Requête Pour Écarter Le Président Touadéra

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Requête Pour Écarter Le Président Touadéra
Requête Pour Écarter Le Président Touadéra

Africa-Press – CentrAfricaine.
L’Observatoire pour la Gouvernance Démocratique en Centrafrique (OGDC) vient de déposer une requête au Conseil Constitutionnel demandant l’invalidation de la candidature du président Faustin-Archange Touadéra. Les arguments juridiques avancés posent des questions fondamentales sur la légalité de cette candidature.

Dans un document déposé le 3 novembre 2025, l’OGDC, représenté par son coordonnateur national Élysée Nguimale, attaque frontalement la candidature du Président Touadéra sur trois fronts majeurs: l’incompatibilité constitutionnelle, l’origine centrafricaine douteuse et la complicité avec des groupes armés.
Le premier grief repose sur une lecture stricte de la Constitution de 2016. L’OGDC argue que Touadéra, élu sous l’empire de cette Constitution qui interdit formellement plus de deux mandats consécutifs, demeure soumis à ses dispositions jusqu’au 30 mars 2026. La nouvelle Constitution du 30 août 2023, qui autorise théoriquement un nouveau cycle de mandats, ne s’appliquerait qu’après prestation de serment sur ce nouveau texte.

Cette argumentation juridique expose ce que beaucoup considèrent comme une manipulation constitutionnelle. Le pouvoir aurait monté une révision de la loi fondamentale essentiellement pour permettre au président sortant de contourner la limitation des mandats. L’OGDC estime que le Président Touadéra aurait dû démissionner au moins 90 jours avant le dépôt de sa candidature pour être éligible.

Plus spectaculaire encore, le document s’interroge sur la nationalité centrafricaine d’origine du président. Selon l’article 67 de la Constitution de 2023, le candidat doit être “centrafricain d’origine” avec une ascendance entièrement centrafricaine. L’OGDC demande que le Président Touadéra présente les actes de naissance de ses grands-parents paternels et maternels.

L’organisation va jusqu’à suggérer que la famille paternelle du président “demeure inconnue sur le territoire” et que le nom “Touadéra” signifierait en langue Ngbaka-Mandja “qui est chez l’oncle maternel”, impliquant traditionnellement un père inconnu.

Le troisième volet de la requête touche à un sujet particulièrement sensible: les liens avec les groupes armés. L’OGDC pointe du doigt la nomination au gouvernement d’Assane Bouba, ancien chef de guerre de la Seleka connu pour ses exactions à Ippy et Alindao.

Le document rappelle que Bouba, extrait de la prison du camp de Roux alors qu’il était poursuivi par la Cour Pénale Spéciale pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, a été maintenu dans le gouvernement malgré ces poursuites. Cette situation ferait de Touadéra un complice au sens de l’article 13 du code pénal, selon l’OGDC.

Cette requête place le Conseil Constitutionnel face à ses responsabilités. L’institution dispose de quinze jours pour statuer, conformément au code électoral. Sa décision sera scrutée comme un test de l’indépendance de la justice centrafricaine face au pouvoir exécutif.

Les précédents ne sont guère encourageants. Les institutions censées garantir l’équilibre des pouvoirs ont trop souvent démontré leur incapacité à résister aux pressions politiques. Le risque est grand de voir cette requête, aussi solide soit-elle juridiquement, rejetée pour des raisons purement politiques.

L’élection du 28 décembre s’annonce sous les pires auspices. Entre manipulations constitutionnelles, zones d’ombre sur l’éligibilité du candidat sortant et compromissions avec d’anciens chefs de guerre, la démocratie centrafricaine semble à nouveau sacrifiée sur l’autel des ambitions personnelles.

 

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