Touadéra Au Pouvoir: Un Décennie D’Apprentissage

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Touadéra Au Pouvoir: Un Décennie D'Apprentissage
Touadéra Au Pouvoir: Un Décennie D'Apprentissage

Africa-Press – CentrAfricaine. Depuis son accession au pouvoir en 2016, Faustin-Archange Touadéra dirige la République Centrafricaine avec la maladresse d’un novice. Cette inexpérience, qui aurait dû s’estomper avec le temps, s’est au contraire installée comme un mode de gouvernance permanent. Dix années plus tard, cette impression d’amateurisme persiste, transformant chaque décision gouvernementale en exercice de découverte des réalités administratives.

L’Autorité Nationale des Élections, sous ce mandat, représente le parfait exemple de cette gouvernance d’apprentis. Conçue pour moderniser le processus électoral, cette institution accumule les dysfonctionnements avec une régularité déconcertante. Incapable d’établir des listes électorales dans les délais légaux, l’ANE fonctionne comme un service dirigé par des stagiaires qui découvrent leurs attributions au fur et à mesure. Cette situation montre une caractéristique du système Touadéra: l’absence totale de maîtrise des processus administratifs de base.

Après dix ans au pouvoir, ce gouvernement continue de traiter chaque échéance comme une première expérience, reproduisant les erreurs qu’un exécutif expérimenté aurait depuis longtemps corrigées. Le plus impressionnant dans cette décennie Touadéra réside dans l’absence totale d’évolution. Les mêmes erreurs se répètent avec une constance déconcertante, comme si l’expérience accumulée ne servait à rien. Chaque nouvelle crise administrative est gérée avec la même improvisation que la première.

L’ANE, après plusieurs années d’existence, continue de fonctionner avec les tâtonnements d’un service nouvellement créé. Ses responsables semblent découvrir leurs missions à chaque échéance, reproduisant invariablement les mêmes dysfonctionnements sans jamais tirer les leçons du passé. Cette incapacité à progresser transforme l’administration centrafricaine en terrain d’entraînement permanent pour des dirigeants qui n’arrivent jamais à maîtriser leur métier.

Cette mentalité d’apprentissage perpétuel se traduit concrètement par une méthode de gouvernance particulière. La méthode Touadéra consiste à adapter constamment les règles aux échecs de son administration. Plutôt que de corriger les dysfonctionnements, ce gouvernement d’éternels apprentis préfère modifier les lois pour légaliser son incompétence. Depuis 2016, le Code Electoral centrafricain ressemble à un puzzle en perpétuelle reconstruction.

Chaque nouvelle échéance montre de nouvelles défaillances administratives, aussitôt suivies de modifications législatives censées les corriger. Cette approche transforme la législation électorale en laboratoire d’expérimentation pour des dirigeants qui découvrent les enjeux au fil du temps. Le projet de dérogation actuellement soumis à l’Assemblée s’inscrit parfaitement dans cette logique d’apprentissage permanent: face à l’incapacité de l’ANE à respecter ses obligations légales, le gouvernement choisit de changer la loi plutôt que d’exiger des résultats de ses institutions.

Cette décennie a également démontré une autre constante troublante dans la gestion Touadéra. L’improvisation s’est progressivement érigée en principe de gouvernance, créant un climat d’imprévisibilité permanent. L’incapacité du gouvernement Touadéra à anticiper les conséquences de ses décisions frappe par sa persistance. Chaque mesure est prise sans analyse préalable de sa faisabilité, créant un cycle infernal de corrections et de dérogations.

Le projet sur la déclaration obligatoire des décès périnataux le montre parfaitement. Dans un pays où 90% de la population vit en zones rurales sans accès aux structures sanitaires, imposer une déclaration hospitalière obligatoire révèle une méconnaissance totale des réalités centrafricaines. Après dix ans au pouvoir, Touadéra et son équipe continuent de gouverner comme s’ils découvraient leur pays, proposant des mesures inapplicables avec l’enthousiasme naïf de novices en politique publique.

Au-delà de ces dysfonctionnements ponctuels, c’est l’ensemble de l’équipe gouvernementale qui fonctionne selon cette logique d’apprentissage permanent. L’équipe gouvernementale de Touadéra fonctionne comme un groupe de stagiaires en formation continue. Chaque membre du gouvernement semble découvrir quotidiennement les enjeux de son secteur, multipliant les décisions contradictoires et les revirements de dernière minute.

Cette approche d’apprentissage permanent explique l’absence totale de cohérence dans l’action gouvernementale. Sans maîtrise des mécanismes administratifs, sans compréhension des enjeux sectoriels, ce cabinet fonctionne en mode réactif permanent, gérant les crises au coup par coup sans jamais développer de vision d’ensemble. Les ministres changent régulièrement, mais les méthodes demeurent identiques: improvisation, tâtonnement, correction permanente des erreurs précédentes.

Cette rotation perpétuelle empêche toute capitalisation de l’expérience et maintient l’administration dans un état d’apprentissage permanent. Une caractéristique révélatrice de cette mentalité de stagiaires mérite d’être soulignée: l’incapacité à prendre des décisions fermes. Tout peut être modifié, dérogé, adapté selon les circonstances. Cette flexibilité permanente révèle en réalité l’absence de convictions fermes sur les orientations à donner au pays.

Le recours systématique aux dérogations et modifications révèle un gouvernement qui n’ose jamais assumer pleinement ses choix. Comme des étudiants peu sûrs de leurs réponses, Touadéra et son équipe préfèrent garder toutes les options ouvertes plutôt que de s’engager sur une ligne claire.

Ces dysfonctionnements au sommet de l’État ne restent pas sans conséquences sur l’ensemble de l’appareil administratif. Cette gouvernance d’apprentis permanents déstabilise profondément l’administration centrafricaine. Les fonctionnaires, face à des directives changeantes et des objectifs flous, perdent progressivement leurs repères professionnels.

L’Autorité Nationale des Elections cristallise tous les dysfonctionnements de cette approche. Créée sans vision claire de ses missions, dotée de moyens inadéquats, dirigée par des responsables en apprentissage permanent, cette institution reproduit fidèlement les méthodes de ses créateurs: improvisation, retard chronique, incapacité à respecter les calendriers. Les agents de l’ANE, comme l’ensemble de la fonction publique centrafricaine, évoluent dans un environnement d’incertitude permanent où les règles changent constamment selon les besoins du moment.

Cette instabilité a naturellement des répercussions sur le moral des agents publics. Cette gestion d’amateurs a des conséquences dramatiques sur le moral des agents publics. Comment maintenir sa motivation professionnelle quand les directives changent constamment, quand les objectifs sont flous, quand les moyens ne correspondent jamais aux ambitions affichées? Dix ans de cette gouvernance ont transformé l’administration centrafricaine en une structure apathique, incapable d’initiative, dépendante des improvisations gouvernementales.

Cette situation arrange paradoxalement un pouvoir qui préfère des institutions faibles, incapables de le contraindre ou de le contredire. L’impact de cette gouvernance d’apprentis dépasse largement le cadre administratif pour affecter l’ensemble du développement national. Cette gouvernance d’éternels apprentis maintient la République Centrafricaine dans un état de développement suspendu.

Impossible d’avancer quand les dirigeants passent leur temps à apprendre leur métier plutôt qu’à l’exercer efficacement. Chaque secteur accumule les projets de réforme inachevés, les chantiers abandonnés, les initiatives mort-nées. Cette instabilité programmatique décourage les investisseurs, désoriente les partenaires internationaux et maintient le pays dans un état de transition permanente. L’absence de cap clair, conséquence directe de cette mentalité d’apprentis, prive la République Centrafricaine de toute dynamique de développement cohérente.

Parallèlement à cette stagnation économique, la confiance des citoyens dans les institutions s’érode progressivement. Cette incompétence chronique érode progressivement la confiance des citoyens dans les institutions républicaines. Comment croire en un système dirigé par des responsables qui donnent constamment l’impression de découvrir leur métier?

Le plus grave réside dans l’accoutumance progressive à cette médiocrité. Dix ans de gouvernance d’amateurs risquent de normaliser l’incompétence comme standard acceptable de gestion publique, hypothéquant durablement l’avenir démocratique du pays. Face à ce constat, une question légitime se pose naturellement. La question légitime que se posent les Centrafricains après cette décennie: quand Touadéra et son équipe finiront-ils leur apprentissage du pouvoir? Quand passeront-ils du stade de la découverte à celui de la maîtrise?

Les signaux actuels ne sont guère encourageants. Le décret n°25.321 révèle les mêmes méthodes, les mêmes tâtonnements, la même impression de dirigeants découvrant leurs responsabilités au fur et à mesure. Dix ans au pouvoir créent l’illusion de l’expérience sans en apporter la substance. Touadéra et son équipe cumulent les années de mandat sans jamais acquérir la maîtrise attendue de leurs fonctions. Cette situation inédite transforme la présidence centrafricaine en stage permanent non validé.

Le décret n°25.321 du 22 août 2025 symbolise parfaitement cette réalité déconcertante: après dix années au sommet de l’État, Faustin-Archange Touadéra et son équipe gouvernent encore comme des stagiaires en formation. Cette situation, unique dans l’histoire politique centrafricaine, prive le pays d’une gouvernance efficace au moment où il en aurait le plus besoin. Entre tâtonnements permanents, bricolages institutionnels et apprentissage sans fin, cette décennie restera comme celle d’une formation présidentielle jamais achevée.

Source: Corbeau News Centrafrique

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