Africa-Press – CentrAfricaine. Bangui, CNC. Les rues de Bangui bruissent de mécontentement depuis une semaine. Les Fauves de Bas-Oubangui, l’équipe nationale de football centrafricaine, viennent d’essuyer une nouvelle défaite cuisante contre les Panthères du Gabon. Le score de 2-0 ne dit pas tout, mais c’est la manière qui choque les supporters.
“On dirait qu’ils jouaient les yeux bandés!”, s’exclame Parfait, boucher au grand marché du quartier Combattant. “Pas une seule occasion de but, ni en première mi-temps, ni en deuxième. C’est comme s’ils avaient oublié comment on joue au foot!”
Cette défaite ravive de vieilles blessures chez les amateurs du ballon rond centrafricain. Beaucoup évoquent une longue série de déceptions. “Un pas en avant, dix en arrière. C’est l’histoire de notre équipe”, soupire Marie, vendeuse de fruits au marché de Pétévo, dans le sixième arrondissement. “On leur fait confiance, et ils nous laissent tomber à chaque fois”.
Sur les réseaux sociaux, la frustration se transforme en colère. Certains internautes appellent à des mesures radicales: “Il faut tout recommencer à zéro!”, peut-on lire sur des postes sur la messagerie sociale WhatsApp. “Qu’on les envoie tous en prison à Birao, à 1000 km d’ici. Qu’ils réfléchissent à leur trahison pendant un an ou deux!”
Ces réactions extrêmes témoignent du désarroi d’une nation qui place tant d’espoir dans son équipe de football. Pour beaucoup, le sport est plus qu’un simple jeu – c’est une question de fierté nationale.
“Ils ont les mêmes pieds, les mêmes mains, la même tête que les autres joueurs africains. Pourquoi ne peuvent-ils pas faire aussi bien?”, s’interroge Uscul Mathieu, chauffeur de taxi. Cette question résume le sentiment d’incompréhension qui domine.
Certains supporters cherchent des explications. “C’est peut-être parce qu’ils n’ont pas reçu leur prime de match”, avance timidement un jeune étudiant. Mais cette excuse ne convainc pas la majorité. “Ça fait des années que ça dure”, rétorque un vieux monsieur. “Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de cœur!”
Le débat fait rage dans les quartiers et dans les caves, ces bars populaires où l’on refait le match. Faut-il vraiment tout recommencer? Donner leur chance aux jeunes? Changer d’entraîneur? Les avis divergent, mais tous s’accordent sur un point: il faut que ça change.
Cette défaite intervient dans un contexte délicat. Les éliminatoires pour la Coupe d’Afrique des Nations 2025 battent leur plein, et les espoirs de qualification s’amenuisent. Pour un pays qui n’a jamais participé à une phase finale de CAN, c’est un coup dur.
Au-delà du football, cette crise sportive affiche les attentes d’une nation en quête de reconnaissance. Dans un pays tourmenté par des années de conflit, le sport est vu comme un moyen de briller sur la scène internationale. Chaque défaite est ressentie comme un rappel douloureux des défis qui restent à surmonter.
Les autorités sportives restent silencieuses pour le moment. Mais la pression monte pour qu’elles prennent des mesures. Le retour des Fauves au pays s’annonce tendu. Les supporters attendent des explications, et surtout des solutions.
En attendant, les Centrafricains se consolent comme ils peuvent. “Au moins, on n’a pas perdu 7-0 comme contre le Maroc l’année dernière”, plaisante amèrement un supporter. L’humour comme dernier rempart contre le désespoir.
L’avenir des Fauves de Bas-Oubangui est incertain. Une chose est sûre: les prochains matches seront scrutés de près. La patience des supporters a des limites, et cette défaite contre le Gabon pourrait bien être celle de trop. Le football centrafricain est à la croisée des chemins. Saura-t-il se réinventer pour enfin répondre aux attentes de tout un peuple? L’histoire reste à écrire.
Source: Corbeau News Centrafrique
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press