Africa-Press – CentrAfricaine. L’absence totale d’électricité et de médias à Cantonnier, ville frontalière située à plus de 600 km de Bangui, révèle l’ampleur de l’isolement et du sous-développement qui frappent de nombreuses localités centrafricaines. Cette situation alarmante persiste malgré les promesses gouvernementales et les financements internationaux censés y remédier.
Cantonnier, une ville frontalière stratégique d’entrée vers le Cameroun, reste paradoxalement privée des infrastructures les plus élémentaires. “Cantonnier est isolé et pourtant nous sommes à la frontière. Nous sommes à la frontière où tout le monde doit être éveillé, informé”, déplore Robert Souma, président du conseil paroissial de l’église catholique de Cantonnier.
L’obscurité règne dès la tombée de la nuit, à l’exception de quelques commerces équipés de groupes électrogènes. Les services publics, y compris les douanes, fonctionnent de manière intermittente selon la disponibilité de carburant.
Le gouvernement avait annoncé en grande pompe l’installation de panneaux solaires financés par la Banque mondiale pour électrifier la ville. “Des mensonges, pires mensonges”, fustige notre source locale. En réalité, l’électricité n’est fournie que lors des visites officielles, laissant le reste du temps la population “dans le noir, chaque jour”.
Cette situation n’est pas propre à Cantonnier, une ville frontalière . “Au nord, au sud, à l’ouest, partout dans le pays, c’est comme ça. A Bambari, c’est comme ça, à Berberati, pire, à Bouar, pire, même ailleurs“, constate amèrement notre informateur.
L’absence de stations radio et de surcroit de télévision prive les habitants de Cantonnier, une ville frontalière, d’accès à l’information. “La radio, c’est la source d’information. Mais si nous n’avons pas cet appareil qui doit vraiment chercher à nous édifier, à nous informer, vraiment, je pense que c’est un manque à gagner pour notre localité”, explique Robert Souma.
Cette situation s’avère particulièrement problématique à l’approche des élections locales. “Un candidat qu’on doit choisir, c’est à travers la radio, à travers l’information, qu’on doit connaître au moins la biographie de notre candidat devant nous, qu’on doit vraiment le voter”, souligne le responsable religieux.
Face à ce constat accablant à Cantonnier, une ville frontalière , Robert Souma lance un appel au gouvernement: “Mon souhait vraiment est que le gouvernement pense à Cantonnier. Cantonnier, vraiment, ça gorge beaucoup de populations. C’est une grande localité qui est face à face avec le Cameroun”.
Il insiste sur l’urgence d’apporter l’électricité et la radio, soulignant le potentiel de création d’emplois pour la jeunesse locale. “Autant, de l’autre côté du Cameroun, en face de nous ici, il y a vraiment la lumière, il y a l’électricité à tout moment et en permanence. Et de l’autre côté, ici, chez nous, vraiment, il n’y a pas cette électricité là, vraiment, ça fait mal”, conclut-il.
Le cas de Cantonnier n’est malheureusement pas isolé. Il expose au grand jour l’échec des politiques de développement et d’aménagement du territoire en République centrafricaine. Malgré les financements internationaux, de nombreuses villes restent privées des infrastructures les plus basiques, hypothéquant gravement leur avenir.
Source: Corbeau News Centrafrique
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