Passeport Centrafricain Comme Outil de Surveillance Politique

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Passeport Centrafricain Comme Outil de Surveillance Politique
Passeport Centrafricain Comme Outil de Surveillance Politique

Africa-Press – CentrAfricaine. Sous la Septième République de Touadera, l’obtention d’un passeport centrafricain se complique. Certains citoyens sont ciblés par une vérification de leurs origines familiales, hors de tout cadre légal.

Cette pratique ciblée se manifeste de manière concrète et déroutante. Le nom de famille d’un demandeur paraît suffire à éveiller une suspicion au sein de l’administration, qui lance alors une vérification d’ascendance.

La semaine dernière, une jeune femme de 24 ans en a fait l’amère expérience. Convoquée en urgence après le dépôt de son dossier, elle s’est vu réclamer les papiers d’identité de son père. Ce témoignage fait écho à d’autres expériences similaires, touchant des citoyens de tous âges, y compris des personnes approchant la cinquantaine. Le point commun n’est pas l’âge, mais le fait d’être sélectionné, sur la base de critères opaques, pour un contrôle supplémentaire.

Pour de nombreux Centrafricains, en particulier ceux venus de l’intérieur du pays, cette exigence est non seulement abusive, mais matériellement impossible à satisfaire. Dans un pays qui a connu des décennies de troubles, beaucoup de familles ont perdu leurs archives et leurs documents dans les conflits. Exiger d’un citoyen qu’il retrouve des pièces d’identité que ses parents, parfois décédés, n’ont peut-être jamais eues ou qu’il les récupère à des centaines de kilomètres de la capitale est une demande déraisonnable. Elle crée de fait un blocage administratif insurmontable pour une partie de la population.

Cette nouvelle forme de surveillance administrative remet en question la manière dont certaines décisions sont prises dans ce pays, d’autant plus que celle-ci est récente. En effet, elle a commencé à être observée il y a environ cinq mois, coïncidant avec la prise de service d’une nouvelle société en charge de la confection technique des passeports, un opérateur réputé proche des intérêts russes. Cette coïncidence temporelle amène les observateurs de la vie politique centrafricaine à s’interroger. Cette doctrine de contrôle est-elle impulsée par ce nouveau partenaire étranger? Ou est-elle plutôt l’expression d’une volonté interne du pouvoir en place qui, fort d’une nouvelle Constitution controversée, chercherait à asseoir son autorité et à ficher la population?

Quelle que soit son origine, la démarche se situe en marge de la légalité. La procédure officielle pour l’obtention d’un passeport est précise et le certificat de nationalité est la seule preuve légale requise de l’appartenance à la nation. Toute demande additionnelle de ce type relève de l’arbitraire, car elle n’est fondée sur aucun texte de loi de la République.

Devant cette situation, les citoyens se retrouvent pris au piège. Le climat de méfiance envers les institutions dissuade toute forme de contestation. Les victimes de ces pratiques craignent, en cas de plainte, de voir leur dossier définitivement mis de côté ou de subir d’autres formes de représailles. Ce sentiment d’impuissance contraint la plupart à tenter l’impossible ou à abandonner leur droit, validant de fait une pratique qui fragilise leur citoyenneté.

En définitive, cette condition non-écrite transforme une procédure administrative en une possible enquête politique sur les origines des citoyens. Les questions de fond, adressées aux tenants du pouvoir de la Septième République, demeurent. Qui est à l’origine de ces instructions? Poursuivent-elles un objectif sécuritaire ou un agenda de surveillance politique non-avoué? Le passeport est-il en train de devenir un document qui certifie non plus une nationalité, mais une “conformité” des origines au regard du régime?

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