Tensions à Zémio : Les miliciens Azandés intégrés dans l’armée nationale rompent avec les Russes et se replient vers Obo

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Tensions à Zémio : Les miliciens Azandés intégrés dans l’armée nationale rompent avec les Russes et se replient vers Obo
Tensions à Zémio : Les miliciens Azandés intégrés dans l’armée nationale rompent avec les Russes et se replient vers Obo

Africa-Press – CentrAfricaine. À Zémio, les miliciens Azandés intégrés aux FACA rompent leur alliance avec les Russes et convergent vers Obo, alimentant l’inquiétude dans le Haut-Mbomou.

En effet, ce lundi 21 avril 2025, la ville de Zémio, dans le Haut-Mbomou, connaît un bouleversement majeur. Les miliciens Azandés, selon le gouvernement, qui sont déjà intégrés dans les Forces armées centrafricaines (FACA) depuis mai 2024, ont quitté leurs positions dans la localité pour rejoindre Obo, à 130 kilomètres au nord-est. Ce mouvement ne se limite pas à Zémio: des ex-miliciens Azandés stationnés à Mboki, Djemah, Rafaï, Bambouti et d’autres villes du Haut-Mbomou abandonnent également leurs bases pour converger vers Obo. Certains ont pris la route de Kitikassa (55 km de Zemio) ou de Banangui (70 km de Zemio via Djemah), dans un repli qui semble coordonné, mais dont les motivations restent opaques.

À Zémio, la structure militaire est divisée en trois bases distinctes: une occupée par les mercenaires russes du groupe Wagner, une autre par les FACA déployées depuis Bangui, et une troisième par les ex-miliciens Azandés intégrés dans l’armée nationale, désormais appelés « FACA Azandés ». Ces trois entités opèrent séparément, révélant des fractures profondes. Les FACA de Bangui, souvent perçues comme étrangères aux dynamiques locales, n’ont aucune collaboration avec les FACA Azandés. Ces derniers, formés et équipés par les Russes, ont jusqu’à récemment travaillé exclusivement avec eux, jouant un rôle de supplétifs dans des opérations ciblées. Parallèlement, les Russes mènent des missions conjointes avec les FACA de Bangui, notamment dans la sécurisation de zones stratégiques. Ces collaborations, bien que distinctes, montrent que les Russes maintiennent des liens opérationnels avec les deux entités, mais sans jamais les réunir.

Une rupture avec les Russes Du groupe Wagner

En mai 2024, environ 200 miliciens Azandés, issus du groupe Azandé Ani Kpi Gbé, ont été formés par les Russes et intégrés dans les FACA. Répartis dans plusieurs localités du Haut-Mbomou, dont Zémio, Mboki, Djemah, Rafaï et Bambouti, ils ont participé à des opérations aux côtés des mercenaires, notamment sur des sites miniers, ou encore pour des braquage des villageois. Mais cette alliance s’est fissurée. Les FACA Azandés accusent les Russes de les avoir exploités, en particulier dans l’exploitation des ressources diamantifères. « On nous envoyait mener des opérations sur des sites miniers, mais les Russes gardaient tout pour eux. Nous, on n’avait rien », témoigne un ex-milicien sous couvert d’anonymat. Ce sentiment d’injustice a poussé les FACA Azandés à rompre tout contact avec leurs anciens formateurs et à quitter leurs bases à travers le Haut-Mbomou pour se regrouper à Obo.

Un repli aux contours incertains

Le départ des FACA Azandés, dont le nombre précis à Zémio reste inconnu, marque un tournant dans la région. À Zémio, quatorze d’entre eux ont pris la route de Djemah pour rejoindre Banangui, tandis que d’autres ont rallié Kitikassa ou Obo. Ce repli, qui touche l’ensemble des ex-miliciens Azandés déployés dans le Haut-Mbomou, soulève des interrogations. S’agit-il d’une pause stratégique pour se réorganiser à Obo, bastion historique des Azandés ? Ou d’un prélude à une action autonome dans une région où les ressources minières attisent les convoitises ? Pour l’instant, les intentions des ex-miliciens restent floues.

La situation est compliquée par la présence de 5 000 miliciens Azandés non intégrés dans l’armée nationale, retranchés dans la brousse environnante. Ces groupes, armés et organisés, n’ont pas encore dévoilé leurs plans, mais leur présence alimente l’inquiétude. Des rumeurs évoquent des projets d’attaques contre les positions russes ou les FACA de Bangui, sans qu’aucune preuve ne vienne étayer ces craintes. À Zémio, les habitants vivent dans une tension palpable. « On sent que quelque chose se prépare, mais on ne sait pas quoi », confie un commerçant local, résumant l’état d’esprit général.

Une région sous haute surveillance

Le Haut-Mbomou, avec ses richesses minières et sa position géographique, demeure un enjeu stratégique pour le gouvernement centrafricain et ses partenaires russes. Les FACA de Bangui, soutenues par les Russes, continuent leurs opérations, mais leur manque d’ancrage local limite leur efficacité. Les Russes, de leur côté, doivent composer avec la défiance croissante des populations, alimentée par des accusations de pillage des ressources. La rupture avec les FACA Azandés, qui ont cessé de jouer leur rôle de relais locaux, fragilise leur stratégie dans la région.

Le repli des FACA Azandés vers Obo, loin d’être un simple retrait, pourrait redessiner les dynamiques du Haut-Mbomou. À Zémio, Mboki, Rafaï ou Bambouti, les prochains jours seront cruciaux pour décrypter les intentions de ces ex-miliciens et l’impact de leur départ sur une région déjà troublée par l’instabilité. Pour l’heure, les regards convergent vers Obo, où les Azandés se rassemblent, et vers la brousse, où une menace diffuse continue de planer….

Source: corbeaunews

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