Zéphirin Mamadou Et Bienvenu Zokoué Ignorent Touadera

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Zéphirin Mamadou Et Bienvenu Zokoué Ignorent Touadera
Zéphirin Mamadou Et Bienvenu Zokoué Ignorent Touadera

Africa-Press – CentrAfricaine.
En Centrafrique, Zéphirin Mamadou et Bienvenu Zokoué multiplient les décisions contraires aux ordres du président Faustin Archange Touadera, exposant une crise d’autorité inédite.

Depuis maintenant plusieurs années, deux hommes occupent des postes sensibles dans l’appareil sécuritaire centrafricain: Zéphirin Mamadou, chef d’état-major des armées centrafricaines, et Bienvenu Zokoué, directeur général de la police. Leur comportement pose question. Ils refusent de plus en plus souvent d’appliquer les instructions qui leur viennent directement du palais présidentiel.

Cette situation, selon plusieurs observateurs nationaux contactés par la rédaction du CNC, trouve son origine dans leur durée dans ces même fonctions. Cinq, six ou 8 ans au même poste, cela leur permet de tisser des liens, de construire des réseaux, d’asseoir une autorité personnelle. Au fil du temps, ces deux responsables ont développé une autonomie qui dépasse largement le cadre normal de leurs fonctions.

Prenons l’exemple de Zéphirin Mamadou, chef d’État-major. Le président avait approuvé et signé une liste d’une centaine d’anciens combattants destinés à rejoindre les Forces armées centrafricaines. La procédure était claire: intégrer ces hommes dans les FACA selon un programme de réinsertion bien défini par le Président. Une note officielle est partie du palais vers l’état-major pour application immédiate.

Résultat? Zéphirin Mamadou, chef d’état-major, a préféré prendre ses propres décisions. Au lieu d’intégrer la totalité des candidats validés, il a choisi de ne retenir que quelques uns, soit deux ex-combattants par groupe armé. Quand l’un d’eux tombait malade par exemple, un seul était accepté pour ce groupe. Cette approche sélective a vidé le programme de sa substance et laissé la majorité des bénéficiaires sur le carreau.

L’attitude de Bienvenu Zokoué, directeur général de la police s’avère tout aussi problématique. Le 27 juin dernier à Bangui, une marche pacifique était organisée pour honorer la mémoire des enfants morts dans l’explosion d’un transformateur au lycée Barthélémy Boganda, survenue deux jours plus tôt. L’événement se voulait un hommage respectueux à ces jeunes victimes.

Le directeur général de la police en a décidé autrement. Il a ordonné l’arrestation des organisateurs de la marche ainsi que de plusieurs journalistes qui couvraient l’événement. Quand le président l’a personnellement appelé pour exiger la libération immédiate de ces personnes, Zokoué a refusé net. Les détenus ont passé la nuit en garde à vue avant d’être relâchés le lendemain.

Ces deux cas montre un phénomène inquiétant: l’émergence d’une autorité parallèle au sein même des institutions. Mamadou et Zokoué agissent désormais selon leurs propres critères, leurs propres priorités, leurs propres calendriers. Ils filtrent les ordres présidentiels, les adaptent, les retardent ou les ignorent purement et simplement.

Cette dérive s’explique en partie par leur ancienneté. Rester si longtemps à la tête d’institutions aussi importantes permet d’acquérir une connaissance fine des rouages, de placer ses hommes aux postes-clés, de développer des complicités. Progressivement, ces responsables deviennent indispensables, ou du moins s’estiment tels.

Le problème dépasse largement la simple désobéissance. Il touche aux fondements mêmes de l’organisation républicaine. Dans un État de droit, les forces armées et de sécurité restent soumises à l’autorité civile. Quand leurs dirigeants s’affranchissent des instructions gouvernementales, c’est l’ensemble de l’édifice institutionnel qui vacille.

La situation actuelle montre aussi la difficulté pour le pouvoir exécutif de renouveler ses cadres. Changer un chef d’état-major ou un directeur de police nationale demande du courage politique. Ces hommes connaissent les dossiers sensibles, maîtrisent les circuits d’information, contrôlent des moyens humains et matériels considérables. Les remplacer représente toujours un risque.

Pourtant, maintenir des responsables qui ne respectent plus la chaîne hiérarchique présente des dangers encore plus grands. Cela envoie un signal négatif à l’ensemble de l’administration, encourage les comportements autonomes à tous les niveaux, affaiblit l’autorité de l’État.

En Centrafrique, cette crise d’autorité intervient dans un contexte déjà fragile. Le pays sort d’années de conflit, les institutions se reconstruisent difficilement, la confiance entre gouvernants et gouvernés reste difficile. Dans ce contexte, voir des responsables sécuritaires défier ouvertement le président complique encore la tâche de stabilisation.

L’enjeu dépasse les personnes de Mamadou et Zokoué. Il s’agit de savoir si le pouvoir civil peut encore exercer son contrôle sur l’appareil sécuritaire. Cette question fondamentale déterminera en grande partie l’avenir institutionnel du pays….

Source: Corbeau News Centrafrique

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