
Africa-Press – CentrAfricaine. D’un côté, il y a les beaux discours : la France se présente dans ses priorités pour les pays en développement, comme le grand défenseur de l’agroécologie, du climat et de l’agriculture familiale.
Mais de l’autre, il y a les faits : en dix ans, près d’un quart (24 %) des financements réalisés par les institutions françaises ont été orientés vers le développement de l’agro-industrie. C’est presque deux fois plus que ses engagements en faveur de l’agroécologie (seulement 13 % de ses financements).
Avec l’aide du Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic), nos trois organisations – Action contre la faim, Oxfam, Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD)-Terre solidaire – ont réalisé une étude qui constitue une première mondiale.
Nous avons analysé sur dix ans l’ensemble des financements agricoles publics de la France à destination des pays en développement : les dons, les prêts, les investissements et les garanties portés par l’Agence française de développement (AFD), sa filiale financière Proparco, cinq ministères et Bpifrance ; 2 513 projets représentant 5,8 milliards d’euros de soutiens financiers ont été passés au crible sur la période 2009-2018.
Production intensive de tomates
Les résultats sont édifiants : seulement 19 % des soutiens financiers français affichent une volonté de réduction de la pauvreté, 4,7 % évoquent les enjeux climatiques et 10,9 % soutiennent l’agriculture familiale. On découvre ainsi que la totalité des garanties apportées par Bpifrance et plus de 70 % des investissements de Proparco concernent des projets agro-industriels.
Le soutien apporté par la France à Feronia PHC, une société d’huile de palme opérant en RDC, est un cas d’école en matière d’opacité financière sur fonds d’accaparement des terres et de violation des droits des travailleurs
L’Agence française de développement se montre nettement plus volontariste : près de 28 % de ses engagements sont orientés vers des projets agroécologiques. Mais son action manque de transparence : nous ne disposons d’aucune information sur plus d’un tiers de ses projets.
Ce manque de transparence est une constante chez l’écrasante majorité des institutions étudiées dans le rapport. De ce point de vue, le soutien apporté depuis 2012 par la France à Feronia PHC, une société d’huile de palme opérant en République démocratique du Congo, est un cas d’école en matière d’opacité et d’intermédiation financière sur fonds de paradis fiscaux, d’accaparement des terres et de violation des droits des travailleurs.
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