Touadéra et les Centrafricains de Pacotille

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Touadéra et les Centrafricains de Pacotille
Touadéra et les Centrafricains de Pacotille

Africa-Press – CentrAfricaine.
Il y a des moments dans l’histoire d’un pays où un seul mot, une seule distinction inscrite dans une loi, peut faire basculer toute une nation dans le chaos. La Centrafrique vient d’atteindre ce point de bascule.
Faustin-Archange Touadéra, après avoir instrumentalisé les clivages religieux et ethniques pour se maintenir au pouvoir, vient d’ouvrir un nouveau front: la guerre des origines. Sa constitution du 30 août 2023 crée deux catégories de citoyens: les “Centrafricains d’origine” et les autres, ceux qu’on pourrait appeler les “Centrafricains de pacotille”. Les premiers auraient tous les droits. Les seconds seraient tolérés, mais exclus des fonctions politiques majeures. Cette distinction, apparemment technique, cache en réalité une mécanique redoutable: éliminer l’opposition en la disqualifiant sur des critères d’appartenance ethnique et nationale.

Aujourd’hui, c’est Anicet-Georges Dologuélé qui tombe. Demain, ce sera n’importe qui ayant un ancêtre étranger, un parent binational, ou un passeport obtenu ailleurs. Des listes circulent déjà. Des dénonciations fusent. Des ministres du régime appellent à étendre la purge. Pendant ce temps, Hassan Bouba, mercenaire tchadien, siège tranquillement dans les structures de campagne de Touadéra. Bienvenue dans la Centrafrique de l’absurde, où les vrais étrangers occupent les institutions pendant qu’on chasse les opposants au nom de la pureté des origines.

La Constitution du 30 août 2023 promulguée par Touadéra contient des dispositions qui créent une hiérarchie entre les citoyens. L’article 10 stipule que “la nationalité centrafricaine est une et exclusive”. L’article 183 réserve aux seuls “Centrafricains d’origine” le droit de se présenter aux élections présidentielles, législatives et municipales.

Cette distinction entre “Centrafricains d’origine” et les autres crée une catégorie de citoyens de seconde zone. Ceux qui ont acquis la nationalité centrafricaine par naturalisation. Ceux qui ont eu la double nationalité à un moment de leur vie. Ceux dont les parents ou grands-parents sont nés à l’étranger.

Tous ces gens sont désormais suspects. Ils doivent prouver qu’ils sont de “vrais” Centrafricains. Et s’ils ne peuvent pas le prouver, ils perdent leurs droits politiques. Ils ne peuvent plus se présenter aux élections. Ils deviennent des citoyens diminués.

Cette logique est dangereuse. Elle ouvre la porte à toutes les manipulations. À toutes les dénonciations. À toutes les vengeances politiques.

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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