Africa-Press – Comores. En 2024, l’île de Mohéli a enregistré un nombre record de cas importés de paludisme, avec 363 infections confirmées, soit le plus haut niveau observé depuis 17 ans. Face à cette situation préoccupante, les autorités sanitaires ont réuni ce mardi 11 mars, la gendarmerie, la police et la mairie de Fomboni au CHRI de Fomboni afin d’analyser la situation et de définir des mesures adaptées.
Alors qu’en 2022 seulement 45 cas étaient recensés, un chiffre qui est passé à 80 en 2023, l’année 2024 a vu une hausse exponentielle des infections, toutes importées. Ainsi, les 8 et 9 février, neuf nouvelles infections ont été signalées dans un même quartier de Ndrodroni, dans la région de Mledjélé. Parmi ces cas, l’un a été qualifié d’ « induit », indiquant une transmission locale à partir d’un cas primaire. Bien qu’aucun cas autochtone n’ait été enregistré à ce jour, les responsables sanitaires tirent la sonnette d’alarme. Contrairement aux autres îles de l’archipel, Mohéli héberge six espèces distinctes d’Anophèles, présentes dans tous les villages et tout au long de l’année. Les conditions écologiques de l’île favorisent d’ailleurs le développement de ce moustique, vecteur du parasite responsable du paludisme. À Anjouan, seule la région de Pomoni est concernée par la présence de cette espèce, tandis qu’à Grande Comore, le moustique vecteur se retrouve principalement dans les citernes sous une forme spécifique.
L’absence d’un service dédié à la lutte antivectorielle sur l’île, conjuguée à une distribution irrégulière des intrants de surveillance, fragilise le contrôle aux points d’entrée et aggrave la situation. L’urgence est désormais de mise. Par ailleurs, une part de responsabilité est également attribuée à l’île de Grande Comore, où une partie de la population refuse de participer aux campagnes de traitement de masse, compromettant ainsi leur efficacité. Les opérations menées en 2014, 2018 et 2022 se sont soldées par des résultats décevants, et la dernière intervention réalisée à Moroni en décembre 2024 a également été jugée insatisfaisante.
Face à cette menace croissante, les autorités de Mohéli prévoient de renforcer les actions de sensibilisation auprès des communautés, ainsi que la surveillance entomologique et épidémiologique au niveau local, dans les structures sanitaires et aux points d’entrée de l’île. Un renforcement de la prise en charge des cas est aussi envisagé pour contenir au mieux cette résurgence inquiétante du paludisme.
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