
Africa-Press – CentrAfricaine. Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé, directeur de publication du journal Le Quotidien de Bangui, a été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Ngaragba, dans le septième arrondissement de Bangui, après son arrestation par la gendarmerie nationale. Cette décision, prise à l’issue d’une audition préliminaire menée par un enquêteur de la gendarmerie, provoque de vives réactions parmi les professionnels des médias, notamment au sein de l’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA).
En effet, selon les informations disponibles, le dossier de M. Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé a été transmis au procureur de la République, qui l’a ensuite confié à un juge d’instruction. À la surprise générale, la gendarmerie a annoncé son placement en détention sans qu’il ait, selon certaines sources, signé le procès-verbal de son audition. Les charges retenues contre lui incluent l’incitation à la haine et à la révolte, en lien avec un article publié le 22 avril 2025 dans Le Quotidien de Bangui. Cet article mentionnait la présence présumée de l’ancien président François Bozizé sur le territoire centrafricain, une information non confirmée officiellement.
Jean-Fernand Koïna, vice-président de l’UJCA, interrogé par la rédaction du CNC, a dénoncé ce qu’il qualifie de « justice politique » instrumentée par des services proches de la présidence, notamment les services de renseignement. Dans son témoignage, M. Koïna s’interroge sur les priorités du procureur de la République, Benoît Narcisse Foukpio: « Est-ce que le procureur cherche encore ceux qui incitent à la haine et à la révolte? ». Il cite en exemple des cas où des personnalités publiques, comme le ministre-conseiller Fidèle Gouandjika, ont tenu des propos menaçants sans être inquiétées. M. Fidèle Gouandjika, dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, avait appelé à l’élimination physique d’opposants, sans qu’aucune enquête judiciaire ne soit ouverte.
Koïna évoque également le cas de la radio Lengo-Songo, financée par des intérêts russes, qui a publié des articles ciblant un journaliste et le sous-préfet de Zémio, les contraignant à l’exil. « Pourquoi le procureur ne s’auto-saisit-il pas pour ces actes, s’il considère qu’inciter à la haine est un crime? », s’indigne-t-il. Pour lui, l’arrestation du Directeur de publication du Quotidien de Bangui reflète une volonté de « museler la presse » en République centrafricaine.
Devant cette situation, l’UJCA annonce une réponse ferme. Jean-Fernand Koïna a indiqué que les journalistes centrafricains se réuniront dès ce jour du 15 mai 2025 pour envisager une « journée sans presse » à l’échelle nationale, en signe de protestation contre ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à la liberté d’expression. « Nous mettrons toute notre énergie pour faire obstacle à ce projet de museler la presse », a-t-il affirmé.
Cette seconde affaire intervient dans un climat tendu pour la liberté de la presse en Centrafrique, classée 72e sur 180 dans le classement 2025 de Reporters sans frontières. Le pays, touché par des années de conflits, reste un terrain difficile pour les journalistes, qui font face régulièrement à des pressions politiques et à des menaces.
L’UJCA appelle à la libération immédiate de M. Landry Ulrich Nguéma Ngokpélé et à un traitement équitable des affaires impliquant des délits de presse. En attendant, l’évolution de ce dossier sera suivie de près, tant par les médias nationaux qu’internationaux.
Source: corbeaunews
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