Africa-Press – Comores. Après une garde à vue qui aura duré près de 48h, le leader du parti Orange est placé sous mandat de dépôt à la prison de Moroni, jeudi 2 mai. Il lui est reproché de « mise en danger d’un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions » entre autres.
Une douche froide pour l’opposition en général et les partisans du parti Orange en particulier. Alors qu’il était parti déposer plainte à la gendarmerie pour avoir été « suivi » par des agent du service de renseignement, l’ancien ministre de l’intérieur d’Azali entre 2016 et 2021 s’est vu signifier une garde à vue cette nuit du mardi 30 avril. Dans un premier temps, il lui était reproché d’avoir « séquestré un agent de la force publique et de lui avoir volé son matériel de travail ». Mais une fois devant le juge d’instruction, c’est une ribambelle de chefs d’accusation que Mohamed Daoudou alias Kiki, puisqu’il s’agit de lui, a quitté le palais de justice en direction de la prison de Moroni.
Il est en effet reproché de « mise en danger d’un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions ; violence et séquestration d’un agent de la force publique ; vol du matériel de l’agent et confiscation du matériel ». Le mardi 30 avril, le candidat malheureux à la présidentielle de janvier dernier s’est rapproché des hommes qu’il affirme le suivre « depuis trois jours ». Selon le procureur de la République de Moroni, l’ancien ministre « avait crié plus fort que cet agent était un voleur alors qu’il savait très bien en sa qualité d’ex ministre de l’intérieur qu’il s’agissait d’un agent de la force publique qui était dans l’exercice de ses fonctions ».
Le parquetier poursuit dans son communiqué qu’« après avoir crié, les habitants du quartier Sahara étaient sortis dehors à la recherche du voleur [présumé] pour l’agresser. Suivant la situation l’agent s’est trouvé dans l’obligation de courir pour se sauver. L’agent est attrapé par la clameur publique et il est agressé et sous les ordres de Mohamed Daoudou. On l’avait séquestré dans une maison et on lui avait volé et confisqué son matériel de travail (un appareil photo, Ndlr) ».
Comme si cette affaire ne suffisait pas pour jeter en prison un opposant gênant, le juge d’instruction a ouvert un second dossier, celui relatif à l’investiture d’Azali Assoumani le 26 mai. Laquelle investiture le leader du parti Orange s’apprêterait à empêcher. Sur ce sujet précis il est inculpé pour « propagande, déclaration et appel à un soulèvement populaire ; appel à la désobéissance aux lois du pays et le discrédit des instructions publiques et de leur fonctionnement ; incitation à la violence ; troubles graves à l’ordre public ». « Il y avait déjà une enquête qui était à la brigade de recherches de Moroni où il est visé parmi les personnes qui font de la propagande en faisant appel à la population à se soulever pour contester les résultats définitifs proclamés par la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême suite aux élections du président de l’Union et des gouverneurs », note encore le magistrat dans le document distribué à la presse.
Kiki comme l’ensemble des candidats de l’opposition n’a pas reconnu la victoire d’Azali Assoumani à la présidentielle du 14 janvier. La Cour suprême a déclaré le candidat à sa succession réélu dès le premier tour avec plus de 57%. Il a été débouté après un recours déposé près la haute juridiction pour l’annulation desdits résultats. Devenu depuis une figure médiatique de l’opposition, Kiki a toujours affirmé dans ses déclarations qu’il y aura « plusieurs investitures » le 26 mai.
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