
Africa-Press – CentrAfricaine. La nouvelle constitution centrafricaine, adoptée en 2023, est-elle une réforme légitime ou un coup d’État déguisé pour offrir un troisième mandat à Faustin-Archange Touadéra ? Lors de l’émission Patara sur la Radio Ndékè Luka, le ministre Bruno Yapandé a tenté de défendre ce texte douteux face à un Raymond Adouma, leader du BRDC, qui n’a pas mâché ses mots: c’est une escroquerie pure et simple. Et quand on gratte sous les belles paroles du pouvoir, ce qu’on trouve pue la magouille et la dictature.
Bruno Yapandé a sorti son Bla – Bla: “Il n’y a pas de troisième mandat, c’est une nouvelle constitution votée à 95 % par le peuple“. Sérieusement ? Comme si un référendum organisé par un régime en perte de vitesse, avec des urnes sous contrôle et une opposition non participative, pouvait refléter une quelconque vérité. Il ose prétendre que l’ancienne constitution de 2016 était “mal née, mal bâtie”, pleine d’incohérences qu’il aurait héroïquement corrigées. Mais c’est un mensonge éhonté, une excuse bidon pour justifier un bricolage juridique qui remet les compteurs à zéro et laisse Touadéra s’accrocher au fauteuil présidentiel. Un démocrate, lui ? Plutôt un apprenti dictateur qui joue les illusionnistes.
Raymond Adouma, lui, a tapé dans le mille: “C’est une insulte au peuple“. Cette constitution de 2016, née du Forum de Bangui et d’une vraie consultation populaire, interdisait à Touadéra de rempiler. Alors, ils l’ont cassée, point barre. “Ils savent qu’il n’a même pas gagné en 2020 – 2021”, a-t-il lancé, rappelant des élections truquées où les résultats n’ont jamais été transmis à l’opposition, un hold-up électoral que le régime voudrait maintenant légaliser avec ce torchon. Pour Adouma, ce n’est pas une constitution, c’est une “feuille de route” pour un coup d’État en douce, un plan machiavélique pour écraser toute concurrence.
Et que dire des clauses tordues de ce texte ? Cette histoire de binationalité, par exemple, qui crée des Centrafricains “d’origine” et d’autres exclus de la course au pouvoir. Yapandé a le culot de dire: “Faites un choix entre vos nationalités.” Mais pourquoi alors laisser ces mêmes “exclus” voter des lois à l’Assemblée ? C’est du grand n’importe quoi, une aberration cousue de fil blanc pour disqualifier des opposants gênants sous des prétextes absurdes. Adouma l’a bien vu: cette constitution n’est pas faite pour unir, mais pour diviser et verrouiller le pouvoir.
Le ministre peut bien fanfaronner avec ses “95 %”, sa “majorité” contre une “minorité bruyante”, c’est du vent. Ce référendum était une farce, et ce texte, un outil pour un régime de menteurs qui ne recule devant rien. Que cache-t-il ? Un troisième mandat, bien sûr, mais surtout une prise de pouvoir illégale déguisée en démocratie. Adouma l’a dit haut et fort: “Si ces conditions persistent, nous n’irons pas aux élections”. Et il a raison: pourquoi jouer à un jeu où les dés sont pipés ?
Mais creusons plus loin, parce que la supercherie du référendum de 2023 est encore plus scandaleuse. Le taux de participation réel ? 1 %, voire moins. Les bureaux de vote étaient déserts, les Centrafricains ne se sont pas déplacés – et pour cause, ils n’y croyaient pas une seconde. Mais le régime, avec l’appui des mercenaires de Wagner qui ont imposé ce simulacre, a osé claironner un “95 % de oui” avec une participation “massive”. Quelle blague ! Même leurs propres chiffres bidons parlent de 5 % de participation et 45 % de oui – et encore, c’est généreux. Touadéra lui-même, avant ce fiasco, avait lâché le morceau: “Je n’ai pas besoin des électeurs, juste des urnes, et je fabriquerai le résultat”. Une confession qui dit tout: ce type n’a jamais eu l’intention de respecter la démocratie.
Et pendant qu’ils parlent de “démocratie”, leurs prisons débordent. Rien qu’en avril 2025, la répression bat son plein. Les deux frères cadets de l’ancien Premier ministre Henri Dondra ? Arrêtés et jetés à l’Office Central pour la Répression du Banditisme (OCRB). Le frère et la sœur de l’ancien ministre Armel Sayo ? Pareil, écroués à l’OCRB. L’ancien directeur du Trésor, Mahamat Abakar? Toujours à l’OCRB, après que sa femme et son fils ont été relâchés sous la pression. Des dizaines d’autres croupissent dans ces geôles, sans mandat, sans rien – leurs familles et avocats interdits de visite. Les avocats, d’ailleurs, sont en grève de huit jours depuis la semaine dernière, excédés par un État qui piétine la loi à chaque instant. Quelle démocratie, messieurs Yapandé et Touadéra ? Celle des menottes et des cachots ?
Pendant que Touadéra et ses sbires s’amusent à réécrire les règles, les Centrafricains crèvent de faim et d’insécurité. Cette nouvelle constitution n’est pas un progrès, c’est une honte, un coup porté à ce qui restait de légitimité dans ce pays. Troisième mandat ou coup d’État ? Les deux, sans doute – et c’est le peuple qui paiera la facture de cette imposture, pendant que Wagner tire les ficelles et que les urnes vides servent de décor à leurs mensonges…
Source: corbeaunews
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