Arrêter de Fumer Rend Douillet Au Début

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Arrêter de Fumer Rend Douillet Au Début
Arrêter de Fumer Rend Douillet Au Début

Africa-Press – CentrAfricaine. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs études avaient montré que les personnes ayant arrêté de fumer avant une opération chirurgicale semblaient avoir besoin de plus d’antidouleurs lors de la période post-opératoire que des patients non-fumeurs. Par ailleurs, d’autres travaux menés sur des animaux démontraient que le sevrage de la nicotine déclenchait une augmentation de l’hyperalgie, la sensibilité à la douleur.

Il semblait donc se passer quelque chose au niveau du système nerveux liant les nocicepteurs (les récepteurs sensoriels responsables de la perception de la douleur) et la nicotine. Ce qui en soi ne semblait pas si surprenant que cela étant donné que sont connus depuis des décennies les effets pharmacologiques de la substance qui agit en se fixant aux récepteurs nicotiniques du cerveau, entrainant ainsi la dépendance au tabac.

Pour autant, il n’existait pas de preuves en neuro-imagerie sur l’être humain démontrant que le sevrage nicotinique a un effet sur l’hyperalgie.

Des altérations spécifiques du cerveau chez les ex-fumeurs

Une équipe de médecins chinois de l’hôpital de chirurgie hépatobiliaire et de l’hôpital Minhang de l’Université Fudan, tous deux à Shanghai, a enrôlé 60 patients prévus pour subir une chirurgie afin de les soulager de leurs tumeurs au foie. La moitié d’entre eux ne fumait pas. L’autre avait arrêté en vue de l’opération. L’étude est publiée dans la revue The Journal of Neuroscience.

Les scientifiques ont pu démontrer qu’après l’opération, les 30 patients abstinents présentaient bien des altérations spécifiques de certaines régions du cerveau impliquées dans la sensibilité à la douleur qui avaient nécessité plus d’antidouleurs et particulièrement des opioïdes, comparés aux patients non-fumeurs. Et plus la durée de leur abstinence avait été longue, plus ils apparaissaient sensibles à la douleur. Toutefois, selon des travaux antérieurs, il semble que cette hyperalgie s’estompe et retombe à des niveaux normaux passés trois mois sans tabac.

Corrélation n’est pas causalité

Attention, les auteurs de l’étude ne souhaitent absolument pas décourager les fumeurs d’arrêter de fumer avant une opération chirurgicale tant cette mauvaise habitude s’accompagne d’un cortège de complications post-opératoires comme une mauvaise cicatrisation, des infections tissulaires et des dysfonctionnements respiratoires.

Les chercheurs ont noté plusieurs limitations à leur étude. Premièrement, seuls des hommes ont été enrôlés pour ne pas fausser les résultats étant donné que les deux sexes réagissent différemment à la douleur. Ils suggèrent donc que des futures études se penchent également sur l’hyperalgie féminine en lien avec le sevrage nicotinique. Ensuite, leur étude étant uniquement observationnelle, elle montre une corrélation entre les deux phénomènes, mais pas nécessairement une causalité que des recherches plus approfondies devraient se charger de mettre en lumière. Ceci afin de développer des stratégies thérapeutiques dans le but de limiter l’emploi d’analgésiques forts comme les opioïdes chez des patients ayant cessé de fumer en vue d’une chirurgie.

Car, ce serait une cruelle ironie que d’avoir incité des patients à quitter une addiction pour les plonger dans une autre…

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