Africa-Press – Comores. Le Fokker-50 de R Komor a fait une sortie de piste dimanche matin à l’aéroport de Mohéli lors du décollage, faisant plusieurs blessés. Un accident pour le moins prévisible au regard des multiples déboires dont a fait l’objet le même appareil ces derniers mois.
Le plus grand appareil exploité par la compagnie R Komor, un Fokker 50, a fait une spectaculaire sortie de piste dimanche en début de matinée à l’aéroport de Bandar es Salam à Mohéli. D’après les autorités, l’appareil avait transporté à son bord « 51 passagers, 2 bébés et 5 membres d’équipage ». « Selon les informations des services sanitaires, on ne déplore aucun mort et on compte cinq blessés dont un grièvement (fracture du tibia, Ndlr) », souligne le ministère des transports dans son communiqué sorti dans l’après-midi du dimanche.
Si les autorités se gardent de dire un mot sur les éventuelles causes, ce témoignage d’un passager permet de lever un coin du voile sur un accident qui aurait pu tourner au drame: « Nous avons embarqué à bord. L’avion a emprunté le taxiway à petite allure jusqu’au seuil de la piste. De là, il s’est élancé. J’ai constaté que l’avion n’avait toujours pas atteint sa vitesse de croisière alors qu’il avait déjà dévalé la moitié de la piste et entamé le décollage, notamment avec les trains avant. Et tout de suite après, il a brutalement chuté. Le choc a fait exploser un pneu. Ou deux. Je ne sais trop. On sent alors des secousses très fortes, comme si on roulait sur des nids-de-poule. On a terminé dans les buissons ».
Cet accident est loin d’être un cas isolé pour R Komor. Le même Fokker-50 a fait l’objet de plusieurs incidents graves ces derniers mois. La dernière en date, une sortie de piste à l’aéroport de Ouani à Anjouan après la crevaison d’un pneu. L’incident n’avait fait aucun blessé. Un autre avion, un Let 410 de la même compagnie a eu son moteur qui s’est arrêté de tourner au moment de l’atterrissage, à la mi-mai toujours à Anjouan. L’aéronef est contraint de faire demi-tour pour un atterrissage d’urgence à Hahaya. Fin avril, l’aviation civile avait interdit de vol le Fokker-50, exigeant des travaux de maintenance supplémentaires notamment au niveau du moteur, et ce sur recommandation du constructeur. Mais les pressions politiques ont eu raison du gendarme de l’aviation comme le regrette ce technicien de l’Anacm: « Nous estimons que nous avons fait de notre mieux. Maintenant, c’est aux politiques d’endosser la responsabilité de ce qui vient de se passer. Ils ne diront pas qu’ils n’étaient pas prévenus ».
Dimanche, dans la foulée de l’accident, le patron de R Komor, Shemir Kamoula, a dit être en attente des résultats des premières enquêtes de ses techniciens pour se prononcer. « Nos services techniques, avec l’Anacm, sont en train de voir si c’est une erreur qui vient de chez nous ou de la piste. Pour l’instant on ne peut incriminer personne ». L’homme d’affaires assure au passage que les passagers ont « [son] soutien et celui de R Komor ». « On va les soutenir. Et par la suite on verra ce qui s’est réellement passé ».
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