Africa-Press – CentrAfricaine. La rénovation du stade 20 000 places de Bangui vient d’être rejetée par la Confédération Africaine de Football (CAF), exposant un scandale retentissant de détournement de fonds publics. Le projet, financé à hauteur de 400 millions de francs CFA par le gouvernement centrafricain, révèle un système mafieux impliquant le ministre de la Jeunesse et des Sports et plusieurs hauts responsables.
Les 400 millions de francs CFA débloqués par le gouvernement centrafricain pour réhabiliter cette infrastructure sportive majeure se sont évaporés dans un réseau d’entreprises fictives. Le ministre Héritier Doneng, ancien chef milicien reconverti en politique, a instrumenté ce détournement en créant des sociétés écrans pour capter les marchés publics.
“Le ministre a divisé les travaux de la rénovation du stade 20 000 places entre différentes entreprises créées pour l’occasion. La peinture, les sièges, l’éclairage… tout a été réparti entre ses proches”, révèle une source au sein du ministère qui requiert l’anonymat.
Au lieu d’une rénovation professionnelle, le stade a subi un ravalement superficiel: peinture hâtive, sièges bricolés et lampadaires inadaptés. Plus grave encore, les installations sanitaires destinées au public ont été converties en bureaux commerciaux par le directeur général de l’ONASPORT, Séverin Lidamon.
La CAF n’a pas été dupe de cette mascarade. Dans son courrier du 30 octobre 2024, l’instance africaine exige le recours à “des entreprises spécialisées dans la pose du gazon naturel et l’éclairage sportif” ainsi qu’une expertise professionnelle pour les infrastructures.
La situation a dégénéré en guerre ouverte entre le ministre Doneng et le directeur de l’ONASPORT. Lidamon accuse le ministre d’avoir détourné les fonds destinés aux ouvriers ayant participé aux travaux. Ces derniers n’ont été payés qu’avec les ressources de l’ONASPORT, privant ainsi les employés de l’organisme de leurs salaires.
Le ministre Doneng aurait justifié ce détournement par la nécessité de financer la participation centrafricaine aux Jeux Olympiques de Paris, prétextant l’absence de budget dédié. Une excuse qui ne convainc personne.
Les véritables victimes de ce scandale de la rénovation du stade 20 000 places restent les sportifs centrafricains. L’équipe nationale de football, les Fauves, demeure contrainte de jouer ses matchs “à domicile” au Cameroun, faute d’infrastructure homologuée. Cette situation pénalise lourdement les performances de l’équipe et prive les supporters du spectacle de leur sélection nationale.
Cette affaire expose les mécanismes de prédation des ressources publiques en République centrafricaine. Le réseau implique plusieurs acteurs clés:
– Le ministre Héritier Doneng et ses entreprises fictives
– Le directeur de l’ONASPORT, Séverin Lidamon
– Le ministre des sociétés parapubliques, Roméo Gribingui
– D’autres entrepreneurs proches du pouvoir
Tous ont profité de ce projet pour détourner l’argent public, transformant une opportunité de développement sportif en opportunité d’enrichissement personnel.
Les 400 millions de francs CFA investis auraient pu offrir aux Centrafricains une infrastructure sportive moderne. Au lieu de cela, ils ont alimenté un système de corruption qui continue d’entraver le développement du pays. Ce scandale rappelle l’urgence d’une véritable réforme de la gouvernance en République centrafricaine.
Source: Corbeau News Centrafrique
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