Touadéra Cède Terres à Investisseurs Étrangers

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Touadéra Cède Terres à Investisseurs Étrangers
Touadéra Cède Terres à Investisseurs Étrangers

Africa-Press – CentrAfricaine. Par un décret présidentiel, Touadéra cède 1 777 hectares de terres centrafricaines pour 99 ans à des étrangers, via la cryptomonnaie $CAR, provoquant l’indignation.

Le 29 mai 2025, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro a signé le décret n°25.062, attribuant 1 777 hectares de terres à l’ouest de Bossangoa, dans l’Ouham, au projet SCAR pour une durée de 99 ans. Ce décret, annoncé sur les réseaux sociaux par le président, précise que ces terres seront tokenisées et accessibles en ligne via la cryptomonnaie centrafricaine $CAR, sur la blockchain Solana, dès juin. Présentée comme une avancée pour la transparence et la modernisation, cette décision alimente une vive controverse, perçue par beaucoup comme une aliénation du patrimoine national au profit d’intérêts étrangers, notamment liés à Singapour.

Un décret contesté

Ce décret s’appuie sur plusieurs textes, dont la Constitution du 30 août 2023, la loi n°23.010 du 24 juillet 2023 sur la tokenisation des ressources naturelles et foncières, et le Code domanial et foncier de 1960, modifié par des ordonnances entre 1967 et 1976. Ces références visent à donner un vernis de légalité à l’opération, mais elles ne calment pas les critiques. En 2022, la Centrafrique avait déjà tenté d’adopter le bitcoin et la cryptomonnaie Sango comme monnaies officielles, une initiative critiquée par le FMI pour son décalage avec les réalités du pays, où l’accès à l’électricité et à Internet reste limité. La loi de 2023, votée par une Assemblée nationale favorable à Touadéra, a ouvert la voie à la tokenisation des terres et des ressources, permettant à des investisseurs étrangers d’acquérir des actifs via des transactions numériques.

En 2022, la Cour constitutionnelle avait pourtant bloqué une proposition similaire, estimant qu’elle portait atteinte à la souveraineté nationale en facilitant l’accès des étrangers aux terres et ressources du pays. Malgré cet avertissement, le gouvernement persiste, et ce décret est vu comme un pas de plus vers la cession de pans entiers du territoire centrafricain.

Une cession de terres pour un siècle

Le projet SCAR, au cœur du décret, vise à transformer ces 1 777 hectares en actifs numériques échangeables via la cryptomonnaie $CAR. Si l’objectif affiché est de simplifier la gestion foncière, les implications sont inquiétantes. Une concession de 99 ans équivaut, dans les faits, à une perte de contrôle quasi définitive sur ces terres. Les bénéficiaires, dont l’identité reste vague, pourraient être des investisseurs étrangers, notamment de Singapour, où des acteurs financiers montrent un intérêt croissant pour les cryptomonnaies africaines. Cette durée exceptionnelle, proche d’un siècle, pousse à s’interroger sur l’avenir des terres centrafricaines et sur les bénéfices réels pour les populations locales, déjà fragilisées par des années de conflits.

Les opposants dénoncent une “haute trahison”, accusant Touadéra de brader le patrimoine national pour des gains financiers à court terme. Dans un pays riche en ressources mais plombé par la pauvreté, cette tokenisation risque de priver les communautés de Bossangoa de leurs terres, sans garantie que les retombées économiques leur profiteront.

Un entourage présidentiel sous le feu des critiques

Le président n’agit pas seul. Son directeur de cabinet, Obed Namsio, est un fervent défenseur de ces initiatives. En 2022, il avait soutenu l’adoption du bitcoin, présentant la Centrafrique comme un pionnier de la finance numérique. Pourtant, ces projets ambitieux semblent déconnectés des réalités d’un pays où les infrastructures de base manquent cruellement. La justice, souvent perçue comme alignée sur le pouvoir, est également pointée du doigt pour son inaction face à ces décisions controversées. L’absence de débat public et l’exclusion des populations des discussions renforcent le sentiment d’une politique imposée par une élite éloignée des besoins du peuple.

Une politique dans la continuité des polémiques

Ce décret s’inscrit dans une série de choix qui divisent. En 2023, le référendum constitutionnel, soutenu par Touadéra, a supprimé la limitation des mandats présidentiels, consolidant son pouvoir. La même année, la tokenisation des ressources a été actée, malgré les critiques de l’opposition et des observateurs internationaux. Aujourd’hui, l’attribution de ces terres à Bossangoa relance les accusations de “bradage” du territoire, dans un contexte où la Centrafrique reste sous l’influence de partenaires controversés, comme des acteurs russes liés au groupe Wagner, accusés d’exploiter les ressources du pays.

En signant ce décret, Faustin-Archange Touadéra engage la Centrafrique sur une voie périlleuse. La tokenisation, malgré son apparence technologique, risque de livrer des terres à des intérêts étrangers pour un siècle, au détriment des Centrafricains. Les habitants de Bossangoa, déjà éprouvés par des années d’instabilité, pourraient perdre l’accès à leurs terres sans voir les bénéfices promis. Ce choix, loin d’être une simple formalité administrative, est perçu comme une atteinte grave à la souveraineté nationale, laissant craindre une aliénation durable des richesses du pays….

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