Africa-Press – Comores. Face à la centralisation de la fête nationale à Moroni, des associations de Mohéli ont uni leurs forces pour organiser une semaine d’activités commémoratives. Une initiative citoyenne marquée par la ferveur patriotique et le manque criant de moyens.
Le 6 juillet 1975, les Comores accédaient à l’indépendance. Cinquante ans plus tard, la célébration officielle reste fortement centralisée à Moroni, suscitant frustration et déception dans les autres îles. À Mohéli, une coalition d’associations locales a décidé de reprendre en main cette mémoire nationale pour l’inscrire dans le quotidien de la jeunesse. Portée par l’Union des Associations – qui regroupe notamment MAJ d’ASCOBEF, FCAS, Ngo’shawo – avec le soutien de l’Alliance Française de Fomboni, l’initiative a vu le jour malgré des moyens limités. Grâce à une mobilisation exemplaire, des collectes de fonds et des quêtes ont permis de mettre sur pied une semaine entière d’activités.
Lancée le 2 juillet, la programmation comprend plus d’une vingtaine d’événements: concours d’élégance, tournois, concours de coran, slam, poésie, nettoyage, etc. Un éventail d’animations pensées pour mêler culture, engagement citoyen et mémoire historique mais aussi une foire de deux jours aux abords de la place de l’indépendance. « Ce n’est pas seulement une fête. C’est un devoir de transmission. La jeunesse doit se souvenir de cette date fondatrice », explique Younoussa Saïd Ali, président de l’Union des Associations. Il rappelle aussi que cette célébration est l’occasion de sensibiliser sur des enjeux actuels, comme la pollution plastique. « Nos mers souffrent, les poissons avalent les déchets, les coraux meurent… Cela nous concerne tous. »
La cérémonie a été clôturée dans une ambiance festive avec la participation de plusieurs artistes locaux. Les organisateurs avaient appelé la population à se mobiliser pour faire de cette fête un moment fort, au-delà des réseaux sociaux et des discours officiels, chose faite. Amine Ymadoudine, citoyen engagé, en appelle à la décentralisation de l’événement. « Ce serait un honneur que le président et le gouvernement se déplacent à Mohéli ou Anjouan. L’indépendance concerne toutes les îles, pas uniquement Ngazidja. ». Au-delà de la fête, ces célébrations témoignent d’une volonté profonde: celle de réappropriation populaire de l’histoire comorienne. Un signal fort adressé aux autorités, mais aussi un bel exemple de résilience citoyenne.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Comores, suivez Africa-Press
