un an, Wagner a été impliqué dans une exploitation massive et destructrice des ressources naturelles en Centrafrique, notamment dans la préfecture de la Lobaye. Déforestation intensive, exploitation minière illégale et pollution des cours d’eau ont caractérisé ses activités, menaçant la biodiversité et les moyens de subsistance des communautés locales. Sous la pression internationale et grâce à l’intervention du Cameroun, qui a freiné ces pratiques, l’exploitation forestière par Wagner a été temporairement stoppée dans le pays.
Mais rien ne garantit que ces pratiques ne reprendront pas. Wagner, connu pour son absence de scrupules en matière de respect des écosystèmes, pourrait-il contourner ce nouveau cadre législatif? Le gouvernement centrafricain, souvent sous influence russe, a-t-il les moyens de faire respecter ses propres lois face à un acteur aussi puissant? Et surtout, les mécanismes de contrôle et de sanctions prévus par le Code seront-ils efficaces pour empêcher une nouvelle vague de déforestation et de dégradation environnementale?
Alors que la Centrafrique s’engage dans une réforme ambitieuse, ces interrogations demeurent. Le nouveau Code forestier sera-t-il un outil de protection durable ou une simple façade masquant des intérêts économiques dévastateurs? L’avenir des forêts centrafricaines, et de la biodiversité qu’elles abritent, en dépend….
Source: Corbeau News Centrafrique
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